Pour Joan Tremblay, présidente du Collectif et personne en situation de pauvreté, le 17 octobre 2012 n’est pas une journée ordinaire. « Il pourrait être la première journée d’une nouvelle histoire, où la solidarité serait source de fierté. Mais il reste beaucoup à faire ! » D’autres mouvements sociaux profitent justement de cette occasion pour afficher leur solidarité et réitérer leur engagement à éliminer la pauvreté.
Pour Michèle Audette, présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC), « il est triste de constater que les femmes autochtones de ce territoire soient encore les plus touchées par l’extrême pauvreté, la violence et la discrimination systémique. Nous avons une force, une volonté et une détermination incroyables pour nous sortir de ce cercle vicieux ! Nous avons les solutions à ce mal de vivre, alors j’invite le gouvernement Marois, le gouvernement fédéral et la société civile à collaborer avec nous ! Ne fermez pas les yeux sur cette crise nationale ! »
Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), considère que « d’un point de vue féministe, la solidarité, ça signifie s’assurer que les femmes n’arrivent pas à la retraite avec 66 % des revenus des hommes. Les femmes sont pénalisées du fait qu’elles assument des tâches gratuites pour la famille et la communauté et parce qu’elles subissent, de surcroît, de la discrimination dans le domaine du travail [précarité, salaire, reconnaissance des compétences, embauche et avancement]. Cela a un impact tout au long de leur vie et lors de la retraite ».
Pour sa part, Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), constate qu’« il existe un lien étroit entre la santé et la pauvreté. Il est vrai que la pauvreté peut résulter de conditions défavorables, comme un mauvais état de santé, mais elle engendre également un cercle vicieux puisqu’elle restreint l’accès à de nombreuses ressources. En ce sens, il est primordial d’agir en amont, en adoptant une approche préventive. En éradiquant la pauvreté, on cherche à sortir une partie de la population d’une situation précaire et à la rendre moins vulnérable face à la maladie. Nous devons, en tant que société, avoir le courage de nos convictions et nous attaquer dès maintenant à ce fléau. Ainsi, nous travaillons ensemble à améliorer l’état de santé de la population et, par le fait même, celui de notre réseau public de santé ! »
Par ailleurs, selon Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) « les étudiants, qui doivent composer avec des horaires difficiles de conciliation travail-étude-famille, vivent souvent sous le seuil de la pauvreté. Ils doivent composer avec des emplois atypiques, au salaire minimum, qui les forcent à faire des choix difficiles entre la poursuite des études ou la survie financière. Et après, on ira leur dire que c’est à eux de faire leur juste part ! »
En cette journée où des milliers de personnes se mobilisent un peu partout au Québec, il faut également rappeler que des dizaines de milliers de personnes travaillent ou s’impliquent au quotidien dans les groupes communautaires, les hôpitaux, les soupes populaires, les groupes d’entraide, etc. Un travail colossal empreint de générosité et de solidarité.
« La solidarité au Québec est manifeste. Notre engagement dans la lutte contre les effets de la pauvreté nous fait toutefois oublier que les véritables solutions sont politiques. Et donc, que l’élimination de la pauvreté reste essentiellement une question de choix. Le Québec est mûr pour des transformations profondes. Il est fin prêt pour une histoire de justice et d’égalité. Pour une histoire de fierté, de solidarité et d’engagement », d’affirmer Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif.
Le Collectif profite de cette journée pour interpeler la nouvelle ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Madame Agnès Maltais. « Le Collectif l’invite à faire preuve d’audace, pour faire en sorte que des mesures structurantes visant à réduire les inégalités, à lutter contre les préjugés et à éliminer la pauvreté soient mises en place prochainement », d’ajouter M. Petitclerc.
Les dernières années ont montré que les préjugés constituent le principal obstacle dans la recherche d’un consensus social fort pour mettre fin à la pauvreté. « Près de dix ans après l’adoption de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, il est grand temps qu’un large débat public ait lieu », de conclure M. Petitclerc.