Quand on prend acte des multiples actions et déclarations de Jacques Parizeau , et qui plus est, parmi les plus récentes, force est de constater que le bras droit de René Lévesque était à son image, un grand social-démocrate ; ce qui le situe nettement à gauche du spectre politique. À gauche, puisque, même s’il avait été un des instigateurs du « Traité de libre-échange », Jacques Parizeau, avait publiquement fait son mea culpa et remis en doute sa décision le soir même de la fondation de Québec Solidaire en février 2006, en commentant l’événement à Radio-Canada.
Parizeau s’était aussi carrément placé du côté des solidaires, lorsqu’il avait qualifié de manière cinglante de « déclinologues » les lucides du « Manifeste pour un Québec lucide » lancé par Lucien Bouchard, dans son livre « La Souveraineté du Québec » publié en 2009. Tout comme il avait préconisé la nationalisation des banques à « Tout le monde en parle » en 2008 ; un autre point de convergence de Jacques Parizeau avec le programme de Québec Solidaire.
Encore récemment, l’ancien premier ministre critiquait sévèrement l’épouvantail de la dette nationale pour justifier les politiques démagogiques d’austérité adoptées autant par le Parti québécois que par le Parti libéral, et avait appuyé comme le propose Québec Solidaire dans son programme, la gratuité scolaire qu’il considérait lui aussi comme « réaliste » dans les pages mêmes du Devoir du 12 février 2013. (2)
De plus, dans la dernière entrevue de sa vie accordée à Michel Lacombe sur les ondes de la radio publique (3), Jacques Parizeau avait, tout comme les Michel Chartrand et Léo-Paul Lauzon et Cie, vertement dénoncé la soumission béate de nos gouvernements face aux agences de notation Moodys’ et Standard & Poor’s ; sans compter la manière aussi cavalière qu’indécente dont nos aînés sont abandonnés à eux-mêmes et négligés par l’État.
Dans son texte fort éloquent, qui n’a pas manqué de décocher plusieurs flèches sur les béni-oui-oui du parti de Pierre Karl Péladeau, devenu à toutes fins pratiques un parti à pensée unique ne radotant plus qu’une seule toquade, Michel David rappelle que Jacques Parizeau s’était même joint à la marche des femmes contre la pauvreté aux côtés de Françoise David en 1995, et qu’il avait agi en conséquence en instiguant la « Loi sur l’équité salariale » (4) et une autre, sur « La perception automatique des pensions alimentaires ». Sans compter que Jacques Parizeau avait de plus accordé la plus importante augmentation du salaire minimum jamais gagnée.
Il est donc clair, que malgré des origines feutrées, Jacques Parizeau était pourvu d’une grande conscience sociale ; d’autant plus, qu’il n’était plus membre du Parti québécois et qu’il était désormais en rupture avec les politiques néolibérales de son ancien parti.
Bref, au terme de sa vie, Jacques Parizeau nous aura quittés en étant beaucoup plus près des politiques sociale-démocrates de Québec Solidaire, que des politiques néolibérales du Parti québécois.
Qu’il repose en paix, c’est un repos plus que mérité.
Christian Montmarquette
Références :
1. « Le social-démocrate » - 4 juin 2015 |Michel David, Le Devoir :
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/441853/le-social-democrate
2. Universités - « La gratuité est réaliste, dit Jacques Parizeau » :
http://www.ledevoir.com/societe/education/370711/la-gratuite-est-realiste-dit-jacques-parizeau
3. « Dernière entrevue accordée par Jacques Parizeau » - Le lundi, 6 avril 2015 :
http://ici.radio-canada.ca/emissions/le_21e/2014-2015/chronique.asp?idchronique=368454
4. « Françoise David, Jacques Parizeau et les femmes » - Châtelaine - 3 juin. 2015 :
http://fr.chatelaine.com/societe/francoise-david-jacques-parizeau-et-les-femmes/