« Macron va-t-en ! » : en Inde, la population et les anti-nucléaires manifestent contre Paris. Le déplacement à New Delhi du banquier-président de ce 10 mars s’est déroulé un peu différemment de ce que les médias mainstream tentent de faire croire.
Ainsi si les médias et journaux ont dressé d’une seule voix les louanges de la grandiose visite en Inde du grand timonier Macron et de sa charmante femme, chef VRP d’une délégation de bifteakards avides de profits, ce sont bien le pipeau et la manipulation qui ont constitué la stratégie de propagande du pouvoir. Bien au delà des annonces hasardeuses de contrats mirifiques signés telle la vente supposée de six réacteurs nucléaires de type EPR à l’Inde « avant la fin de l’année ». Un dossier qui traîne en fait en longueur depuis plus d’une décennie.
Le projet initial avait été chiffré à près de 17 milliards de dollars (valeur 2009) et en novembre 2010, Anne Lauvergeon, alors PDG d’Areva, avait annoncé que le kilowatt-heure produit par la future centrale reviendrait à 4 roupies. Pipeau car en 2014, après plusieurs revirements de la part d’Areva, les gouvernements indien et français s’accordent sur un prix de... 6 roupies. 50% de plus ! Et ça ne s’arrête pas là : après la reprise des activités d’Areva en faillite par EDF en quasi-faillite le coût proposé par EDF est maintenant passé à 14 roupies ! Ça c’est de l’électricité pas chère !
La Nuclear power corporation of India (NPCIL) n’a finalement signé qu’un schéma industriel pour lequel d’ailleurs EDF, par la voix de son PDG, déclarait la semaine dernière ne plus vouloir lancer de nouveaux projets nucléaires à l’étranger. EDF se contenterait de jouer ici un rôle de "conseiller technique et ingenierie" mais lorsqu’on connaît l’incapacité à réaliser en France et en Finlande le moindre EPR, les indiens peuvent se faire du mouron. Comme dit un fin connaisseur du dossier : "la technologie EPR n’est pas encore effective".
L’Inde ce n’est pas la France : la responsabilité des nucléocrates en cas d’accident est intégrale et entière
Et ce n’est pas tout. La réglementation indienne est beaucoup moins laxiste que la française, notamment en matière de responsabilité des exploitants nucléaires en cas d’accidents. Si en France ils ne sont pas contraints d’indemniser les victimes en totalité en cas d’accidents nucléaire, en Inde ils doivent assumer pleinement leur responsabilités et ne pas reporter sur les contribuables et l’État leur fautes et manquements. Le "Civil Liability Nuclear Damage Act" de 2010 est l’une des lois les plus restrictives au monde découlant de la terrible catastrophe de Bhopal survenue en 1984. Elle vise à indemniser rapidement les victimes d’un accident nucléaire en reconnaissant la responsabilité intégrale des opérateurs directs ou des fournisseurs d’équipement en cas d’accident ou d’omissions de leur fait.
Certes la macronie inféodée aux financiers et à la nucléocratie nous a régalés d’images du Taj Mahal et des jeunes indiens enthousiastes devant les paroles du petit monarque tricolore. En bras de chemises - ça fait plus cool et conquérant - elle a tout fait surtout pour occulter une autre réalité bien tangible : l’opposition résolue d’une grande partie de la population indienne aux projets d’implantation nucléaire dans le pays.
Les habitants du village indien de Jaïpatur, dans l’Ouest du pays à 400 km au sud de Bombay, manifestent ainsi depuis des années contre le projet de centrale nucléaire que Paris, Areva initialement puis EDF aujourd’hui, veulent leur imposer. Sur une zone sismique quitte à faire verser le sang. Loin des selfies et des leçons de vie dispensées par l’occidental dominant, les Indiens n’ont pas tous accueilli le président français à bras ouvert.
« Macron go back ! Scrap Jaitapur nuclear power project ! » (« Macron va-t-en ! Abandonne le projet de centrale nucléaire à Jaitapur ! ») étaient brandis sur les panneaux des habitants soutenus par l’organisation "Dianuke" qui lutte en Inde contre le fléau et la mort nucléaire. Déjà en 2013 six conférences sur le nucléaire qui devaient avoir lieu dans des centres de l’Alliance française en Inde avaient été annulées après que l’Ambassade de France et Areva aient jugés le sujet... « trop sensible. »
Un message, un commentaire ?