« Ces travailleurs ont été exploités dès le départ », mentionne Viviana Medina Velazquez, une organisatrice communautaire du CTI. « Plusieurs d’entre eux devaient déjà de l’argent aux recruteurs dans leurs pays d’origine, ils sont donc venus ici pour travailler et n’avaient d’autres choix que de subir des conditions de quasi-esclavage pour payer leurs dettes et nourrir leurs familles restées au Guatemala. »
C’est précisément l’histoire d’un des 14 travailleurs arrêtés et détenus. Juan Godoy Enriquez a contracté une dette pour payer un recruteur dans sa ville de résidence au Guatemala afin de s’assurer de trouver un emploi au Canada. Alors qu’il travaillait dans une ferme des Cantons de l’Est, Juan s’est fait promettre par Les progrès Inc. un permis de travail dans les normes, de meilleures conditions de travail et un meilleur salaire.
« Mon fils reçoit des traitements pour une blessure sévère à la tête, en ce moment au Guatemala, et, avec mes dettes, je devais m’assurer que je continuais à avoir un revenu pour transférer de l’argent à la maison, » explique Enriquez. « L’agence a conservé nos documents, nous avons signé un contrat et ils nous ont promis que tout était légal, j’ai donc commencé à travailler pour eux en ne comprenant pas l’étendue de la situation. Qu’est-ce qu’un père désespéré peut faire ? »
Le centre a envoyé une lettre à la CNESST pour dénoncer le traitement et les pratiques de l’agence et des précédents employeurs des travailleurs. « Ce qui est important pour le moment, c’est que les travailleurs obtiennent justice en tant que victimes d’exploitation », mentionne Mukala Kaseka, une des membres du conseil d’administration du CTI. « Autant le gouvernement fédéral que le gouvernement provincial ont a porté attention à cette confusion causée par des politiques et des lois défaillantes incapables de protéger les droits et qui tendent à punir les victimes. Nous ne pouvons maintenir ce système d’exploitation. »
David Bachand ou Noé Arteaga