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Il n’y a pas que les abeilles : une étude quantifie les dégâts massifs des pesticides sur la microfaune souterraine

Pour la première fois, l’impact des pesticides sur les organismes vivant sous terre – vers de terre, fourmis, coléoptères et abeilles pollinisatrices solitaires – a été analysé.

photo et article tirés de NPA 29

La « microfaune » souterraine, comme les vers de terre et les coléoptères, est indispensable au maintien de la santé des sols et constitue la base de la vie sur terre, mais elle subit des dommages massifs du fait des pesticides utilisés dans l’agriculture, selon une étude scientifique pionnière sur le sujet.

Les chercheurs ont analysé les données de 394 études scientifiques, l’une des plus grandes revues à ce jour sur l’impact des pesticides agricoles sur la biodiversité, et ont constaté que dans 70,5 % des cas, les insecticides, herbicides ou fongicides causent des dommages collatéraux à ces invertébrés.

Il existait déjà d’autres preuves de l’effet néfaste du cocktail de produits chimiques utilisés pour combattre les parasites dans l’agriculture sur les abeilles et autres insectes, même au-delà des champs de culture.

Mais cette nouvelle étude, publiée dans la revue Frontiers in Environmental Sciences, examine pour la première fois dans son ensemble leur impact sur les organismes qui vivent sous terre – comme les vers de terre, les fourmis, les coléoptères et les abeilles pollinisatrices solitaires.

« Sous la surface des champs couverts de monocultures comme le maïs et le soja, les pesticides agricoles détruisent les fondements mêmes de la toile de la vie », a déclaré Nathan Donley, l’un des scientifiques qui ont cosigné l’étude, dans un communiqué.

Selon les données de la FAO, l’agence alimentaire des Nations unies, les sols contiennent 25 % de la biodiversité de la planète. Ces petits organismes sont à la base de la chaîne de recyclage des nutriments de la nature, car ils décomposent et incorporent les plantes et les animaux morts dans le sol.

« La biodiversité des sols est fondamentale pour nous, car elle maintient la fertilité, nous aide à atténuer le changement climatique, décompose nos déchets organiques, nous fournit des médicaments et régule la production alimentaire », explique Fernando Maestre, chercheur à l’université d’Alicante. « Sans ces organismes, il n’y aurait pas de vie sur terre telle que nous la connaissons aujourd’hui ».

Les auteurs de la recherche, de l’Université du Maryland, du Center for Biological Diversity et de Friends of the Earth – deux ONG environnementales, se concentrent sur le cas des États-Unis et critiquent le faible contrôle de l’utilisation et des effets des pesticides agricoles.

Ils critiquent, par exemple, le fait que l’EPA – l’agence américaine de protection de l’environne-ment – utilise une espèce qui passe toute sa vie en surface, l’abeille domestique, pour analyser le risque que représentent ces produits chimiques pour les micro-organismes du sol.

Toutefois, selon les résultats de l’article, « les effets négatifs sont évidents dans les études de laboratoire et de terrain, pour toutes les classes de pesticides testées, parmi une grande variété d’organismes et de critères du sol ».

Les chercheurs ont compilé 2 800 cas spécifiques d’analyse, dans lesquels un impact particulier d’un pesticide – par exemple, la mortalité, l’abondance ou l’altération de la croissance – avait été étudié sur un organisme particulier : des effets négatifs ont été constatés dans 70,5 % des cas.

Les chercheurs appellent à un changement pour protéger la biodiversité des sols. « Nos résultats soulignent la nécessité de mettre en place des politiques qui aident les agriculteurs à adopter des méthodes d’agriculture écologiques, qui permettent à la biodiversité de s’épanouir à la fois sous terre et en surface », a déclaré la chercheuse Aditi Dubey de l’université du Maryland.

Au niveau européen, Bruxelles a présenté il y a un an une stratégie visant à réduire de 50 % l’utilisation de ces substances dans l’agriculture d’ici 2030, dans le cadre du paquet de mesures du Pacte vert européen.

Il s’agit d’un objectif ambitieux – bien que non contraignant pour l’instant – qui a mis le lobby de l’agroalimentaire sur le sentier de la guerre, selon les recherches de l’ONG Corporate Observatory Europe.

Guillermo Prudencio 13 mai 2021

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Mots-clés : Planète

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