« En maintenant le salaire minimum sous les 15$ de l’heure, l’État québécois subventionne indirectement certaines entreprises. Comme elles ne payent pas leurs employé·e·s un salaire qui leur permet de se sortir de la pauvreté, l’État doit compenser par des mesures de soutien du revenu, comme la prestation fiscale fédérale pour le revenu gagné ou la prime au travail du Québec. En ajustant le salaire à 15 $ de l’heure, c’est près de 295 millions de moins que les gouvernements devraient verser en soutien du revenu », affirme Pierre-Antoine Harvey, chercheur-associé à l’IRIS et co-auteur de la note.
« Les groupes patronaux affirment qu’il n’est pas du rôle de l’entreprise de s’assurer que ses salarié·e·s s’élèvent au-dessus du seuil de pauvreté, que ce serait la responsabilité de l’État de pallier l’insuffisance des salaires. Or, dans ce domaine, le Québec est la province la plus généreuse du Canada. Déjà, pour un couple au salaire minimum avec deux enfants, c’est 34 % de leur revenu disponible qui provient du soutien gouvernemental. De plus, les autres mesures proposées - augmentation de l’exemption de base, du crédit de solidarité ou de la prime au travail - ne ciblent pas aussi bien les travailleurs et travailleuses pauvres qu’une hausse du salaire minimum à 15$ de l’heure. Ces mesures sont d’ailleurs fort coûteuses, puisqu’elles exigent des centaines de millions en dépenses publiques, alors qu’une hausse du salaire minimum, elle, générerait des économies », constate Mathieu Dufour, chercheur à l’Institut et également auteur de la publication.
« Avec une marge de manœuvre de près de 1 milliard de dollars résultant d’une hausse du salaire minimum à 15 $, le gouvernement a amplement les moyens de mettre en place des mesures pour prévenir les effets négatifs d’une telle hausse. Par exemple, des mesures pourraient cibler des secteurs soumis à la concurrence internationale. Des emplois publics ou des programmes d’insertion en emploi pour les personnes avec difficultés d’intégration au marché du travail pourraient être financés directement afin de combler certaines pertes d’emplois. Les sommes dégagées pourraient également servir à créer des programmes de persévérance scolaire et à bonifier les subventions aux groupes communautaires et d’économie sociale, puisqu’un certain nombre de leurs employé·e·s travaillent à un salaire inférieur à 15 de l’heure », suggère Pierre-Antoine Harvey.
Salaire minimum et revenus gouvernementaux est disponible gratuitement sur www.iris-recherche.qc.ca.