Édition du 18 juin 2024

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Politique d’austérité

Hausse de tarifs dans les écoles !

Imaginez : Le gouvernement du Québec propose d’ augmenter la tarification des écoles. L es parents qui envoient leurs enfants à l’école devront payer, selon leur revenu, des tarifs allant jusqu’à 20 $ par jour . Selon le gouvernement, la mesure permettra de mieux financer le réseau scolaire pour mieux répondre à la demande. La ministre de l’Éducation explique qu’il y a nécessité de gérer « rigoureusement » le programme de scolarisation. Selon les chiffres du ministère, il manquerait cinquante-mille places dans les écoles primaires et secondaires du Québec.

Vous trouvez cela absurde ? Pourtant, ce ne sont que les nouvelles de la dernière semaine, où j’ai substitué les mots « garderie » ou « CPE » par « école ». Comment se fait-il que la tarification soit un non-sens pour l’école primaire, mais non pas pour les Centres de la petite enfance ? Devrons-nous, un jour, appliquer aussi la logique comptable à l’école publique ?

Les avantages d’un réseau universel de la petite enfance sont immenses. Libérant les femmes des tâches ménagères, il permet aux couples de concilier travail et vie privée. Il est tout aussi essentiel de penser les garderies dans leur dimension éducative. Appelée familièrement « garderie » au Québec, il s’agit du premier lieu d’éducation collective pour nos enfants. Ses bénéfices sur le développement des enfants et la réussite scolaire ne sont plus à démontrer.

Le réseau de la petite enfance construit au Québec est riche, diversifié et de qualité. Plusieurs études internationales en vantent les mérites. Au lieu de regarder la facture, nous devrions reconnaitre ses avantages pédagogiques et sociaux. Les CPE doivent être reconnus sur un pied d’égalité avec les écoles primaires et favoriser le pont entre les deux. D’ailleurs, les enfants commencent la maternelle à trois ans dans certains pays, comme la France ou l’Espagne.

L’histoire de l’éducation au Québec montre qu’un système public et universel nous a fait progresser. En 1964, avec la création du ministère de l’Éducation, la société québécoise a réellement permis la scolarité gratuite et universelle à l’ensemble de sa population, un bon demi-siècle en retard sur les provinces et les États voisins. Depuis les réformes découlant du rapport Parent, c’est toute la société qui assume les coûts de l’Éducation, pas seulement les parents ou le clergé. En retard au XXe siècle, pourrions-nous être en avance au XXIe ?

À ma connaissance, depuis la création du ministère de l’Éducation au Québec en 1964, il n’y a jamais eu de problèmes de « places » ! Pourquoi, après plus de quinze ans d’existence, y a-t-il encore des pénuries de places dans les CPE ?

Arrêtons de parler des garderies comme un service aux parents et commençons à parler des enfants. Le réseau de la petite enfance est un chainon essentiel dans le développement des enfants. Comme l’école, l’État doit garantir le droit à une éducation publique, dès la naissance, à tout enfant habitant son territoire. La liberté et la flexibilité pour les familles de choisir entre le CPE, le milieu familial ou la maison, ne dilue pas l’obligation pour l’État d’assurer le droit à l’éducation, en soutenant la participation démocratique de la communauté.

Personne ne demande les revenus des enfants qui s’inscrivent à l’école publique, pourquoi ce serait différent dans un CPE ? La tarification des services à la petite enfance, loin d’un compromis « pour que toulmonde paye sa part », c’est de la comptabilité créative de technocrates obsédés par l’austérité. À contresens de l’évolution de l’éducation au Québec, c’est une mesure effroyablement régressive.

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