À l’heure où la cour pénale internationale fait l’objet de sérieuses remises en question, ilest d’une nécessité de réaffirmer les principes qui régissent le système pénal international, en garantissant la prévention et la répression des graves violations des droits de l’homme.
Lors de la 9eséance plénière de la 6e Commission (juridique) de l’Assemblée générale de l’ONU, la Mission permanente d’Haïti auprès des Nations Unies à New York a participé activemen taux discussions portant sur le projet d’articles relatif à la prévention et la répression des crimes contre l’humanité, élaboré par la Commission du droit international (CDI) de l’ONU.
Prenant la parole au nom de la délégation haïtienne, le ministre Conseiller à la Mission permanente d’Haïti auprès de l’ONU, Wisnique Panier a souligné que les crimes contre l’humanité, notamment la Réduction en esclavage, demeurent les crimes les plus graves de l’humanité. Face à cette préoccupation, leu rprévention et leur répression restent et demeurent une nécessité absolue, a-t-il insisté.
Le diplomat ehaïtien a mis l’accent sur la question de la Réduction en esclavage qui figure parmi les crimes contre l’humanité énoncés dans l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale et dans l’article 2 du projetd ’articles de la CDI. Cette question est d’ordre fondamentale pour Haïti qui a montré au monde le chemin de l’émancipation et le sens de la notion de la dignité de la personne humaine a-t-il précisé.
Wisnique Panieren aü profité de l’occasion de rappeler que les racines du système esclavagiste sont très profondes et nombreuses. Il est fondé notamment sur des idéologies racistes et criminelles véhiculées par des philosophes du siècle des Lumières qui ont affirmé, haut et fort, la thèse de la supériorité de la race blanchesur les autres races humaines, notamment la race noire.
Il a souligné le fait que les idées de liberté, de fraternité et d’égalité véhiculées à travers la première Constitution américaine de 1787 et dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 n’avaient qu’une visée discursive sans aucune application réelle. Il a fallu en outre attendre la Révolution haïtienne de 1804 pour concrétiser de telles idées.
Celle qui, dit-il, a donné un sens à la notion de la dignité de la personne humaine qui constitue le socle ou la dimension ontologique des droits fondamentaux de l’Homme. La Révolution haïtienne demeure, à ce jour, la seule au monde à être àla fois antiségrégationniste, anti esclavagiste et anticolonialiste.
Le délégué haïtien à la Commission juridique de l’Assemblée générale des Nations Unies a souligné le fait que la Révolution américaine de 1776 éminemment politique et celle de la France de 1789 ne profitait qu’à la bourgeoisie française. Or depuis des décennies après l’indépendance d’Haïti, l’esclavage fut toujours considéré comme étant une institution sacrée pour certaines puissances coloniales notamment la France et le sud des États-Unis.
Ainsi, selon lui,la consécration d’Haïti comme première République noire du monde le 1er janvier1804 constitue donc une rupture épistémologique par rapport au cadre dominant de la suprématie de la race blanche. Ce qui a mis fin à tout un système d’exploitation fondée sur le racisme et la discrimination raciale pendant des siècles.
Lors de cette séance plénière, la délégation haïtienne a plaidé en faveur d’une justice réparatrice pour les victimes du système esclavagiste. Et comme indiqué dans le projet d’articles de la CDI, il demeure important de mettre un terme à l’impunité des auteurs de ces crimes et à concourir ainsi à la prévention de nouveaux crimes.
C’était l’occasion pour Wisnique Panier de saluer les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies au niveau national et international vers la codification des crimes contre l’humanité.
Toutefois la délégation a réaffirmé l’attachement de la République d’Haïti au principe de la dignité de la personne humaine et ses engagements indéfectibles en faveur de la prévention et de la répression des crimes contre l’humanité.
À noter que la République d’Haïti occupe cette année l’un des 16 postes de vice-président de la soixante-seizième Session ordinaire (2021-2022) de l’Assemblée générale de l’ONU auxquels s’ajoutent les 5 membres permanents du Conseil de sécurité siégeant également au bureau de l’Assemblée générale. « Cette réussite diplomatique est le résultat de la nouvelle vision des autorités haïtiennes visant à assurer une participation plus active de la délégation haïtienne aux travaux de différents organes et structures des Nations Unies », a souligné la Mission permanente dans un communiqué datée du 7 juin 2021.
Notons également que plusieurs séances du débat général de haut niveau marquant l’ouverture officielle de la 76eSession ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU ont été présidées par le Représentent permanent d’Haïti auprès des Nations Unies, Son Excellence Ambassadeur Antonio Rodrigue,un diplomate de Carrière et ancien ministre haïtien des Affaires étrangères sous la présidence du Feu le Président Jovenel Moise.
C’est pour neuvième fois que la République d’Haïti occupe la fonction de vice-président de l’Assemblée générale depuis sa création en 1945 dont la dernière en date remonte à 2011. Soulignant également que la République d’Haïti a assuré, de mai à juin 2021, la présidence du Caucus des ambassadeurs de la CARICOM aux Nations-Unies et fait partie du bureau préparatoire de la 5econférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) qui aura lieu au Qatar au début de l’année 2022.
Smith PRINVIL
Smith.prinvil100@yahoo.com
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