27 mars 2023 | tiré du site du CADTM
https://www.cadtm.org/Haiti-Crise-transition-et-rupture

Le but de cette rencontre ? Présenter la « feuille de route » des syndicats pour sortir Haïti de la descente en enfer dans laquelle on l’a enfermé et (re)lancer une campagne de solidarité internationale. C’est à ce dernier objectif que cette étude entend modestement contribuer, en faisant entendre les voix, les analyses et les revendications des acteurs et actrices haïtiens, qui permettent de renverser le « dilemme » du silence ou du regard catastrophique, voire colonial, dans lequel est piégé Haïti sur la scène mondiale.

Tous les entretiens rassemblés ici ont été réalisés à Ouanaminthe les 25 et 26 janvier 2023. Ils offrent à la fois un regard pénétrant sur la crise actuelle, des clés de compréhension de la situation et, surtout, la réaffirmation de la double condition pour sortir de cette impasse : une rupture et une transition.

Ainsi, au cours de ces deux journées d’échanges et de présentation, les syndicats haïtiens ont réaffirmé leur ancrage au sein d’un mouvement social de plus grande ampleur, ainsi que la pertinence et la validité du projet porté par celui-ci : une « transition de rupture ». Cette revendication, qui a émergé au cours du soulèvement populaire de 2018-2019, a constitué le noyau de l’Accord de Montana2, conclu le 30 août 2021 ; Accord au sein duquel converge un large éventail d’organisations haïtiennes : des syndicats aux mouvements paysans, en passant par les églises, les ONG, les mouvements de femmes, etc.

La situation haïtienne est terrible. Et elle s’empire et va s’empirer encore si rien ne change. Celles et ceux qui pensaient – et le pensent encore – que cela ne pouvait être pire, que le pays avait touché le fond, apprendront qu’il n’y a pas de limite naturelle à la dégradation, sinon l’anéantissement. Les Haïtiens et Haïtiennes interviewées parlent de violence, de chaos, de gouffre. Mais d’une violence programmée, d’un chaos organisé et d’une dynamique du gouffre. Jamais d’une malédiction. Encore moins d’une fatalité. Et tous de pointer la responsabilité de la communauté internationale – c’est-à dire « nous » – dans l’origine, l’entretien et l’aggravation de la crise.

Revient souvent avec insistance la question : « y a-t-il un espoir pour Haïti ? ». Les entretiens réunis ici y répondent en déplaçant l’interrogation et en dénonçant la mauvaise foi. Cet espoir a un agenda, de multiple voix, un kaléidoscope de visages et un projet ; celui d’une « transition de rupture ». Il est descendu dans les rues à de nombreuses reprises et a soulevé tout un peuple. Il est connu et il est prêt ; aussi compliquée que soit sa mise en œuvre. La question est donc plutôt : qui n’a eu de cesse de vouloir enterrer cet espoir, d’en nier le projet, de le faire taire, d’en effacer les visages ? Et la question est aussi : serons-nous du côté de l’espoir ou de celui de sa répression ?

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