Trouvant de plus en plus d’exemples de conflits d’usage entre les exploitations gazières par fracturation hydraulique et les résidants, de plus en plus de cas de pollution, de contamination, de déversements, de blow-outs et de maladies, et ne trouvant pas d’écho dans les médias québécois, j’ai commencé à documenter ceux qui étaient intéressés à la question et ainsi a débuté ma revue de presse quotidienne nord-américaine sur le gaz de schiste, qui est distribuée tous les jours depuis l’été 2010.
Messieurs-Dames du comité de l’ÉES, je ne reconnais pas votre démarche : jamais nous n’avons questionné la validité de nous lancer dans l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. Jamais nous n’avons demandé si cela vaut les problèmes auxquels font face les municipalités à gérer les conflits entre les exploitants et leurs résidants. Jamais nous nous sommes interrogés pour savoir si cela valait le risque de nuire à la santé des citoyens qui doivent vivre avec cette invasion dans leur milieu de vie. Jamais nous n’avons posé la question : est-ce que l’usage de l’eau à extravagance de cette industrie et des déchets qui seront générés valent la pitance économique qu’elle nous apportera ?
Comme dans les provinces maritimes, en Alberta, en Colombie-Britannique et dans plusieurs états des États-Unis, les sondages sismiques ont secoué nos maisons, les camions ont parcouru nos routes, les tours de forage ont commencé à percer des trous et des bassins de décantation sont installés, remplis puis laissés à ciel ouvert, et jamais nous n’avons pensé à demander l’avis des Québécois sur la question, leur demander leur permission en tant qu’individus et en tant que société. Et à force de se faire tordre le bras, le gouvernement s’est enfin résigné à leur dire (partiellement) les vraies affaires.
Ce sont nous, au début, les citoyens, qui avons documenté les tenants et aboutissants de la fracturation hydraulique, les contaminations, les résidants et leurs bêtes malades, les déversements, les explosions, les incendies et pertes de contrôle pendant les forages, les déversements d’eaux toxiques sur les sites de forage et sur le bord des routes, les eaux de reflux à peine traitées et rejetées dans les cours d’eau, et j’en passe.
Et pour ajouter l’insulte à l’injure, le comité qui dirige l’évaluation environnementale stratégique (ÉES) de l’industrie du gaz de schiste ne croit pas pertinente la présence de citoyens « ordinaires » dans ses rangs.
Chers membres du comité, commencez par vous poser la question : « Le Québec doit-il se lancer dans le gaz de schiste ou dans les énergies renouvelables comme la biométhanisation ? », et ensuite, reconnaissez la valeur de la contribution citoyenne au débat qui secoue la planète tout entière et alors, je reconnaîtrai peut-être, moi, la valeur de vos conclusions.
L’auteure est présidente des Ami(e)s du Richelieu