« Nous sommes aussi préoccupés que quiconque par la question des finances publiques, a réagi le président de la CSN, Jacques Létourneau. Mais il n’est absolument pas question d’accepter que le nouveau gouvernement du Québec démolisse les missions fondamentales de l’État québécois, qui nous distinguent des autres sociétés nord-américaines, ni que les travailleuses et les travailleurs du secteur public fassent une fois de plus les frais de décisions draconiennes pour atteindre les cibles budgétaires qu’il s’est fixées. »
Dans le rapport qu’ils viennent de déposer, le fiscaliste Luc Godbout et l’économiste Claude Montmarquette, deux émissaires nommés par le gouvernement proposent cinq options pour retrouver la voie de l’équilibre budgétaire, à commencer par le gel de la masse salariale des employé-es de l’État. Hier, le premier ministre Couillard a annoncé la poursuite de politiques d’austérité, dont la fin des embauches dans la fonction publique, la recherche de gains de productivité de 2 % de la masse salariale et une diminution des dépenses de frais administratifs de 3 %.
« Une seule de ces mesures, et bien davantage si elles devaient se conjuguer, aurait des effets catastrophiques sur la qualité des services offerts à la population qui souffrent déjà d’un sous-financement notable, a déclaré Jacques Létourneau. En outre, celles et ceux qui donnent les services n’ont pas à écoper de la situation financière de l’État québécois. Non seulement sont-ils déjà surchargés de travail au quotidien, mais l’Institut de la statistique du Québec constate depuis des années qu’ils sont moins bien payés que les travailleuses et les travailleurs du secteur privé.
« Nous exigeons le respect intégral des conventions collectives, qui ont en outre été signées par l’ancien gouvernement libéral », a poursuivi le président de la CSN, qui souhaite d’ailleurs que le gouvernement participe de bonne foi au renouvellement de celles-ci, l’automne prochain, plutôt que de le faire dans un climat d’affrontement, comme il le suggère avec ses annonces.
La CSN est en faveur de la recommandation des experts d’entreprendre une réforme de la fiscalité, une promesse libérale. Jacques Létourneau : « Nous croyons que doit s’engager au Québec un large débat public sur la fiscalité et les finances publiques et celui-ci doit se faire à l’aune d’une équité fiscale, d’un financement adéquat des services et des programmes sociaux et ce avec tous les acteurs de la société, dont les organisations syndicales. Il s’agit, au fond de définir le Québec de demain et nous n’accepterons pas que soit remis en question le rôle de l’État ni d’être écartés de ce débat.
Il est inconcevable que les experts aient exclu toute recherche de nouveaux revenus pour l’État. L’atteinte de l’équilibre budgétaire doit être considérée au premier chef par un accroissement de ses revenus. Le Canada figure d’ailleurs deuxième parmi les 10 pays étudiés par la firme KPMG, en Europe, en Amérique du Nord, l’Australie, où les coûts d’exploitation des entreprises sont les moins élevés.
« Le soir de son élection, le premier ministre Couillard a lancé un appel à la réconciliation, a rappelé le président de la CSN. Il démontre plutôt qu’il cherche à diviser et à creuser davantage les écarts déjà considérables entre les gens et les entreprises, sur le plan de la fiscalité, et entre les plus riches et la classe moyenne, sur le plan des revenus et de l’accessibilité des services publics », a conclu Jacques Létourneau.