« Cette attaque contre les réfugié-e-s et les migrant-e-s témoigne de l’escalade d’une politique d’immigration raciste et d’exclusion, qui va de pair avec le génocide en cours des peuples autochtones par l’État canadien », a déclaré Stacey Gomez de No One Is Illegal - Halifax / K’jipuktuk.
Le projet de loi C-97 apporte d’importants changements à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés du Canada, notamment au système canadien de détermination du statut de réfugié. Les demandeurs et demandeuses d’asile qui ont déjà déposé une demande d’asile dans un pays avec lequel le Canada a conclu un accord de partage d’informations n’auraient pas le droit de demander la protection ici. À l’heure actuelle, la liste comprend le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et plus particulièrement les États-Unis. Si elles ne sont pas admissibles sur la base de ce critère, les personnes se verront refuser une audience devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (IRB).
« Bien que le système de protection des réfugiés du Canada soit profondément problématique, il offre au moins une porte à certaines personnes, exclues de toutes les autres catégories d’immigration, qui tentent de trouver un foyer sûr pour elles-mêmes et leurs enfants. Cette porte est maintenant fermée à un groupe de personnes particulièrement vulnérables : celles qui ont déjà essayé de trouver un refuge sûr dans un autre pays », a déclaré R. Mehreen, membre de Solidarité sans frontières.
Le gouvernement libéral a également fait part de son intention d’élargir l’Entente sur les tiers pays sûrs (STCA), qui interdit actuellement la plupart des demandes d’asile aux points d’entrée officiels du Canada aux États-Unis. L’extension du STCA empêcherait les gens traversant la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis hors des ports officiels de pouvoir demander l’asile. Les groupes pour la justice migratoire réclament depuis longtemps la fin de cette entente, soulignant que les États-Unis ne sont pas un pays sûr pour les réfugié-e-s, et que le Canada a une responsabilité envers les personnes déplacées par la pauvreté et la violence que ses sociétés minières et sa politique étrangère ont contribué à créer.
« La rhétorique utilisée pour justifier ces fermetures (’’réfugiés légitimes’’, ’’processus établi’’ vs ’’immigration illégale’’, ’’flot de demandeurs’’, ’’enliser le système de protection des réfugiés du Canada’’, ’’sauteurs de file d’attente’’, ’’marchandage d’asile’’) est trompeur, insultant, dangereux et nuit de manière immédiate aux personnes faisant face au racisme au quotidien », a déclaré Gomez.
« Le projet de loi C-97, ainsi que la menace imminente d’un STCA étendu, renforceront le mur frontalier virtuel du Canada. Avec ces mesures en place, des milliers de personnes de plus seront empêchées de rechercher la sécurité, seront déportées, séparées de leurs familles ou forcées de vivre sans papiers et dans la précarité », a ajouté Mehreen.
Ni le changement proposé par le projet de loi C-97, ni l’Entente sur les tiers pays sûrs étendue n’empêcheront les gens de franchir la frontière. Les gens continueront à passer, mais avec plus de danger, plus de risques de se faire exploiter, une plus grande vulnérabilité, et moins de dignité.
Globalement, le nombre de personnes obligées de migrer parce qu’elles sont dépossédées et déplacées augmente.
Le rapport du HCR sur les tendances mondiales des déplacements forcés de cette année indique que « les régions en développement ont continué à assumer une responsabilité disproportionnée en matière d’accueil de réfugiés. Les pays les moins développés [...] ont accueilli 6,7 millions de réfugiés, soit 33% du total mondial. » Parallèlement, le taux d’acceptation des demandeurs et demandeuses d’asile par le Canada a chuté de 4,5% depuis l’année dernière, malgré un important nombre de demandes d’asile.
Le 28 juin, qui marque le dixième anniversaire du coup d’État au Honduras, rappelle la responsabilité du Canada à l’égard de la migration forcée en provenance d’Amérique centrale. Le rôle du Canada au Honduras a inclus la légitimation du gouvernement du coup d’État en 2009 et des élections frauduleuses ultérieures qui ont amené le dictateur Juan Orlando Hernandez au pouvoir, le financement des forces de sécurité et des unités d’enquête à un État répressif, ainsi que le soutien des investissements étrangers dans des secteurs comme le méga-tourisme et l’exploitation minière qui ont dépossédé les populations de leurs terres et de leurs moyens de subsistance.
Les Nations Unies ont récemment demandé au Canada de faire sa part et de réinstaller certain-e-s des réfugié-e-s les plus vulnérables d’Amérique centrale en attente au Mexique, notamment des femmes, des enfants et des personnes LGBTQ. Ottawa n’a pas encore répondu.
No One Is Illegal - Halifax / K’jipuktuk et Solidarité sans frontières s’opposent fermement aux dispositions anti-(im)migrant-e-s édictées dans le projet de loi C-97 et presse les collectivités à continuer de prendre des mesures concrètes de solidarité avec les migrant-e-s franchissant les obstacles juridiques canadiens et courant de plus en plus de risques.
Nous soutenons l’ouverture des frontières et la liberté de mouvement des personnes en quête de justice et de dignité ; nous affirmons donc la liberté de circuler, la liberté de retourner et la liberté de rester.
No One Is Illegal - Halifax/K’jipuktuk
Solidarité sans frontières
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