La majorité conservatrice au parlement permet au gouvernement conservateur d’accentuer la dérive antidémocratique de l’État canadien. Les droits syndicaux sont les premiers visés. Après la lutte des postiers-ères, après les agents de bord, c’est maintenant le droit de grève des travailleurs et travailleuses (mécaniciens, bagagistes et manutentionnaires) d’Air Canada qui est attaqué, par la ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt. La grève n’a même le temps d’être déclenchée que cette dernière se trouve interdite. C’est l’intérêt du patronat qui prime à tout coup.
Les droits des femmes sont aussi une cible de ce gouvernement canadien le plus réactionnaire depuis des décennies. Le gouvernement conservateur coupe dans le financement de groupes de femmes, il refuse toute loi sur l’équité salariale et il est à craindre qu’il s’achemine vers la recriminalisation de l’avortement.
Le renforcement des politiques répressives est aussi à l’ordre du jour. La répression policière au sommet du G-20 a été exemplaire à cet égard. Le projet de loi omnibus en matière de justice en est un autre exemple. Que ce soit la destruction du registre des armes à feu, l’imposition de peines minimales, l’abolition de la libération des criminels non violents après avoir purgé le sixième de leur peine, les propositions du gouvernement conservateur ont tout à voir avec ce qu’il peut y avoir de plus régressif et d’obscurantiste en matière de lutte contre la criminalité. La construction de plus de prisons, voilà la perspective des Conservateurs pour s’attaquer à la criminalité alors que l’expérience a démontré l’échec de ces approches répressives qui conduisent uniquement à gonfler la population carcérale.
Ce gouvernement baisse les impôts des plus riches et des entreprises. Il cherche à en cacher les montants. Mais on sait bien que le Canada a les plus bas impôts corporatifs de tous les pays du G-7. Mais il laisse 25% des aînées dans la misère. Il accepte que 75% des Canadien-ne-s qui œuvrent dans le secteur privé n’aient pas de régime de retraite.
Il subventionne les compagnies pétrolières et gazières par milliards. Il essaie de faire passer l’exploitation des sables bitumineux comme une exploitation de pétrole éthique. Il met fin à l’engagement du Canada en faveur des accords de Kyoto. Il planifie l’exploitation du pétrole dans le sous-sol de l’Arctique. Il minimise la réalité du réchauffement climatique et de ses conséquences désastreuses pour la planète. Il réduit de 10 % le personnel à environnement Canada.
Le gouvernement Harper renforce les dépenses militaires. Il a consacré 22 milliards de dollars pour l’année 2010-2011. Il veut dépenser des sommes faramineuses pour l’achat d’avions de chasse F-35. Il oriente la construction maritime vers la production de navires de guerre. Il est de toutes les aventures militaires de l’impérialisme américain contre le Sud afin de s’assurer le contrôle des ressources énergétiques de ces pays. Il ferme les yeux sur les massacres du peuple palestinien. Il dénonce comme anticanadienne toute critique à l’endroit du militarisme et des dépenses militaires. Il mousse même le patriotisme militaire par des commémorations insensées, celle de la guerre de 1812 par exemple.
L’ensemble de ces politiques vont à l’encontre de la volonté de la majorité de la population. Il a bien une majorité des député-e-s, mais il ne représente qu’une minorité de Canadiens et de Canadiennes. Au Québec, les Conservateurs ne représentent qu’une minorité insignifiante. Pas question pour ce parti, d’étendre les droits démocratiques de la population. Au contraire, il cherche à contrôler étroitement l’information. Il continue à concentrer l’essentiel du pouvoir dans le bureau du premier ministre au mépris du parlement qu’il n’a pas hésité à proroger. Il refuse de fournir aux parlementaires des informations stratégiques. Il utilise le baîllon le plus souvent possible et il refuse même de s’appuyer sur les expériences passées et les faits. L’abolition du recensement long de Statistique Canada est une illustration de l’obscurantisme des Conservateurs et du mépris de l’oligarchie financière pour la majorité de la population.
L’incontournable lutte démocratique
Et si l’on n’avait encore rien vu ? Le gouvernement conservateur majoritaire vient d’être élu. Il prépare les prochaines étapes de la mise en oeuvre de ses plans antidémocratiques. Sa politique de développement des énergies fossiles va être imposée contre la volonté de la majorité de la population. Son militarisme va être cuirassé d’un nationalisme guerrier outrancier. Il veut réduire les organisations syndicales à l’impuissance et impulser un mouvement de désyndicalisation. Il se prépare à criminaliser toute opposition sociale ou écologiste. Il veut imposer aux femmes de se soumettre aux valeurs les plus dépassées.
Si le gouvernement conservateur se permet un tel agenda, c’est qu’il ne trouve pas devant lui une opposition sociale suffisamment unie et capable d’agir collectivement. S’il se permet de s’attaquer aux droits syndicaux c’est qu’il peut le faire sans soulever l’indignation et sans faire face à une riposte qui ne s’enferre pas dans un légalisme étroit ; s’il peut défendre des politiques qui détruisent notre environnement, c’est qu’il peut faire des choix antiécologiques sans rencontrer une opposition militante, active et déterminée. S’il peut se moquer des institutions représentatives, c’est que l’extension de la représentation démocratique du plus grand nombre n’est pas encore devenue une préoccupation essentielle. S’il peut se moquer du peuple québécois et d’agir contre ses droits et ses valeurs, c’est que la perspective de l’indépendance est remise à après-demain par beaucoup.
Il faut non seulement colmater ces brèches par lesquelles les Conservateurs nous imposent leur projet de société au profit d’une oligarchie profiteuse. Il faut que les opprimé-e-s et l’ensemble des classes dominées s’unissent pour agir collectivement pour imposer leurs choix économiques, démocratiques et sociaux. Pas question de ce concerter avec les tenants de la domination des loups dans la bergerie. La lutte pour les droits démocratiques de la majorité est plus que jamais une lutte de classe.