2014 en perspectives
Sans tarder, la nouvelle direction de la FTQ, avec Daniel Boyer au poste de président et Serge Cadieux à celui de secrétaire général, ont entrepris de matérialiser les nombreuses résolutions adoptées par les quelque 1 300 délégués au congrès.
Les deux dirigeants ont à cœur de redonner à l’ensemble des membres de la FTQ la fierté d’être syndiqué et c’est pourquoi une attention toute particulière sera accordée à la résolution visant l’organisation des États généraux sur le renouveau syndical.
Ils ont aussi à cœur d’améliorer le sort de l’ensemble de la population québécoise, d’où l’importance de poursuivre la campagne pour la bonification du Régime de rentes du Québec dont bénéficie l’ensemble des salariés, syndiqués ou non-syndiqués. À ce sujet, la FTQ souligne la position du gouvernement du Québec, lors de la dernière rencontre des ministres des Finances du Canada de décembre dernier, en faveur d’une telle bonification. Malgré l’accord d’un nombre suffisant de provinces pour mettre en branle cette mesure, le gouvernement Harper a opposé au projet une fin de non-recevoir, répondant ainsi au lobbying du patronat. La prochaine réunion des ministres est prévue pour juin et la FTQ continuera d’enfoncer le clou à ce sujet.
À la défense des droits syndicaux
La défense des droits syndicaux et le renforcement du syndicalisme constituent une priorité incontournable. Le plan d’action de la FTQ poursuit plusieurs objectifs :
– contrer les attaques du gouvernement conservateur de Stephen Harper à l’endroit des syndicats (par exemple dans les services postaux) et de ses propres effectifs ;
– défendre la formule Rand ;
– empêcher l’ingérence du Fédéral dans les négociations des organismes d’État et la détermination des services essentiels ;
– faire échec aux disparités de traitement dans les conventions collectives ;
– contrecarrer, une fois pour toutes, la réforme de l’assurance-emploi et à défaut, rapatrier ce service au Québec.
Vie à la retraite
Plusieurs résolutions sont adressées aux différents paliers de gouvernement afin d’assurer à tous et à toutes une meilleure vie à la retraite, à l’abri des soucis. Les objectifs poursuivis :
– protéger les régimes de retraite menacés lors des faillites d’entreprises ;
– prendre les moyens d’assurer la survie des régimes à prestations déterminées ;
– permettre à ceux et celles qui n’en ont pas le choix d’adhérer à un régime de retraite par financement salarial (RRFS) plutôt qu’à un régime à cotisation déterminée ;
– poursuivre la campagne pour la bonification des régimes publics de retraite (RRQ) ;
– faire de la négociation de bonne foi le seul moyen pour en arriver à des modifications satisfaisantes aux régimes de retraite des secteurs privé, municipal et universitaire.
Services publics
On ne sera pas surpris des résolutions visant à renforcer des services publics de qualité. La FTQ demande entre autres au gouvernement du Québec de privilégier le secteur public comme prestataire des services liés au projet d’assurance-autonomie et d’investir dans les CHSLD publics plutôt que dans les maisons privées pour prendre soin des personnes âgées. Dans le secteur de l’éducation, les fonds des commissions scolaires doivent être renfloués et la FTQ demande la tenue d’états généraux sur l’accès et le financement de l’éducation à tous les niveaux.
Un Québec maître chez lui
À l’automne, la FTQ avait bien accueilli les annonces du gouvernement Marois quant au développement économique et industriel, à l’électrification des transports et au renforcement du filet social. Elle s’attend maintenant à ce que l’on passe de la parole aux actes. Le report de l’objectif du déficit zéro —enfin ! —donnera une marge de manœuvre supplémentaire pour aller de l’avant.
Les plaidoyers répétés de la FTQ sur le développement économique et régional doivent maintenant se traduire sur le terrain. À cet égard, l’exploration et l’exploitation de nos ressources naturelles doivent :
– se faire dans le respect des populations locales et régionales ainsi que de leur environnement ;
– être sujettes à un régime plus sévère de redevances minières ;
– entraîner la création d’emplois de qualité et bien rémunérés ;
– impliquer la deuxième et la troisième transformation ;
– générer des effets fiscaux et économiques bénéfiques pour l’ensemble de la population du Québec, dans la perspective d’un développement durable.
Par la déclaration de politique énergétique adoptée par son congrès, la FTQ prend résolument position en faveur d’un Québec plus vert, qui roule à l’électricité et qui est maître de son développement énergétique et économique.
Des demandes plus particulières vont de l’amélioration de lois spécifiques jusqu’à l’élargissement des campagnes internationales, en passant par la lutte à la discrimination à tous les niveaux. C’est ainsi que la FTQ va poursuivre son travail dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail, de la conciliation travail-famille, des droits des travailleuses domestiques, de la non-discrimination à l’endroit de l’orientation sexuelle, de la place faite aux femmes et à leurs revendications, de l’Accord économique et commercial global, etc.
Charte des valeurs
Les syndicats affiliés devront approfondir leur réflexion sur le projet de Charte des valeurs puisque le Congrès de la FTQ n’a pu en arriver à une position claire. Unanimes sur les principes de laïcité, de neutralité religieuse de l’État et d’égalité hommes-femmes, les délégués étaient partagés sur l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires.
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Bilan 2013
L’année 2013 aura été marquée par les travaux de la Commission Charbonneau. La FTQ et ses représentants ont offert leur entière coopération à la Commission et continueront de le faire.
Mais d’ores et déjà, il faut reconnaître que dès 2008-2009, d’importantes modifications ont été apportées à la gouvernance du Fonds de solidarité et la FTQ s’est dotée d’un code d’éthique des plus rigoureux. La nouvelle direction promet d’être vigilante et agira en conséquence, afin de préserver l’intégrité de la FTQ et de son Fonds de solidarité.
Pendant ce temps…
Pendant ce temps, nos membres ont continué d’affronter jour après jour des employeurs qui voudraient détériorer leurs conditions de vie et de travail. Menaces de fermetures et de délocalisations, coups de hache dans les régimes de retraite, reculs dans les avantages sociaux, concessions salariales, rien n’a été délaissé !
Il serait fastidieux de mentionner ici l’ensemble des conflits de travail vécus par nos membres, mais pensons entre autres aux secteurs de la forêt, aux services fédéraux, à l’avionnerie, à la construction, aux centres privés pour personnes âgées, aux télécommunications, aux laissés pour compte de Gentilly-2 et du chrysotile, aux municipalités, au monde du livre, à celui des ambulanciers, aux installations d’Hydro-Québec, etc.
Il y a même une population tout entière, celle du Lac-Mégantic, qui a pleuré les siens après la tragédie ferroviaire que l’on connaît, une tragédie qui replace sur la scène publique le nécessaire débat sur la déréglementation débridée des activités économiques.
Enjeux politiques
Sur le plan politique, il fallait s’attendre à ce que, majoritaires, les conservateurs « livrent leur marchandise », c’est-à-dire un train de mesures antisyndicales, rétrécissant le rôle actif de l’État, menaçant les services publics comme les Postes et s’en prenant aux plus démunis, dont les travailleuses et les travailleurs saisonniers du Québec et de l’Est du pays.
La décision du Fédéral de faire disparaître le crédit lié aux fonds des travailleurs fait également partie de ce train de mesures défavorables au Québec.
Au Québec, le gouvernement a tardé à prendre le leadership et à ne pas avoir peur d’affronter les partis de l’opposition. Dans leurs intentions du moins, les annonces des derniers mois, sur les plans économique et social, sont allées dans la bonne direction et dans le sens de la défense des intérêts publics dont doit être investi en tout temps le gouvernement.
La FTQ a eu à déplorer les agissements partisans des libéraux comme des caquistes, notamment — mais sans s’y limiter — dans la question de la défense du français comme langue de travail et langue commune, mais aussi dans celle de la création du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie et de la modification des dispositions de la désuète loi des mines.
Retour vers le futur
S’il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va, la dernière année a été remplie d’événements et de développements qui auront permis à la FTQ de mieux déterminer la voie à suivre dans les mois qui viennent, afin que le mouvement syndical continue son œuvre historique en faveur des travailleurs et des travailleuses, syndiqués ou non, ici comme ailleurs.