Le gouvernement du Québec fonde beaucoup d’espoirs sur le Plan Nord. Déjà, il a annoncé des investissements de 80 milliards de dollars, dont plus de la moitié proviendront des fonds publics et d’Hydro-Québec, afin de développer un projet que le premier ministre compare à « la Baie James ». Cette note socio-économique propose un survol des coûts économiques, environnementaux et sociaux qui accompagneront nécessairement un développement accéléré du Nord, données qui sont généralement négligées lors d’annonces officielles.
De plus, une évaluation réaliste des retombées économiques annoncées nous amène à mettre en doute l’ampleur des bénéfices promis aux contribuables. Elle suggère que le gouvernement ne peut garantir la protection efficace de la moitié du territoire du Nord et que, comme on le constate dans le cas-type de Fort McMurray (Alberta), les booms liés à l’extraction des ressources naturelles ont de lourdes répercussions socio-économiques.
Conclusion
Alors que le gouvernement investira entre 16,5 et 23,1 G$ et que l’investissement d’Hydro-Québec dans le Plan Nord atteindra 47 G$ au cours des 25 prochaines années, le retour annoncé de ces investissements, en termes de retombées fiscales, semble relativement faible, à 14,2 G$. Cette somme ne correspond qu’à 0,8 % du budget annuel de dépenses du gouvernement québécois. L’investissement demandé à l’entreprise privée se limitera vraisemblablement à une somme comprise entre 9,9 et 16,5 G$ et sera même compensé par un taux très préférentiel sur l’électricité consommée.
En contrepartie, le Québec risque d’en tirer un développement économique régional très aléatoire, puisque l’équilibre économique du Nord sera étroitement assujetti à la valeur
boursière des minerais exploités. La création d’emplois risque d’être moindre que celle annoncée, en plus d’être assujettie à un modèle de développement régional peu efficace.
De plus, le gouvernement risque de ne pas pouvoir protéger efficacement 50 % du territoire, comme il le promet. Enfin, la hausse de l’immigration (interne et externe du Québec) dans le Nord du Québec et l’augmentation des dépenses publiques et environnementales afférentes
risquent d’engendrer des coûts supplémentaires de près de 6,15 G$ sur 25 ans. Au total, ces coûts non considérés, qui s’élèveront à près de 246 M$ annuellement, viendront gruger plus de 43 % des retombées fiscales annoncées.
L’intégrale de l’étude : http://www.iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2012/03/Note-Plan-Nord-web2.pdf