Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Est-ce que la politique d'austérité du PLQ est légitime ?

Est-ce que la politique d’austérité appliquée par le PLQ est légitime ? Non, la question devrait plutôt être : Le gouvernement libéral de Philippe Couillard a t-il la légitimité pour appliquer sa politique d’austérité ou de rigueur, comme il l’appelle ?

Luc Bordeleau et Sergio de Rosemont
Effectivement si vous demandez à Philippe Couillard il vous dira que son gouvernement a été élu avec ce mandat.

Faux. Lors de la dernière élection du 7 avril 2014, l’atteinte de l’équilibre budgétaire, couplée à des promesses d’amélioration des services en santé et éducation étaient au cœur de sa plate-forme électorale. Comme résultat, nous avons eu droit depuis au contraire en santé et en éducation

Nous pourrions être en droit de croire que le gouvernement libéral de Philippe Couillard a même d’une certaine façon trahi une partie de l’électorat libéral qui avait voté pour des améliorations en santé et en éducation. D’autres électeurs ont sans doute voté pour le PLQ simplement par attachement au Canada, par crainte d’un référendum, ou du PQ ou de QS, ce qui fut un axe majeur de la campagne libérale, ou encore pour d’autres raisons sans lien avec l’austérité. Donc ils n’ont pas voté pour cette austérité.

De plus, le soir du 7 avril 2014, Philippe Couillard se disait fort heureux de sa majorité obtenue. Sauf qu’il n’a pu obtenir sa majorité que grâce à un mode de scrutin désuet et illogique qui renverse la volonté populaire.

Regardons les chiffres si vous permettez : Si nous vous disons 41 % des votes = 56 % des sièges = 100 % du pouvoir, est-ce que cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Il s’agit des résultats électoraux du PLQ de Philippe Couillard lors de l’élection du 7 avril 2014.

41 % qui se transforme « magiquement » en 56 % peut-on vraiment appeler cela une majorité ? Non, puisque évidemment au plan mathématique une majorité absolue devrait correspondre à 50 % + 1 des votes obtenus.

Donc dans un mode de scrutin fonctionnel, donc proportionnel, un parti n’ayant obtenu que 41 % des votes n’aurait droit qu’à environ 41 % des sièges et non pas à 56 % et ce parti n’aurait surtout pas droit à 100 % du pouvoir pour lui tout seul puisqu’il devrait gouverner au sein d’une coalition pour lui permettre de dépasser la barre du 50%.

Maintenant portons attention au pourcentage de 41 %. Avez-vous remarqué que tout au long de cet article, 41 % représente 41 % des votes obtenus et non pas 41 % des électeurs ?

Si vous prenez le temps d’aller vérifier sur le site du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) pour l’élection du 7 avril 2014, il est mentionné que le taux de participation est de 71,43 % qui représente le pourcentage des électeurs ayant utilisé leur droit de vote. 1,04% des bulletins ont été rejetés, de sorte qu’il reste un solde de 70,4% de votes valides.

Donc mathématiquement, si on revient aux votes exercés : 100 % - 71,43 % = 28,57 %. Vous avez saisi que 28, 57 % équivaut au nombre d’électeurs qui se sont abstenus ou si vous préférez n’ont pas voté. Plus du quart des électeurs !

Donc alors vous serez d’accord pour dire que si 28,57 % des électeurs se sont abstenus de voter, donc que le 41 % des votes obtenus par le PLQ n’équivaut pas à 41 % des électeurs ? Non, dans la réalité le 41 % n’équivaut qu’à 29,2 % des électeurs soit un peu plus du quart mais moins que le tiers des électeurs inscrits.

Le calcul peut se faire de 2 façons :1ère façon : 41,5% des votes valides X 70,4%, pourcentage global des votes valides = 29,2% ; 2ème façon : 1 757 071 votes exprimés / 6 012 440, total des électeurs inscrits = 29,2%

Une majorité absolue et 100 % du pouvoir obtenue avec seulement 29,2 % des électeurs ayant le droit de vote, est-ce logique, est-ce respecter la démocratie ? Non !

Et oui, on peut répondre : Ah c’est le système en place depuis la Confédération qui est comme cela ! Alors, si on endure cette situation depuis 150 ans, il faut et on peut le changer. Et ça presse !

Le Mouvement Démocratie Nouvelle (MDN) est un mouvement prônant un mode de scrutin proportionnel mixte et compensatoire, rattaché à aucun parti politique qui laboure le terrain depuis 15 ans pour l’instauration du mode de scrutin proportionnel au Québec.

De plus présentement dans l’horizon politique québécois il y a 4 partis politiques ( dont 2 qui siègent à l’Assemblée nationale ) qui réclament l’instauration d’un mode de scrutin proportionnel soit : Québec solidaire, la Coalition Avenir Québec, Option nationale et le Parti vert du Québec.

Et il y a 2 partis qui refusent l’instauration du mode de scrutin proportionnel qui respecterait plus le choix des électeurs(trices), et de façon plus large des citoyens et citoyennes, ou encore refusent de se mouiller, soit le Parti libéral du Québec et le Parti Québécois. Nous pouvons nous interroger sur l’intérêt que ces 2 partis accordent à la démocratie et au respect de la volonté populaire.

Effectivement il est plus que pertinent d’instaurer ce mode de scrutin proportionnel au Québec le plus rapidement possible. Oui comme on l’a vu, il y a présentement 4 partis politiques ainsi que le MDN qui se battent pour la venue d’un mode de scrutin proportionnel au Québec, mais cela n’est pas suffisant. Si nous désirons vraiment l’instauration d’un tel mode de scrutin reflétant réellement la volonté des électeurs, il faut que la démarche en devienne un mouvement citoyen, une coalition citoyenne.

Il faut que chaque citoyen ou citoyenne qui croit en un mode de scrutin proportionnel interpelle son député local à chaque occasion qu’il a.

De plus vous pouvez consulter le site du MDN qui travaille à instaurer des comités régionaux afin de faire la promotion du mode de scrutin proportionnel partout au Québec :
 http://www.democratie-nouvelle.qc.ca. Pour ceux désirant s’initier au mode de scrutin proportionnel vous pouvez consulter le site de la présente campagne du MDN, Meilleure démocratie :
http://meilleuredemocratie.com )

En terminant vous vous demandez sûrement quel est le rapport entre la politique d’austérité du gouvernement Couillard et l’instauration du mode de scrutin proportionnel ?

Parce qu’avec un mode de scrutin proportionnel un parti politique désirant imposer une politique d’austérité serait dans l’obligation de l’annoncer dans sa plate-forme électorale et surtout devrait obtenir une réelle majorité soit un mimimum de 50 % des votes + 1.

Voici des chiffres concernant l’élection du 7 avril 2014 pris sur le site du DGEQ :

  Électeurs inscrits : 6 012 440 (100%) ;
  Votes exercés : 4 295 055 (71,4%) ;
  Votes rejetés : 62 793 (1,04%)- Votes valides : 4 232 262 (70,4%).

Et les résultats par parti :

  PLQ : 1 757 071 votes exprimés (56% des députés élus pour 41,5% des votes valides équivalant à 29,2% des électeurs inscrits). Surreprésentation importante ;
  PQ : 1 074 120 votes exprimés (24% des députés élus pour 25,4% des votes valides équivalant à 17,9% des électeurs inscrits). Sous-représentation mineure, c’est le résultat le plus « proportionnel » ;
  CAQ : 975 607 votes exprimés (18% des députés élus pour 23,1% des votes valides équivalant à 16,2% des électeurs inscrits). Sous-représentation importante ;
  QS : 323 124 votes exprimés (2% des députés élus pour 7,6% des votes valides équivalant à 5,4% des électeurs inscrits). Sous-représentation importante ;
  Autres partis et indépendants : 102 340 votes exprimés (0% des députés élus pour 2,4% des votes valides équivalant à 1,7% des électeurs inscrits). Aucune représentation.

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