Édition du 17 décembre 2024

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Éducation

Entrevue de Sébastien Proulx - La CSQ déplore que ce plan en cinq temps soit développé unilatéralement

MONTRÉAL, le 13 mai 2016 - La présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, est indignée par la présentation du plan en cinq temps par le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, dans la Presse de ce matin. En effet, la CSQ se questionne sur le fait que le ministre choisisse d’annoncer en vrac ses orientations sur l’éducation par la voix des médias plutôt que de consulter les acteurs du milieu pour déterminer les actions à prendre.

« Nous réclamons depuis des mois que le gouvernement se dote d’une vision claire de l’éducation et, pour ce faire, nous croyons qu’il est nécessaire que le ministre consulte les intervenants du milieu afin qu’ils établissent ensemble les priorités d’un plan pour la réussite éducative des élèves du Québec. En choisissant d’exposer ses orientations dans le journal, le ministre Proulx ne fait pas la preuve qu’il est à l’écoute et il semble agir unilatéralement alors qu’il laisse entendre par ailleurs qu’une mobilisation des acteurs du réseau est nécessaire. C’est à n’y rien comprendre ! », déclare Louise Chabot.

Maternelle 4 ans : il y a déjà des solutions en place

La CSQ partage l’idée de l’importance d’intervenir tôt auprès des enfants présentant des vulnérabilités qui pourraient nuire à leur intégration à l’école et, par la suite, à leur persévérance scolaire et à leur réussite éducative.

Louise Chabot souligne toutefois le fait que des maternelles 4 ans ont été mises en place en milieu défavorisé, mais est d’avis que rien n’indique qu’étendre les maternelles 4 ans à l’ensemble du Québec serait plus efficace que d’utiliser les ressources que nous avons déjà en place. « Il y a 20 ans, nous avons fait le choix, comme société, de nous doter d’un réseau public de services de garde éducatifs à la petite enfance. La qualité du réseau est démontrée et il contribue chaque jour au développement des enfants », ajoute la leader syndicale.

École obligatoire jusqu’à 18 ans : pas une solution magique

« Concernant la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, les études sont loin de faire consensus sur l’apport de cette solution à la réussite scolaire. Cette mesure ne peut être considérée à elle seule comme une solution pour augmenter la persévérance scolaire. Elle doit obligatoirement être accompagnée d’autres mesures d’appoint pour être efficace », soutient Louise Chabot. Ce dont les jeunes ont besoin, d’abord et avant tout, c’est que les services professionnels et de soutien soient disponibles. On doit les accompagner tout au long de leur parcours pour éviter qu’ils ne se retrouvent en situation de décrochage.

La CSQ rappelle le cas de l’Ontario qui a augmenté l’âge de la fréquentation scolaire obligatoire de ses élèves à 18 ans en 2006. Cette obligation fait partie d’une stratégie comprenant plusieurs mesures visant à garder les jeunes sur les bancs d’école et il est difficile de déterminer les impacts reliés uniquement à cette mesure.

Institut national : Une autre structure inutile

Enfin, la CSQ déplore l’incohérence du projet de loi qui serait déposé à l’automne pour la création de l’Institut national d’excellence en éducation. D’un côté, le ministre affirme qu’il souhaite aller plus loin qu’un débat de structures pour parler de persévérance, et, de l’autre, il présente un projet pour créer une structure supplémentaire dont on ne voit pas ce qu’elle apportera de plus au milieu de l’éducation.

Le personnel de l’éducation travaille chaque jour à revoir les pratiques afin de choisir et d’appliquer ce qui est le plus pertinent pour répondre aux besoins de tous les élèves sur la base de leur expérience. « Le message que le ministre envoie au personnel des écoles, c’est malgré votre formation universitaire, malgré votre expertise du milieu de l’éducation, malgré votre connaissance fine des besoins des élèves qui vous sont confiés, nous ne vous faisons pas confiance ! C’est un message désolant. Quand le gouvernement abandonne le milieu en lui imposant des coupes et compressions sévères, c’est le personnel du réseau scolaire qui continue de s’impliquer corps et âme pour accompagner les élèves dans leur réussite éducative ! », dénonce Louise Chabot.

Ordre professionnel des enseignants et cours d’histoire : des diversions inutiles

En évoquant la création d’un ordre professionnel pour les enseignants comme solution aux problèmes vécus sur le terrain, Sébastien Proulx prouve qu’il comprend très mal les nombreux mécanismes qui sont prévus à la Loi sur l’instruction publique et dans les conventions collectives qui protègent déjà plus qu’adéquatement les élèves et les parents.

La CSQ est extrêmement déçue de l’annonce du report du cours d’histoire alors que le travail rigoureux de consultation était complété et qu’il faisait consensus auprès du personnel. Nous comprenons mal les motivations réelles de ce revirement.

« Nous l’avons vu avec le projet de loi sur la gouvernance scolaire, le gouvernement a fait fausse route. Il faut se demander qui marque le pas en éducation : François Legault, Sébastien Proulx ou les deux avec les recettes recyclés de l’ADQ et de la CAQ, Encore une fois ce gouvernement semble n’avoir rien compris des enjeux et réalités du milieu », conclut Louise Chabot.

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