Mais la stratégie du CN a en quelque sorte déraillée tel que nous l’explique Christopher Monette.
AF Vous avez affirmé que la pénurie de gaz propane a été une crise inventée par la direction du CN. Croyez-vous que votre message a été entendu par le milieu agricole ?
On a des membres syndiqués de d’autres unités de négociations qui pouvaient assurer un service minimal, en plus des 600 superviseurs. Cela permettait d’assurer un minimum de fonctionnement de transport des marchandises. C’est la direction du CN qui décidait des priorités, et elle a décidé que le gaz propane n’en était pas une.
Le fait de dévoiler cette stratégie de la partie patronale a eu un écho certain. Cela a été confirmé par le président de l’UPA qui a affirmé dans une lettre publiée dans le Huffington Post que le CN avait instrumentalisé le conflit. (2)
Marcel Groleau affirmait ainsi que : « Des pertes énormes sont à prévoir si l’approvisionnement n’est pas rétabli rapidement. Le stress que vivent les familles agricoles touchées est immense et l’impression que le secteur agricole a été délibérément instrumentalisé se confirme de plus en plus.
Le CN connaissait depuis plusieurs semaines la date prévue du déclenchement de la grève des 3200 chefs de train, agents de train et agents de triage.
L’entreprise est au courant des besoins en propane de ses clients et des distributeurs pour cette période de l’année. Comment expliquer que nous apprenions, après seulement deux jours de conflits, qu’il y a un manque d’approvisionnement ? … Avec un bénéfice net de 4,3 G$ en 2018 et de 3,3 G$ pour les neuf premiers mois de 2019, l’entreprise peut se permettre de bien desservir sa clientèle. Or, il devient de plus apparent que le CN a mal planifié la situation ou, plus simplement, décidé d’utiliser les agriculteurs pour faire monter la pression. »
Le National Farmers Union a également envoyé une lettre d’appui aux Teamsters (3) : « Le National Farmers Union (NFU) demande au CN de revenir à la table des négociations et de négocier un accord de bonne foi garantissant aux travailleurs et travailleuses des chemins de fer des conditions de travail sûres. En tant qu’agriculteurs, nous comptons sur le transport ferroviaire pour acheminer nos produits vers les marchés d’exportation. Pour transporter notre grain, les chefs de train, les formateurs et les ouvriers ne devraient pas avoir à mettre leur vie et leur santé en danger.
De plus, malgré la grève, le CN a encore suffisamment d’ingénieurs de locomotive dont les contrats ont été réglés, ainsi que des superviseurs, pour exploiter les trains nécessaires pour livrer des fournitures de propane aux agriculteurs de l’Ontario et du Québec qui en ont besoin pour sécher leurs récoltes. La décision de ne pas transporter de propane est un choix du CN. Nous rejetons les efforts de l’entreprise pour utiliser les difficultés des agriculteurs comme moyen de pression pour éviter les négociations de bonne foi. »
Il faut dire que la divulgation publique d’une conversation entre un employé épuisé et son superviseur qui menaçait de le suspendre s’il ne se conformait pas aux directives a pesé pour beaucoup dans la décision de la direction du CN de revenir à la table de négociation. Nos revendications principales portent justement sur la santé sécurité. Nos membres seront convoqués en assemblées générales au cours des prochaines semaines afin de se prononcer sur l’entente de principe.
Notes
(1) https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/567971/greve-au-cn-dormir-au-gaz
(3) https://www.nfu.ca/national-farmers-union-supports-safe-working-conditions-for-railway-workers/
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