Tel est l’un des faits saillants de l’enquête menée par la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) et le Syndicat des professionnelles et professionnels du Nord-Est du Québec (SPPNEQ-CSQ) auprès de leurs membres de la région.
Le président de la FPPE-CSQ, Jacques Landry, et la présidente du SPPNEQ-CSQ, Ingrid Scherrer, ont dévoilé ce matin, en conférence de presse, un portrait préoccupant de l’état des conditions de travail et de pratique des professionnelles et professionnels de l’éducation dans la région du Nord-Est du Québec. L’enquête démontre également que près de 20 % des personnes qui ont répondu au sondage songent à quitter leur emploi pour une autre raison que la retraite. Parmi elles, 60 % aimeraient occuper un emploi similaire dans le secteur privé alors que 40 % envisagent d’occuper un autre type d’emploi, toujours dans le secteur privé.
Quant aux raisons invoquées par celles et ceux qui souhaitent quitter leur emploi, 100 % identifient la lourdeur de la tâche comme motif et 75 %, le salaire insuffisant.
Un manque de ressources qui s’explique
La présidente du SPPNEQ-CSQ, Ingrid Scherrer, soutient que le manque de ressources professionnelles est dû notamment à un sérieux problème d’attraction et de rétention du personnel, créé par les conditions de travail peu attrayantes. Outre la surcharge de travail, 54 % des répondantes et répondants au sondage ont identifié trois autres raisons qui expliquent le manque de ressources : l’incapacité à combler les postes, la difficulté à retenir les ressources et le non-remplacement des personnes absentes.
Plus précisément, 80 % des personnes se considèrent en surcharge de travail. Dans ce contexte, 86 % des professionnelles et professionnels interrogés déplorent ne pas pouvoir effectuer d’interventions préventives auprès des élèves et 69 % disent avoir un trop grand nombre d’écoles à couvrir.
Une sous-traitance nuisible
La présidente du SPPNEQ-CSQ identifie également la sous-traitance des services professionnels comme affectant la capacité à assurer des services d’aide aux élèves ayant des besoins.
« Plutôt que d’améliorer les conditions de travail afin d’enrayer les problèmes d’attraction et de rétention du personnel, les directions du centre de services scolaire préfèrent recourir à des ressources externes, notamment en orthophonie, en ergothérapie, en neuropsychologie et en orthopédagogie. Malheureusement, cette façon de faire rend difficile de faire les suivis qui s’imposent à la suite des évaluations. Sans compter que l’absence de ces professionnelles et de ces professionnels dans le milieu scolaire complique d’autant plus les suivis auprès des élèves », explique Ingrid Scherrer.
Cette dernière résume la situation en mentionnant qu’essentiellement, ce sont les élèves qui perturbent le plus la classe qui ont accès aux services d’aide professionnelle, alors que les autres qui ont des besoins qui semblent moins criants sont laissés à eux-mêmes. Pendant ce temps, les problèmes de ces derniers ne font que se détériorer.
Une situation semblable partout au Québec
Pour sa part, le président de la FPPE-CSQ soutient que la situation difficile vécue dans la région de la Moyenne et Basse Côte-Nord du Québec est semblable à celle vécue par le personnel professionnel partout à travers le Québec. « Notre sondage, qui a reçu plus de 3 000 réponses, indique qu’un pourcentage élevé de nos membres songe à quitter son emploi, pourcentage qui varie entre 23,5 % et 51,2 %, selon les corps d’emploi. Les raisons invoquées, par ordre d’importance, sont la lourdeur du travail (63 %), le manque de reconnaissance (49 %) et le salaire (41 %). C’est dire à quel point la situation est sérieuse », de commenter Jacques Landry.
À noter que, parmi ceux qui envisagent de quitter leur emploi, la moitié d’entre eux souhaiteraient aller occuper un emploi semblable au privé où ils bénéficieraient de meilleurs salaires et conditions de travail.
Des faits saillants qui interpellent
Parmi les autres faits saillants ressortant du sondage mené auprès de l’ensemble des membres de la FPPE-CSQ au Québec, notons les suivants :
– 78 % des répondants affirment que seuls les élèves ayant un problème jugé urgent ont accès à un service ;
– 73 % ont identifié une impossibilité de faire le nombre de suivis qu’ils considèrent requis ;
– 66 % mentionnent l’impossibilité de faire des interventions préventives ;
– 56 % ont identifié le manque de ressources dans leur corps d’emploi comme première raison de la surcharge de travail.
Une négociation importante
En terminant, Jacques Landry presse le gouvernement du Québec de profiter de la négociation en cours pour discuter sérieusement avec les porte-parole de la FPPE-CSQ afin d’identifier des mesures concrètes, notamment pour régler les problèmes urgents de manque de ressources professionnelles. « Actuellement, les discussions, aux tables de négociation, piétinent. Le gouvernement ne propose rien de concret pour améliorer la situation actuelle, qui ne cesse de se détériorer », conclut le président de la FPPE-CSQ.
Un message, un commentaire ?