Édition du 17 décembre 2024

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Afrique

Egypte : présentation des organisations politiques liées aux mouvements sociaux

La composition de l’opposition de gauche en Égypte est relativement peu connue. Presse-toi à gauche vous offre le portrait qu’en brosse l’Union syndicale Solidaires.

Du temps de Moubarak existaient au sein du monde du travail et de la jeunesse plusieurs grands courants politiques :

 L’opposition légale respectueuse, essentiellement représentée par la direction du Tagammu ;

 Le Parti communiste, impliqué dans le Tagammu jusqu’à la révolution ;

 Des réseaux militants issus de différents courants de la tradition communiste ;

 Un courant trotskyste , né dans les années 1990, et dont la façade légale était le Centre d’études socialistes. Il est représenté depuis 2010 par deux organisations différentes ;

 Des jeunes, dont une partie seulement se reconnaissait dans les organisations politiques existantes.

Tagammu a eu jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de membres sous l’ancien régime et en aurait toujours des milliers.

L’effectif total des autres organisations ne dépasserait pas aujourd’hui un millier de membres.

Tagammu (en français : Rassemblement)

Sous l’ancien régime, le Tagammu était un parti légal disposant de quelques sièges au Parlement, d’un journal (al Ahâlî), de locaux, de permanents, etc. Certains militants étaient à la fois membres de la direction de Tagammu et de la direction de l’ETUF (la centrale syndicale officielle sous la dictature).

Le parti Tagammu était très complaisant envers Moubarak : son président avait même déclaré que la chute de celui-ci serait négative. Cette attitude a entraîné le départ sur la gauche de militants refusant de telles compromissions.

Parti communiste égyptien

Sous Moubarak, le PC était dans la clandestinité. Il était simultanément impliqué dans le parti légal Tagammu.

Le PC comptait un certain nombre de militants syndicalistes, comme par exemple à Mahallah dans la plus grande usine textile du pays. Il était également présent dans les universités.

Parti socialiste égyptien

Ce parti a vu le jour après le départ de Moubarak. Il a été fondé par des militants issus de différents courants de la gauche marxiste. Le PS est peu présent dans la jeunesse. Il a par contre une influence au niveau syndical par le biais de militants participant depuis les années 1990 à diverses structures militantes, dont le Comité de coordination qui réunit mensuellement de façon informelle des militants syndicaux combatifs.

Socialistes Révolutionnaires

Ce groupe est sorti de la clandestinité en 2011. Sa priorité est d’organiser politiquement des travailleurs, même lorsque ces derniers ne se reconnaissent pas nécessairement dans l’ensemble de ses orientations. Il a fondé à cet effet, le 25 février 2011, le « Parti ouvrier démocratique », au sein duquel les Socialistes révolutionnaires sont le seul courant politique organisé.

Tagdid (en anglais Renewal Socialist ; en français : Renouveau socialiste)

Ce groupe, également clandestin sous Moubarak, est né en 2010 d’une scission des Socialistes révolutionnaires (voir ci-dessus). Il intervient parmi les travailleurs, ainsi qu’au sein des différents mouvements sociaux, à commencer par celui de la jeunesse. Il a joué un rôle important dans la révolution de janvier-février 2011. Renouveau considère que la construction d’un parti large passe par un regroupement préalable de plusieurs courants politiques (voir plus loin).

Tahalouf (en anglais : Socialist People’s Alliance ; en français : Parti de l’Alliance Populaire)

Ce parti a été crée le 26 janvier 2011 à l’initiative de Renouveau socialiste, de militants ayant rompu sur la gauche avec le Tagammu, ainsi que d’intellectuels, de militants syndicalistes, associatifs, et/ou ayant appartenu par le passé à diverses organisations de gauche.

Même s’ils ne s’impliquent pas vraiment dans ce parti, les Socialistes révolutionnaires ont néanmoins un représentant dans sa direction.

Front des forces socialistes (en anglais : Coalition of Socialist Forces)

Constitué le mardi 10 mai, il s’agit pas d’une organisation mais d’une coordination entre l’ensemble des partis pouvant être véritablement ête considérés comme étant de gauche (donc à l’exception de Tagammu) :
 le Parti socialiste égyptien,
 le Parti communiste égyptien.
 l’Alliance populaire socialiste (dont Renouveau socialiste),
 les Socialistes révolutionnaires (et le Parti ouvrier démocratique).

* Paru dans la rubrique internationale du site de l’Union syndicale solidaire wwww.solidaires.org

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