« Les mesures proposées par le Conseil du trésor ont clairement pour but de forcer près de 10 000 employés de l’État, bénéficiant d’une riche expérience, à prendre leur retraite plus rapidement et ainsi assurer une marge de manœuvre au gouvernement et à ses politiques austères », affirme Richard Perron, président du SPGQ.
Le Conseil du trésor propose de repousser de 60 à 62 ans l’âge de la retraite et de hausser la pénalité imposée aux employés qui prennent une retraite anticipée. Ces mesures entreraient en vigueur en 2017. Tout cela incitera près de 10 000 employés à prendre leur retraite d’ici deux ans. Le Conseil du trésor a lui-même reconnu, en 2012, que les départs massifs à la retraite posaient un sérieux problème de maintien de l’expertise au sein de l’État québécois, car il se classait au 5e rang parmi les choix d’employeurs au Québec. Il est donc difficile de comprendre la logique des mesures proposées. Selon le SPGQ, il semble que le gouvernement n’a pas tiré les leçons des conséquences très néfastes qu’a eues ce type de mesure à la fin des années 90, au nom de l’équilibre budgétaire.
D’ailleurs, le directeur de la rémunération globale au Conseil du trésor l’a reconnu lors de l’étude des crédits : ces retraites non prévues viendront s’ajouter à environ 30 000 retraites qui, elles, étaient prévues au cours des deux prochaines années. Des données qui sont bien loin des quelques milliers de départs à la retraite envisagés par le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, au lendemain de l’annonce de ces mesures.
« D’ici deux ans, près de 40 000 employés de l’État quitteront la fonction publique. Des employés compétents qui partiront avec un bagage professionnel essentiel au bon fonctionnement de l’appareil étatique. À l’heure où l’on prône une rétention de l’expertise au sein de l’État pour éviter les déboires de la sous-traitance, comment M. Coiteux peut-il expliquer vouloir ainsi se délester rapidement de ses éléments les plus expérimentés ? », se questionne Richard Perron.
Une hausse de 23 % des demandes d’information concernant les départs à la retraite a été observée à la Commission administrative des régimes de retraite et d’assurances. Malheureusement, il s’agit d’une preuve tangible que les menaces du gouvernement fonctionnent alors que le SPGQ, de son côté, plaide pour une préservation et un transfert de l’expertise nécessaire au bon fonctionnement de l’État québécois.
« Le gouvernement dit vouloir travailler avec tous les acteurs du milieu pour assurer un meilleur fonctionnement de l’appareil public. Pour ce faire, il doit diminuer la sous-traitance et s’assurer de conserver l’expertise au sein de l’État. Pourtant, le gouvernement n’a pas invité les syndicats au Conseil consultatif québécois des technologies de l’information. Pire, il continue de faire affaire avec des sous-traitants en plus de pousser à la retraite ses employés avec ces mesures drastiques. C’est clair, la lente agonie de l’expertise au sein de la fonction publique se continue. Il est temps de prendre les mesures pour rétablir la situation et encourager le développement de l’expertise de l’État », conclut M. Perron.