Édition du 19 novembre 2024

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Syndicalisme

Déclin du français ? Ben voyons donc ! 

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
(SPGQ) déplore le nationalisme de façade du gouvernement en matière
linguistique alors qu’il vient de torpiller une motion visant à mieux
protéger la langue officielle.

Cette motion invitait la députation de l’Assemblée nationale à déclarer
l’urgence linguistique au Québec et demandait au gouvernement de freiner le
déclin du français. Elle a été rejetée sous prétexte d’empêcher la
redirection d’investissements de 750 millions $ destinés aux projets
d’agrandissement du collège Dawson et de l’Université McGill vers des
institutions d’enseignement supérieur francophones, ce qui apparaît aux
yeux du SPGQ comme cynique et irresponsable.

Cynique parce que le ministre responsable de la Langue française, Simon
Jolin-Barrette, n’offre pour l’instant que de vagues intentions de
présenter un plan misant sur l’exemplarité de l’État quant à la langue
française. La motion demandait au gouvernement d’agir concrètement pour
freiner l’érosion du français, un an après la parution d’un rapport
troublant du Conseil supérieur de la langue française sur les pratiques
linguistiques des ministères et organismes publics au Québec. En demeurant
au stade des intentions, le ministre semble nous dire : « Déclin du
français ? Ben voyons donc ! »

Tristement irresponsable, car le ministre sait depuis un an que des proportions
inquiétantes d’employés de l’État, à Montréal, à Laval et en Outaouais,
utilisent parfois une autre langue que le français dans leurs échanges avec
des collègues ou des contribuables québécois. Doit-on en déduire que les
ressources au ministère de M. Jolin-Barrette sont insuffisantes pour
établir le français comme langue de travail et celle des échanges entre
collègues sur les lieux de travail au Québec ? Au SPGQ, nous croyons que
l’absence de gestes significatifs, trop longtemps attendus pour freiner
l’érosion du français en milieu de travail, justifie de déclarer l’urgence
linguistique au Québec.

Le SPGQ ne nie pas le déficit d’espace pouvant contraindre les activités et
la mission du collège Dawson. Par contre, quand de larges pans du réseau de
l’éducation et de l’enseignement supérieur pataugent en déficit structurel,
quand les établissements privés cannibalisent les ressources d’un réseau
public déjà à bout de souffle et en manque criant de personnel, il serait
sage de tenir compte de l’ensemble des besoins du réseau, ce qui inclut
ceux du collège Dawson et de l’Université McGill.

Battre une motion qui demande de renforcer la Charte de la langue française
et d’en assurer l’application partout au Québec, c’est un peu comme
d’abandonner au feu notre bien le plus précieux, celui qui nous unit, nous
façonne, nous construit, nous cimente. Certes, la pandémie et la relance
économique commandent des choix difficiles. Cependant, aucun cataclysme,
peu importe son ampleur, ne devrait nuire au choix de vivre, de parler et
de travailler en français au Québec.

Line Lamarre

Présidente

Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

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