Les déclins ont été moins spectaculaires en Amérique du Nord (39 %), mais seulement parce que des impacts à grande échelle sur la nature étaient déjà visibles avant 1970 dans cette région. Ces constats se basent sur l’Indice Planète vivante (IPV), qui est calculé par la Société Zoologique de Londres (ZSL) et basé sur les tendances de près de 35 000 populations et 5495 espèces d’amphibiens, de mammifères, d’oiseaux, de poissons et de reptiles entre 1970 et 2020.
Le déclin des populations d’espèces peut agir en tant que signal d’alerte précoce de l’augmentation du risque d’extinction et de la perte potentielle d’écosystèmes sains. Une fois dégradés, les écosystèmes cessent de fournir aux humains les avantages dont nous dépendons - de l’air et de l’eau propres et des sols sains - et deviennent plus vulnérables aux points de bascule provoquant alors un bouleversement considérable et potentiellement irréversible.
« La nature émet un appel de détresse. Les crises liées de la perte de nature et du changement climatique poussent les espèces et les écosystèmes au-delà de leurs limites, avec des points de bascule mondiaux menaçant de dégrader des systèmes qui sont le fondement de notre vie sur Terre, et de déstabiliser des sociétés, affirme Kirsten Schuijt, directrice générale du WWF International. Les conséquences catastrophiques découlant de la perte de certains de nos écosystèmes les plus précieux, comme la forêt amazonienne et les récifs coralliens, seraient ressenties par les humains et la nature à travers le monde. »
Le rapport arrive à la suite de l’année 2023, qui a établi un record de feux de forêt au Canada et vu les feux en Amazonie atteindre en aout leur plus haut niveau en 14 ans. Il sort aussi juste avant que la communauté internationale se rassemble pour la COP16, la conférence des Nations unies sur la biodiversité à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre.
« Le RPV arrive à un moment charnière, où les leaders mondiaux se rassemblent à la COP16 pour mettre à jour leur progrès et leur plan visant à atteindre les objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité signé à Montréal en 2022, pour protéger et restaurer un tiers de la planète, affirme Megan Leslie, PDG du WWF-Canada. Les constats du RPV sont un rappel que nous devons agir de toute urgence pour freiner et, encore mieux, renverser la perte de biodiversité avant qu’il ne soit trop tard. »
La conférence suivante des Nations unies sur le climat, la COP29, s’ouvre quelques semaines plus tard à Bakou, en Azerbaïdjan, et les deux sommets internationaux représentent une occasion pour les pays de se montrer à la hauteur du défi. Le WWF demande aux pays de produire et de mettre en œuvre des plans nationaux pour la nature et le climat qui soient plus ambitieux (SPANB et NDC) qui incluent des mesures pour réduire la surconsommation mondiale, freiner et renverser la perte de biodiversité et couper les émissions de carbone - le tout de façon équitable, comblant l’écart financier entre les nations développées et en développement, et mettant de l’avant les droits des peuples autochtones.
Le Rapport Planète vivante nous rappelle que les engagements nationaux et l’action sur le terrain tirent énormément de l’arrière par rapport à ce qui est nécessaire pour atteindre les cibles de 2030 et freiner et renverser la perte d’espèces, tout en réduisant les effets nuisibles des dérèglements climatiques.
Note aux éditeur.rice.s
* L’Index Planète vivante montre un déclin de 73 % en moyenne des populations d’espèces suivies de vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons). Le changement de pourcentage de l’index reflète le changement proportionnel moyen dans la taille des populations suivies d’animaux dans des sites à travers le monde par rapport à un portrait de base de 1970. Cela ne reflète pas le nombre d’animaux individuels disparus ni la quantité de populations disparues.
– Au niveau régional, l’Amérique latine et les Caraïbes connaissent une baisse de 95 %, l’Afrique de 76 %, l’Asie et le Pacifique de 60 %, l’Amérique du Nord de 39 % et l’Europe et l’Asie centrale de 35 %.
– Veuillez noter que les publications successives de l’IPV ne sont pas directement comparables, puisqu’elles contiennent différents ensembles d’espèces. Il est aussi primordial de noter l’importance du portrait de base de 1970 pour les diverses régions suivies. Tant en Europe qu’en Amérique du Nord, des impacts à grande échelle sur la nature étaient déjà visibles avant le début de l’index en 1970, ce qui explique pourquoi la tendance semble moins négative.
– Le RPV ne fournit pas de tendances spécifiques au Canada, mais le Rapport Planète vivante Canada 2020 (RPVC) montre que les espèces dont la conservation suscite des préoccupations à l’échelle mondiale, qui sont menacées de disparition selon la Liste rouge de l’UICN, ont connu un déclin de 42 % en moyenne de 1970 à 2016. Malgré ces tendances négatives, le RPVC a aussi constaté que les populations d’espèces ciblées par des actions de conservation à grande échelle ont connu une hausse moyenne de 40 % durant la même période. La publication du prochain RPVC est prévue en 2025.
– Le RPV 2024 est la 15e édition de la publication biennale emblématique du WWF International. Le rapport complet (en anglais) et ses versions résumées sont disponibles ICI, avec photos et des images non montées (b-roll) pour la télévision. Une version PDF du rapport en français est disponible sur demande media@wwfcanada.org.
– Les solutions basées sur la nature utilisent la puissance de la nature pour soutenir les écosystèmes, la biodiversité et le bienêtre humains afin de s’occuper d’enjeux sociétaux majeurs, notamment la crise climatique. Par exemple, la restauration de forêts, de milieux humides et de mangroves peut aider le stockage de carbone, améliorer la qualité de l’eau et de l’air, améliorer la sécurité alimentaire et hydrique, et aider à protéger contre l’érosion et les inondations.
– Les pays doivent soumettre leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité suivant le Cadre mondial pour la biodiversité avant la COP16 à Cali en Colombie (du 21 octobre au 1er novembre 2024). Le WWF exhorte les pays à s’assurer que ces plans et ces stratégies sont ambitieux et inclusifs, et à augmenter le financement destiné à la biodiversité. Vous pouvez en lire davantage sur les attentes du WWF à propos de la COP16 ici (en anglais).
– En vertu de l’Accord de Paris, les pays doivent présenter des nouveaux plans climatiques (Contributions déterminées au niveau national - CDN) en 2025, qui serviront d’orientation sur leurs façons de contribuer à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Ces plans doivent inclure une feuille de route pour une sortie équitable des combustibles fossiles et des systèmes alimentaires transformateurs. À la COP29 de Bakou en Azerbaïdjan (du 11 au 22 novembre), le WWF espère voir un accord sur un nouvel objectif de financement climatique ambitieux pour répondre aux besoins d’atténuation et d’adaptation des pays en développement. Vous pouvez en lire davantage sur les attentes du WWF à propos de la COP20 ici (en anglais).
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