21 usines de General Motors en Amérique du Nord pourraient cesser de fonctionner durant le mois de janvier. GM vise la réduction de sa production de 250 000 véhicules pour le premier trimestre compte tenu de l’importance des surplus d’inventaires ce qui se manifeste concrètement par les voitures neuves invendues qui restent dans les cours des concessionnaires.
L’intervention tant de Washington que d’Ottawa vise à restaurer le marché et les profits des trois grands.
Washington envisage un plan de 14 milliards de dollars de prêts destinés à GM, Ford et Chrysler... pour appuyer une restructuration majeure de ces trois entreprises. Cette restructuration conduira de toute façon à des pertes d’emplois importantes non seulement chez les trois grands, mais également chez les fournisseurs qui sont liés à ces derniers par des contrats de sous-traitance. Ce plan, déjà approuvé par le Congrès, a été jusqu’ici rejeté par le Sénat américain. Au Sénat, la négociation de ce plan a achoppé sur la question des salaires. Les sénateurs républicains ont refusé de le voter et ils demandent pour l’accepter d’y inclure une baisse salariale d’environ 30 % pour l’ensemble des travailleurs de l’automobile. Le syndicat des Travailleurs Unis de l’Auto a refusé jusqu’à maintenant cette proposition et veut renvoyer la question à 2011.
Au Canada, la faillite possible des constructeurs automobiles américains pourrait toucher jusqu’à 400 000 emplois, principalement en Ontario. Pour répondre à cette situation, les gouvernements d’Ottawa et de Queenspark mettent de l’avant un budget de 3,5 milliards de dollars canadiens. Ce montant représente 20 % du plan américain, soit une proportion équivalente au nombre de véhicules produits au Canada par General Motors, Ford et Chrysler. Mais il ne représente que la moitié de ce que les trois constructeurs réclament. Il faut donc s’attendre à ce que les gouvernements injectent d’autres milliards dans les prochains mois.
Les Travailleurs Canadiens de l’Auto ont demandé à Ottawa de ne pas attendre le plan américain et de procéder immédiatement dans l’application de son plan. Le président des TCA, Ken Lewenza rejette également la proposition d’une réduction de salaire qui serait imposée aux travailleurs et travailleuses de l’automobile.
Poser la question seulement en termes de renflouement et de restructuration de l’industrie automobile sous la responsabilité des propriétaires actuels ne vise qu’à restaurer leurs profits et conduira aux mêmes impasses. Ces politiques de relance ne peuvent conduire à un rétablissement d’une répartition plus équitable entre salaires et profits. C’est plutôt sur l’aggravation de la diminution de la part salariale à laquelle nous risquons d’assister, conduisant de la récession à la dépression.
Le renflouement est une mesure insuffisante pour faire face à l’ampleur de la crise et aux nécessités environnementales. Les articles de Sam Gindin et de Dianne Feeley esquissent des voies de sortie de la crise qui vont bien au-delà du simple renflouement financier de ces trois grandes entreprises qui portent la responsabilité principale (voir l’article de Freyssenet et Jetin) dans la crise dans laquelle elles entrainent des centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses.