Édition du 5 novembre 2024

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Politique d’austérité

Conservatoires : encore des craintes...

Le SFPQ salue la réponse de la ministre au rapport déplorable émis par le Conseil d’administration du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec. Rappelons toutefois l’étrangeté de la situation : la ministre s’insurge d’un rapport qu’elle a elle-même commandé, après avoir nommé au printemps dernier le président du Conseil d’administration qui l’a réalisé. Est-il possible que la recommandation drastique proposée soit la seule possible pour se conformer aux exigences irréalistes de son gouvernement ?

L’auteure est présidente générale, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec.

Bien que la ministre tente de calmer la grogne en parlant de l’importance de préserver l’enseignement en région, un doute demeure quant à sa volonté réelle. En effet, Mme David a plusieurs fois évoqué des relocalisations des conservatoires dans des institutions tierces comme une solution acceptable de réduction des dépenses. Un document de consultation préparé pour le ministère de la Culture et des Communications au printemps 2014 mentionnait ce type de mesures transitoires dans la perspective d’une centralisation à Québec et à Montréal. Cela ressemble fort à ce que la ministre semblait avoir en tête jusqu’ici.

L’avenir des conservatoires est aujourd’hui au coeur de l’actualité. Toutefois, c’est dans l’ombre que leurs déboires financiers ont commencé dès 2007, lorsqu’ils ont été exclus du ministère de la Culture et des Communications. Clairement, les sommes alors octroyées ne permettaient pas de rejoindre leurs obligations. Depuis, les différentes administrations tentent tant bien que mal de limiter les dépenses pour boucler un budget équilibré. Cet automne même, du personnel de plusieurs conservatoires était congédié pour économiser quelques milliers de dollars. Ces économies de bouts de chandelle touchent plusieurs employés attitrés aux bibliothèques ainsi qu’au support administratif.

Investissements récents

Les problèmes financiers du réseau ont été accentués par des investissements jugés nécessaires par le gouvernement libéral de l’époque pour adapter les locaux. Ainsi, plusieurs conservatoires en région ont fait l’objet de rénovations ou d’expansions importantes récemment. Par exemple, celui de Val-d’Or a complètement été remis à neuf en 2013, celui de Gatineau en 2011 et celui de Rimouski en 2007. Uniquement pour Val-d’Or, ces travaux ont coûté plus de 6,6 millions $. Ces investissements reflètent l’importance accordée au développement de talents musicaux dans les régions et ils auraient dû être accompagnés de sommes suffisantes pour assurer leur viabilité.

Bouleverser l’organisation des conservatoires, ce serait non seulement risquer de perdre ces équipements, ce serait aussi prendre le risque de voir s’envoler l’expertise du personnel de soutien (administratif, technique, documentaire) qui les font vivre au jour le jour. Ce personnel, qui accompagne les professeurs de l’État dans leur mission éducative, est essentiel au maintien d’un milieu d’apprentissage optimal pour les élèves et il doit être protégé. Les conservatoires ne doivent pas être seulement des programmes de musique dans des écoles autrement pluridisciplinaires (cégeps, universités, etc.), ils doivent demeurer de hauts lieux du savoir musical, spécialisés et indépendants. D’éventuels déménagements mettraient en danger la visibilité et l’attrait de ces institutions déjà fragilisées par la valse-hésitation de la ministre, facilitant d’autant leur centralisation dans les grands centres.

Si la ministre est sérieuse et qu’elle souhaite « prendre le parti des étudiants, prendre le parti des régions », elle doit s’assurer que son gouvernement finance les conservatoires à la hauteur de leurs besoins afin qu’ils puissent conserver leur personnel dédié et expérimenté. Le programme de rationalisation des dépenses dans lequel la ministre semble s’engager met en danger leur mission fondamentale. La famine ordinaire des conservatoires doit cesser, même quand les projecteurs les auront quittés.

Lucie Martineau

Présidente, SFPQ

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