Édition du 17 décembre 2024

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Compressions possibles dans les universités québécoises, les employés préviennent que le citron est déjà bien pressé (SCFP)

MONTRÉAL, le 15 févr. 2013 - Les employés des universités québécoises n’entendent pas faire les frais des compressions récemment évoquées. « Le citron a déjà été pressé et plusieurs fois, prévient Carole Neill, la présidente du Conseil provincial du secteur universitaire (CPSU, affilié au SCFP). Merci, mais on a déjà donné », lance-t-elle pour résumer l’état d’esprit des quelque 11 000 employés universitaires qu’elle représente.

Carole Neill rappelle que la surcharge de travail du personnel de soutien générée par l’augmentation des effectifs étudiants, du personnel enseignant, du personnel de direction et du parc immobilier est réelle et critique. « Nous avons déjà démontré à quel point cette situation a un impact sur la qualité de l’enseignement et le service aux étudiants. Malheureusement, déplore-t-elle, le nombre d’employés de soutien a stagné dans le meilleur des cas et a même diminué dans les pires cas. Cela n’est pas sans conséquences : par exemple, dans plusieurs établissements, on voit les congés de maladie se multiplier. Quant aux services rendus par les employés, on constate que les délais et la qualité en souffrent. »

Quelle sorte d’université ?

Lors de son point de presse (vendredi matin), la présidente de la CREPUQ a indiqué à un journaliste qu’il faudra répondre à la question « Quelles universités nous voulons pour l’avenir ? ». La rectrice de l’Université de Sherbrooke a le mérite de poser la bonne question. Malheureusement, la réponse que la CREPUQ voudra y donner se bornera très probablement à réclamer l’autonomie de sa gestion, en omettant bien de préciser quel genre d’universités les recteurs souhaitent pour le Québec. « La CREPUQ affirme vouloir "protéger l’université de toute influence indue". C’est un peu court. On aimerait bien qu’elle élabore un peu plus sur les rapports entre les entreprises, l’université, la recherche et les développements immobiliers. »

Carole Neill, rappelle que la crise que le Québec a vécue le printemps dernier « n’a été que le point culminant d’un profond malaise dont les droits de scolarité n’étaient qu’une manifestation. On peut identifier le malaise à l’aide d’une seule question : quelle université voulons-nous financer ? Le nœud du problème est là et pas ailleurs. »

Définir l’université que l’on veut pour le Québec

Le CPSU reprend à son compte les quatre types d’universités identifiés par le président du Conseil supérieur de l’éducation, Claude Lessard. « Le Québec, explique-t-elle, devra choisir le genre d’université qu’il veut. Il faut vider ce sujet. Sinon, nous risquons comme société de retomber à répétition dans les mêmes débats voire les mêmes crises. »

* Le premier type, l’université libérale, lieu de transmission d’un savoir qui est en lui-même sa propre fin.

* Deuxième type, l’université scientifique, qui, grâce à la science et à sa méthode positive, poursuit une mission essentielle de recherche de la vérité.

* Troisième type, l’université comme service public qui, sans renoncer aux exigences académiques, est partie prenante de la société ; elle est une source de progrès social, culturel et économique.

* Quatrième type, l’université dite entrepreneuriale marquée par : 1) l’accélération de la mondialisation ; 2) l’émergence d’une économie fondée sur la connaissance ; 3) le retrait progressif de l’État du financement de l’enseignement supérieur ; 4) l’accent mis par les politiques publiques de développement économique sur l’innovation.

Les employés des universités québécoises plaident en faveur de l’instauration d’une Charte nationale de l’université québécoise. Ils estiment que, sans renoncer aux exigences académiques, les universités québécoises doivent être un service public. « Pour nous, le choix est clair, nous voulons une université ouverte aux aspirations de la société et partie prenante de son développement social, culturel et économique. Et cela comporte des obligations à l’égard des différents acteurs de sa propre communauté. »

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