Elles peuvent sembler sans grand lien avec le Québec et sa situation politique apparemment si paisible ! (Rappelez-vous le peu de réaction collective à la loi 142 !)
Et plus d’un journaliste d’ici, marqué au coin par le néolibéralisme ambiant, n’aura pas manqué d’insinuer -lisez les chroniques de Christian Rioux dans Le Devoir !- qu’il s’agit là d’une caractéristique bien française dont nous sommes, de ce côté de l’Atlantique, heureusement prémunis.
Car descendre dans la rue à quelques millions pour contester si chaotiquement et massivement n’est-il pas ultimement le symptôme d’un refus déraisonnable, celui de prendre en compte les inévitables contraintes économiques contemporaines ? Tel est le discours qui court dans bien des médias d’ici.
Quelque chose de décisif
Et, pourtant, comment ne pas voir que derrière cette partie de bras de fer se joue quelque chose de décisif ? Pour les jeunes étudiants et salariés de France bien sûr, qui refusent de se voir entraîner dans la précarisation néolibérale et de faire les frais de politiques remettant en cause une série d’acquis sociaux durement gagnés dans les décennies passées, et notamment un code du travail à portée universelle.
Mais pas seulement pour eux et elles ! Pour tous ceux et celles qui ailleurs -au Québec en particulier- aspirent à un autre monde possible et désespèrent de la démocratie représentative et de ses politiciens saltimbanques qui, une fois au pouvoir, s’empressent de s’agenouiller servilement devant les diktats des grands marchés financiers. Avec à la clef un formidable sentiment d’impuissance qui ne cesse de s’irradier alentour ! Comme une terrible peste !
Le secret de la démocratie
Car là-bas, il y a en ce printemps 2006, à côté des partis des urnes de la démocratie représentative libérale, d’authentiques partis de la rue, de puissants mouvements sociaux qui peuvent au moins rappeler à la classe politique traditionnelle française ce qu’elle s’acharne à ne pas voir.
Et qui peuvent le faire parce qu’ils sont unis et décidés et parce qu’ils savent que la politique démocratique n’est pas qu’affaire de vote et d’institution parlementaire, mais aussi et surtout participation active et irruption audacieuse de ceux et celles qui sont oubliés, qu’on ne prend pas en compte.
C’est là le secret de la démocratie et ce que tant de gens, là-bas, en France, dans la fébrilité des préparatifs de cette journée de grève et de manifestation, sont en train de nous rappeler. Saurons-nous les entendre ?
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