Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Afrique

Burkina, Instantanés d’un pays en guerre

Le Burkina subit une guerre dont il n’est en rien responsable. Cet article, fait suite à un séjour d’un mois, en octobre novembre 2019 et rend compte de la situation du pays, les réactions de ses habitants et questionne sur la politique française dans la région.

Tiré du blogue de l’auteur.

Les habitants de Ouagadougou semblent vaquer tranquillement à ses occupations. Une circulation dense quotidienne, relativement fluide si ce n’est aux heures de pointe ou aux abords des lieux des travaux d’amélioration de la voirie. Et toujours ce flot important de deux roues submergeant souvent les voitures sauf lorsqu’une voie spécifique leur est réservée. Le quartier du marché grouille de monde dénotant une intense activité commerciale. Des parkings comptent des centaines de deux roues, rangés dans un ordre que seuls les gardiens savent décryptés.

On se plaint ici aussi du réchauffement climatique, la baisse de température a pris du retard disent les Ouagalais qui qualifient la chaleur d’étouffante en cette fin d’octobre, début novembre.

Le soir, à la tombée de la nuit, les « maquis » commencent à se remplir petit à petit jusqu’à une heure avancée, partout dans la ville. Les Ouagalais aiment cette fraicheur relaxante, après ces journées écrasantes de chaleur. Ils se retrouvent en amoureux dans des espaces sombres ou en groupes pour évoquer souvent avec passion la situation du pays, échanger les dernières informations. On y déguste, brochettes, poulets et poissons braisés, souvent autour de bières ou de « sucreries » mais aussi de jus naturels locaux.

Seuls les endroits les plus chics, fréquentés surtout par les européens, sont sécurisés par des hommes en arme qui fouillent consciencieusement vos sacs ou passent tout autour de votre corps des détecteurs de métaux.

Peu de forces de l’ordre en ville. Si ce n’est, dans la journée, des groupes de policiers omniprésents à tous les carrefours. Une campagne de contrôle des « pièces », les papiers, me dit-on, tout en verbalisant ceux qui grillent les feux rouges. La discipline n’est pas la spécialité ici. On se plaint tout le temps du développement de l’incivilité. Ceux qui ne sont pas en règle sont bloqués sur place. Il faudra aller chercher leurs deux roues à la police à moins qu’une négociation, souvent financière, permette de trouver une solution plus rapide.

Très rarement quelques pickup isolés, équipés d’une automitrailleuse traversent la ville, des hommes en uniformes bien armés postés sur la plateforme arrière.

La ville parait calme, sereine. Certains se plaignent d’une trop grande insouciance de la capitale, loin des combats, regrettant que trop de Ouagalais vivent finalement trop normalement. Pourtant les conversations avec les amis permettent de prendre la mesure du drame qui se joue dans le pays, lorsqu’ils évoquent la guerre « asymétrique » comme on dit ici, les attaques incessantes dans le nord ou l’est du pays. La population inquiète, révoltée, impuissante accuse le coup.

En réalité, l’écrasante majorité des Ouagalais conservent des liens avec leurs régions d’origine. Les nouvelles leur parviennent par téléphone directement via la famille. Dans certains endroits, notamment dans le nord la situation est dramatique. Des groupes armés souvent non identifiés, tuent des instituteurs ou autres fonctionnaires pour mettre fin aux rares services publics, éliminant ainsi toute présence de l’Etat. On évoque en boucle le chiffre de 35% du territoire hors de contrôle.

Les attaques sont nombreuses, diverses, incessantes, meurtrières surtout dans le nord et l’est

Nous rendons compte ici des différentes attaques qui se sont déroulés durant notre séjour, montrant leur diversité et leur ampleur, pour témoigner d’une litanie effroyable. Il s’agit d’illustrer la gravité de la situation.

Ce pays était réputé pour son pacifisme, la douceur et l’hospitalité de ses habitants. Il tombe petit à petit dans l’horreur. Dans une guerre venue d’ailleurs mais qui s’installe durablement.

 Le 11 octobre, des individus armés ont attaqué la grande mosquée de Salmossi, au moment de la prière, à une vingtaine de kilomètres de Gorom-Gorom, l’une des villes du Nord, faisant au moins seize morts.

 Dans la nuit du 18 au 19 octobre, deux détachements de l’armée de Bahn et de Yensé dans le nord tombent dans une embuscade, causant 5 morts et 11 blessés.

 Le 19 octobre 6 civils ont été tués et un autre blessé, à Dambatao, commune de Sollé dans le Loroum (Nord) par des assaillants à moto ayant pris la fuite vers le Mali.

 Le 20 des individus armés attaquent un village situé à 8 km de Kongoussi, une importante ville du centre nord

 Le 25 octobre un enseignant est tué dans la province du Lorum alors qu’il se rendait dans une réunion de travail.

 Le 21 octobre, des individus armés ont tué lundi, sept personnes à Rounga, commune de Ouindigui, à une trentaine de kilomètres à l’Est de Titao (Nord).

 Deux jours plus tôt, des attaques successives dans les villages de Sirfou et Hitté dans la même commune, ont fait 5 morts parmi les populations civiles.

 Un policier a été mortellement atteint par une balle, dans la nuit du 27 au 28 octobre. A la suite d’une attaque des « bandits armés » ont pris pour cible le poste de police du site d’orpaillage de Karentenga dans le département de Guibaré, province du Bam.

A chaque fois de nouvelles familles abandonnent leurs villages, à la recherche de zones sécurisées, alors qu’elles n’ont souvent pas encore fait la récolte du mil. Kongoussi a vu l’arrivée de nombreux réfugiés entrainant un important mouvement de solidarité dans la ville mais aussi dans la capitale où plusieurs collectes de vivres ou de fonds ont été organisées. Les villages de cette partie du Burkina Faso sont en train de se vider entièrement de leurs habitants. De nombreuses familles ont, en effet, abandonné gîtes et biens par peur des représailles pour se réfugier dans des villes importantes, Kaya, Kongoussi, Ouahigouya, Dor, Djibo etc...

En réalité, il semble bien qu’une infime partie des incursions armées dans les villages sont reprises pas la presse. D’ailleurs, elle n’est plus guère présente dans le nord. Les reportages sont très rares, mais quelque fois les médias publient des interviews de témoins. Tout le nord et l’est semblent infestés de terroristes qui semblent se déplacer sans grande difficulté.

 Dédougou, le 1er novembre 2019, le commissaire de police de Sanaba dans la province des Banwa, au nord-ouest de Ouagadogou a été tué, le commissariat incendié dans une attaque perpétrée dans la soirée du jeudi 31 octobre 2019, par une petite dizaine de motos.

 Le 3 novembre c’est le maire de Djibo, une des deux grandes cités du Nord du pays avec Dori, est assassiné avec de 3 de ses collaborateurs sur la seule route qui mène vers le sud du pays. Le véhicule a d’abord sauté sur un engin explosif, renversant et blessant les passagers. Les terroristes sont alors arrivés. Ils ont bloqué un car, fait descendre les hommes pour faire sortir les blessés qu’ils ont achevé de sang-froid avant de repartir, selon les récits recueillis par la presse. La route a été coupée quelques jours jusqu’à ce qu’on apprenne qu’un convoi sécurisé a pu y retourner permettant de la ravitailler en carburant.

Le bruit avait couru que la ville avait été encerclé par des terroristes et qu’une attaque était imminente. Les soldats français de l’opération Barkhane ont alors été sollicités et environ 70 d’entre eux sont venus renforcer la garnison de la ville. Le bruit avait alors couru, démenti depuis, qu’une base française était en construction, alors qu’il ne s’agissait que d’un cantonnement provisoire.

 Le 6 novembre l’horreur monte d’un cran, lorsqu’on est diffusé la nouvelle d’une attaque d’un convoi de la mine d’or de la SEMAFO, exploitée par une société canadienne, dans l’est du pays, région que l’on croyait pourtant sécurisée après opération militaire importante de l’armée burkinabè en mars qui avaient alors permis de sécuriser la région alors qu’elle avait subi des nombreuse attaques suivie. 38 morts et près de 60 blessés, l’attaque la plus meurtrière depuis les premières attaques terroristes, il y a près de 5 ans. Un récit qui fait froid dans le dos. Le convoi comptait 5 bus, escortés par des militaires et des compagnies de sécurité. Deux d’entre eux ont été bloqués. Les terroristes ont mitraillé les personnes dans les bus ou à l’extérieur. Ce n’est que 3 heures plus tard que les renforts sont revenus, selon un témoignage reçu par une personne qui s’était cachée sous des corps.

Le Président Roch Marc Christian Kaboré déclare alors 3 jours de deuil national. Le pays est en état de choc. Il appelle au recrutement de volontaires sans plus de précision ce qui entrainera des déclarations successives du ministre de la défense Cheriff Sy, appelant à attendre les précisions de l’armée, et du ministre de la sécurité, Ousséni Compaoré précisant que ses recrutements seront encadrés par un décret.

A chaque fois de nouvelles familles abandonnent leurs villages, à la recherche de zones sécurisées, alors qu’elles n’ont souvent pas encore fait la récolte du mil. Kongoussi a vu l’arrivée de nombreux réfugiés entrainant un important mouvement de solidarité dans la ville mais aussi dans la capitale où plusieurs collectes de vivres ou de fonds ont été organisées. Les villages de cette partie du Burkina Faso sont en train de se vider entièrement de leurs habitants. De nombreuses familles ont, en effet, abandonné gîtes et biens par peur des représailles pour se réfugier dans des villes importantes, Kaya, Kongoussi, Ouahigouya, Dori, Djibo etc...

D’autres attaques vont encore ensanglanter ce mois de novembre, mais cette fois contre les militaires.

 Le 11 novembre un détachement à Foutouri dans la province de la Komandjari riposte à un assaut et neutralise 3 terroristes, selon un communiqué de l’armée et récupère de l’armement et des munitions.

 Le 15 novembre une quarantaine d’hommes selon l’agence de presse du Burkina sont arrivés dans un village Namsiguian, proche de Kongoussi dans la province du Bam et ont pu être repoussés par les militaires présents sur les lieux.

 Dix-huit assaillants ont été tués et une importante quantité d’armement saisie le mercredi 20 novembre 2019, à Arbinda dans le Sahel au Burkina, selon la gendarmerie, après une attaque contre l’escadron de gendarmerie et la brigade territoriale qui a pu riposter. Un gendarme aura été tué et 7 blessés dans les combats. D’autres communiqués de victoire étaient publiés début décembre par l’armée.

En octobre novembre, quelques nouvelles pouvaient rassurer momentanément démontrant une certaine efficacité des ripostes des forces de sécurité après de nombreux revers. D’autant plus qu’on annonçait la neutralisation d’une cellule terroriste membre de Ansarul Islam affiliée à la Katiba Macina, composée de 6 personnes, ayant mené quelques attaques dans la région. Leur chef, surnommé Abdoul Hadi, activement recherché par les forces de sécurité, serait un lieutenant de Malam Dicko, décédé en 2017, le chef d’Ansarul Islam. Mais cette cellule opérait dans le Nahouri la région de Po, proche du Ghana à l’opposé du nord du Burkina.

Plusieurs nouvelles plutôt rassurantes me parvenaient à Ouagadougou. A Ouahigouya, on assistait à un début de retour des populations, après des opérations de ratissage de l’armée. Dans le grand nord aussi, lors d’une rencontre avec des membres du Balai citoyen, l’un d’eux tient à témoigner de ce qui se passe chez lui dans le grand nord. Les populations sont bien décidées à s’organiser et à riposter. La route de Djibo a été vite rouverte pour permettre son ravitaillement.

La situation semble s’aggraver

Mais elles n’annoncent en rien un retournement définitif de la situation, car on apprenait le 1er décembre l’attaque d’une église évangéliste occasionnant 14 morts dans la province de Komandjoari à l’est du pays, alors que plusieurs prêtres avaient déjà été assassinés cette année.

Depuis les nouvelles ne sont guère optimistes. Les attaques n’ont cessé de se succéder, toutes plus ou moins suivies de ripostes, notamment lorsqu’elles ont touché des détachements militaires. Mais on ne peut plus véritablement parler de retournement de situation.

La dernière période a été particulièrement meurtrière avec plusieurs attaques de village, les terroristes s’en prenant aux civils sans protection les assassinant sauvagement.

Une double attaque a touché de nouveau la localité d’Arbinda, dans le ce Soum,

 Le 23 décembre 2019. Les attaques contre le détachement militaire et la localité d’Arbinda ont fait 7 morts parmi les militaires et 35 parmi les civils, surtout des femmes. En rappel, 80 terroristes ont été tués dans les affrontements selon les chiffres officiels.

 Au moins quatorze civils, dont des élèves, ont été tués samedi 4 janvier 2020 par l’explosion d’un engin artisanal au passage d’un car, dans le nord-ouest du Burkina Faso, a-t-on appris de sources sécuritaires.

 Des individus armés ont perpétré une attaque, le lundi 20 janvier 2019, dans les villages d’Alamou st de Nagraogo dans le Centre-Nord du Burkina, assassinant 36 civils. Un témoin raconte : « Ils étaient une quarantaine, sans exagérer. Ils sont venus à moto, la moitié partait d’un côté et l’autre de l’autre coté, ils étaient enturbannés. On ne voyait pas leur visage. Ils roulaient vite. Ils roulaient dans le marché et ils tiraient »

 Une attaque contre le village de Silgadji, dans le Soum, le 25 janvier 2020, a fait 39 morts selon le bilan dresse par le gouvernement.

 Dans la nuit du 1er au 2 février une centaine de terroristes à moto ont encerclé le village de Lamdamol dans le département de Bani et assassiner 18 personnes.

Un bilan récent du ministre de l’éducation fin janvier fait état de 10 enseignants assassinés et plus de 2405 écoles fermées, (voir ici).

 Dans la nuit tu 7 au 8 février des terroristes ont attaqué le village de Siéwami dans la province du Kossu assassinant 11 civils, brulant des boutiques, des maisons, des greniers de céréales.

Cette chronique incomplète des attaques subies par le Burkina démontrent l’horreur qui s’est abattu sur le nord du pays avec un important accroissement des victimes ces derniers temps.

On évoque aujourd’hui plus de 700 morts depuis le début des évènements en 2015 et plus de 700000 déplacés, ce dernier chiffre paraissant sous-évalué. En date du 3 février, le ministère de l’éducation fait état 2 405 écoles fermées affectant plus de 325000 élèves et 10000 enseignants.

Dans une longue interview publiée le 5 février, le maire de Barsologho, situé à 147 km de Ouagadougou, évoque la dramatique situation de sa commune qui compte plus de déplacés que d’habitants habituels : « Sur les 75 villages que compte notre commune, il y a au moins 48 villages qui sont complètement vidés de leur population. » Sur les deux camps de déplacés dans sa commune, si l’un est correctement ravitaillé, l’autre dont les accès sont coupés serait en situation de famine. Souvent les gens ont vendu leurs biens pour se nourrir alors que les prix flambent. Son cri d cœur : « Notre cri de cœur c’est qu’on donne d’abord les moyens aux FDS afin qu’elles soient très actives sur le terrain ». Lisez ce témoignage qui illustre la situation des communes du nord du pays.

Le Burkina est bel et bien en guerre, symétrique, asymétrique ? Cette guerre prend des formes diverses. Et les dirigeants du pays cherchent toujours une stratégie de riposte globale politique comme militaire.

Une guerre contre qui, pourquoi, contre quoi ?

Sous le régime de Blaise Compaoré, le Burkina était déjà touché par les « coupeurs de route », qui dépouillaient les voyageurs les tuant parfois lorsqu’ils ne coopéraient pas suffisamment. Des bandits essaimaient le pays avec plus ou moins de réussite. Un phénomène qui n’empêchait pourtant pas nombre de Burkinabè de se déplacer pour toute sorte de raison, évènements familiaux, chantier de maisons à suivre, tourisme, campagne politique, visite de courtoisies, commerces, etc.. Les autocars sont toujours nombreux sur les principales voies du pays, avec une rude concurrence entre différentes compagnies privées.

On pense ici en général que de nombreuses armes viennent de l’armée, sorties des casernes après les mutineries des années 2000. On évoque aussi ici ou là, la fuite de plusieurs membres du Régiment de Sécurité présidentielle de la période de Blaise Compaoré, dissous durant la Transition, ou de mercenaires de l’ancien gouvernement. On sait aussi que les rebelles ivoiriens se sont installés longuement à Ouagadougou, mais aussi ceux du MNLA (mouvement national de libération de l’Azawad). L’hypothèse de l’augmentation du trafic d’armes parait probable, comme celle de la transformation de certains de ces combattants en mercenaires. Tout cela renvoie à Blaise Compaoré à l’origine de toutes ces déstabilisations. D’ailleurs, lui et ses partisans ne se gênent pas pour demander son retour au pays, lui qui avait négocié la paix ou le soutien à tous ses mouvements contre de nombreux services. Pour autant faut-il leur accorder une telle importance ? N’y-a-il pas une justification facile de la part du gouvernement pour se dédouaner de ses insuffisances.

Un ami bien renseigné sur les questions sécuritaires, que nous appellerons Inoussa m’explique : « Les djihadistes ne tuent pas les femmes. En réalité il y a un enchevêtrement de groupes armés. Par ailleurs, peu d’attaques sont clairement revendiquées. Certes plusieurs groupes se réclament du djihad. Mais certains groupes armés font en quelque sorte de la sous-traitance contre rétributions financières. » Il ne voudra pas en dire plus.

Depuis très longtemps déjà le désert abrite toute sorte de trafics, de drogue en particulier, mais aussi d’êtres humains qui empruntent les mêmes routes pour rejoindre l’Europe. Les terroristes en tirent des revenus substantiels, notamment en escortant les convois de trafiquants. Dans cette zone difficilement contrôlable par les autorités, le trafic de drogue n’a cessé de progresser d’autant plus qu’officiellement celui des êtres humains a diminué du fait d’une pression importante de l’’Union européenne.

Faute d’une présence et d’une action suffisantes de l’armée, les milices se sont multipliées contribuant à développer la violence dans la région, suscitant ou ressuscitant des conflits ethniques restés jusqu’ici rares au Burkina Faso. Ou en tout cas, ponctuels du fait d’une régulation des conflits par les discussions entre les pouvoirs traditionnels communautaires. Les conflits entre les cultivateurs, mossis en général et les éleveurs, peuls pour la plupart éclataient de plus en plus nombreux dans la dernière période. De nombreuses milices se sont constituées sur les bases ethniques ces derniers temps. Il en est ainsi des Kolwéogos, composés de Mossis, qui pratiquent une justice expéditive, parfois la torture, ressuscités il y a quelques années pour lutter contre l’insécurité ou depuis une période récente de milices peuls, officiellement pour se défendre, contribuent à accroitre la violence armée dans la région.

Les Peuls entre deux feux

Plusieurs témoignages diffusés dans la presse burkinabè font état de pressions subies par les peuls au nord du pays. Exténué des incursions armées, insuffisamment protégés par l’armée, ils choisissent ceux qui leur paraissent les plus forts, qui leur offrent aussi des rétributions substantielles, par rapport à leur niveau de vie, les groupes armés qui se réclament du djihadisme qui essaiment la région.

Un reportage de télévision qui accompagnait une opération conjointe de l’armée française et l’armée burkinabè avait longuement donné la parole à un jeune peul. Il témoignait des intrusions et pressions qu’ils subissaient. Des hommes armés venaient leur demander de leur donner un jeune contre l’assurance de leur tranquillité. D’autres fois, on leur prélevait des têtes de bétail de force ou contre l’échange de protection. Ils se trouvaient en permanence entre deux feux. Soit ils étaient accusés de donner des renseignements à la rébellion, soit au contraire à l’armée locale. Dans les deux cas, leur village subissait de représailles violentes, voire des assassinats des présumés « informateurs ».

Plusieurs massacres de Peuls ont déjà eu lieu dans le nord du pays. Si la réaction à celui de Yirgou a été importante avec de nombreuses manifestations dans le pays, (voir sur Mediapart), l’enquête semble avoir du mal à avancer.

Les Kolwéogos, accusés d’en être responsables ont été jusqu’à bloquer une nationale pour protester contre l’arrestation d’un de leurs chefs poursuivis dans cette affaire. Finalement arrêté, il vient d’être remis en liberté provisoire.

Les Peuls, éloignés des lieux déstabilisés, sont présents un peu partout dans le pays, soient comme nomades soient aux alentours des villes et villages, où on leur confie parfois la garde des animaux. Les rapports des Peuls avec le reste de la population restent cordiaux comme me le témoigna un ami originaire de Tikaré, dans le centre du pays. Les peuls sont pratiquement tous musulmans, certains peuvent donc être sensibles à un discours djihadistes, mais ils se laissent enrôlés plutôt pour obtenir protection.

Il est peu fait cas au nord du Burkina, des Touaregs qui ont pourtant massivement rejoints les groupes armés au Mali, djihadistes ou réclamant l’indépendance. Ils sont certes moins nombreux que les Peuls, mais restent présents dans le grand nord, dans les régions proches du Niger ou du Mali ou les attaques importantes se sont multipliées ces derniers temps, contre des camps militaires.

A propos de l’ostracisme que subissent les peuls et les Touaregs, on lira ici et ici.

Présence insuffisante de l’Etat

Les responsabilités régaliennes ne sont plus guère assurées par l’Etat et nombre de fonctionnaires ont désertés la région, à la suite d’assassinats ou de menaces permanentes. De nombreuses intrusions armée ont visé ou visent les enseignants, le personnel de santé, les fonctionnaires de l’Etat en général, mais aussi les locaux de la justice de la police de la gendarmerie.

Dans ces régions difficiles d’accès, le pouvoir a toujours eu du mal à affirmer sa présence et surtout à assurer le développement, d’autant plus que les salariés, qui sont l’essentiel des frondeurs sont peu nombreux. Ainsi, « Au Burkina Faso, Ansaroul Islam, groupe principalement actif dans la province du Soum au nord du pays, est aussi composé en grande majorité de Peuls. Son chef, Ibrahim Malam Dicko, était connu pour dénoncer les injustices dont était victime sa communauté dans la province du Soum avant de s’engager dans la lutte armée. Malam Dicko dénonçait également les structures hiérarchiques au sein même des sociétés de la région » (voir ici).

Mousbila Sankara, un ami de longue date avance une autre cause. « Selon les camarades de cette région, on a laissé des populations complètements délaissés. Là-bas l’esclavage persiste comme le déficit d’action sociale, et le délaissement d’une partie de la population, alors que l’esclavage perdure ». Il me fait part de sa perplexité d’avoir voulu évoqué la question avec un ministre. Et alors qu’il tentait de le joindre, de n’avoir reçu pour toute réponse qu’une somme d’argent. Par ailleurs l’esclavage persiste aussi au sein des Touaregs dans le nord. Je me souviens personnellement d’un passage à Dori durant la révolution, la grande ville du nord qui accueillait à l’époque les contestataires de la révolution mutés d’office. Avec certains d’entre eux, et un officier, nous avions évoqué longuement cette question considérée comme très présente alors.

On comprend que les réponses à toutes ces questions ne soient pas simples mais il devient urgent qu’une stratégie globale émerge rapidement. Une commission a été mise en place par le gouvernement pour réfléchir à une telle stratégie. Le rapport vient d’être remis au Président.

Les Burkinabè entre souffrance, impuissance et révoltes

Difficile de rendre compte de la diversité des réactions. Les jeunes Burkinabè s’expriment très nombreux sur facebook. Certains se lâchent se retranchant derrière l’anonymat, d’autres s’efforcent d’en faire un instrument d’éducation (voir par exemple https://www.facebook.com/ouedraogo.souleymane.Basic.Soul), entrainant trop rarement des débats intéressant, mais le ton est plus souvent très polémique, voir agressif. Parfois, les attaques personnelles, même les insultes fusent.

Plusieurs militants connus y investissent un temps énorme, pouvant recueillir des centaines de j’aime avec leurs posts. Certains au premier plan lors de l’insurrection, toujours prompts à citer Thomas Sankara, se sont mués en griot publiant régulièrement des messages à la « gloire » des FDS. D’autres sont plus circonspects, préférant soulignant les insuffisances criantes de l’armée, manque de formation, retard sur le terrain, corruption d’officiers, armements insuffisants ou inadaptés… L’un d’eux Naim Touré (voir ici) a déjà été arrêté plusieurs fois pour « démoralisation des FDS » ou « incitation à l’ordre public ».

Au-delà de certains excès ou des positions tranchées, c’est surtout une grande inquiétude qui en ressort, les internautes paraissent surtout désemparés, se demandant que faire, s’inquiétant de la difficulté pour le gouvernement à trouver une réponse adéquate.

Déjeuner au Centre Norbert Zongo. Haut lieu de la lutte contre le pouvoir, de rencontre des journalistes où ils peuvent suivre de nombreuses formations, d’assemblées débats, de réunions, un restaurant offre de délicieux repas à des prix avantageux, quelques centaines de FCFA.

Une rencontre s’improvise avec Innocent, venu cherche du soutien auprès du directeur du centre, Abdoulaye Diallo qui va lui accorder, pour organiser le 70eme anniversaire de Thomas Sankara. Son ami le rejoint tandis que j’ai rendez-vous avec un troisième Daouda. Le Président vient de proposer la création d’un corps de volontaires, sans ne donner aucune précision. La discussion s’engage. Vous voyez-vous prendre les armes pour aller au front ? Très affecté par la guerre, ils ne souhaitent pas. « C’est le rôle de l’armée, il faut surtout la renforcer. Mais les volontaires peuvent accomplir de nombreuses autres tâches, du renseignement, soutenir les déplacés internes… ».

Tout récemment le gouvernement a officiellement présenté son projet de mise en place d’un corps de volontaires. 1500 volontaires seront recrutés, choisis et acceptés parmi la population locale. Ils seront formés 14 jours, dotés de matériel de communication, des armes et seront encadrés par les militaires. Ca semble peu. Mais le gouvernement, qui doit pourtant faire face à de nombreux conflits sociaux, a d’ailleurs annoncé le recrutement de 2000 nouveaux soldats, après en avoir recruté le même nombre en 2019, ce qui devrait porter l’effectif de FDS à environ 14000. L’armée en a bien besoin.

Quel sort à réserver aux terroristes ? Pour nos trois amis, pas de quartier. Il faut les éliminer. C’est la rage qui s’exprime. La révolte, désir de vengeance, eux qui pourtant semblent si humains dans leur réaction.

Seule l’armée et le gouvernement publient des communiqués. C’est la guerre. Comme dans tous les pays, il faut préserver le moral des troupes. En réalité, il semble bien qu’une infime partie des incursions armées dans les villages sont reprises pas la presse. Devant le danger, les journalistes locaux ne vont pas enquêter sur le terrain. Et les correspondants de la presse écrite sont rentrés à Ouagadougou. Les reportages sont très rares. Mais la presse publie parfois des témoignages obtenus de personnes présentes sur les lieux des attaques. Les insuffisances de l’armée, surtout le retard à intervenir percent parfois. Il y aurait selon les chiffres gouvernementaux quelques 700 présumés terroristes emprisonnés.

On se rappelle qu’en février, un communiqué de l’État-Major de l’armée annonçait : « une opération terrestre et aérienne qui a permis de neutraliser 146 terroristes ». Si les militants dont nous avons parlé plus haut ont immédiatement chanté la gloire des FDS, rapidement les doutes se sont installés. Les organisations des droits de l’homme, localement le MBDHP mais aussi Human Rights Watch ont réagi, enquêté et dévoilé les exactions de l’armée. Le ministre de la défense a du se défendre face à la communauté internationale et promis des efforts pour former les militaires.

Très attentifs à la situation, les Burkinabè sont à l’affut d’informations, d’analyse. Ils osent croire à un retournement de situation et se réconfortent lorsque l’armée annonce avoir mis des terroristes hors d’état de nuire.

La politique française sous le feu des critiques

La France ne pourra jamais faire oublier sa politique coloniale. Elle n’en a jamais officiellement fait une introspection, plusieurs hommes politiques en ont chanté les bienfaits, Sarkozy en tête, même si Macron a, de ce point de vue, changé en n’hésitant pas à reconnaitre les méfaits et les crimes. Le débat redevient vif ces derniers temps en France.

Au Burkina, il existait certes un courant qui justifiait les maux du pays par la période coloniale, mais il est devenu petit à petit marginal. En règle générale, l’histoire du pays depuis l’indépendance est suffisamment riche de par la diversité des régimes, que le débat politique restait centré autour de difficultés dont on reconnaissait les origines internes, sans pour autant nier l’influence de la Françafrique dans la région.

Il y a toujours eu une mouvance « anti-impérialiste », autour du PCRV (parti communiste révolutionnaire voltaïque), d’obédience plutôt albanaise, et des nombreux mouvements de la société civile qu’il influence, citons notamment, la CGTB, le MBDHB (Mouvement burkinabè des droits de l’homme) et la CCCV (coalition nationale de lutte contre la vie chère).

Mais depuis la guerre, plusieurs manifestations demandant le retrait des troupes françaises dans la région se sont tenues, avec notamment la participation du Balai citoyen et d’autres associations de la société civile.

Un épisode va me faire comprendre que le rejet de la politique française dépasse largement cette mouvance. Au cours d’un échange en famille où l’on se morfondait sur la gravité de la situation, je lâchais cette phrase hasardeuse : « Vraiment là, votre affaire, je ne vois pas comment le pays va s’en sortir ». Je perçus immédiatement le regard noir de mon interlocuteur, une colère rentrée. « Notre affaire ? » ? Colère légitime, parole trop rapide de ma part ! Dans un milieu certes politisé mais loin du sentiment anti-français, au contraire. Je convins immédiatement de ma légèreté m’excusant de cette sortie honteuse.

Facebook regorge d’attaques d’internautes burkinabè contre la politique française dont l’intervention et la présence dans la région apparait inefficace. Soit on fustige « l’impérialisme » et son corollaire « une armée d’occupation », soit on souligne la manque de résultats de l’intervention française puisque les attaques au Burkina, mais aussi au Mali et au Niger semblent se multiplier, souvent d’une ampleur inégalée. (voir aussi ici). Les posts « Troupes françaises dehors » fusent.

Questionnement sur l’objectif de la France dans la région

Le Burkina, jaloux de son indépendance sait protester lorsque des appareils survolent les positions de son armée sans avoir été informés.

En fait l’armée française n’intervient qu’à la demande des autorités. Parfois en soutien aérien. Ce fut le cas à Djibo, gravement menacé, un moment encerclé par de nombreux groupes armés. Elle intervient aussi avec l’armée burkinabè lors des opérations de ratissage localisées.

Mais les questions fusent après chaque attaque d’ampleur. Les quelques informations qui transparaissent rapportent des assauts de dizaines, voire de centaines de motos qui minent les accès entourent la localité et circulent en assassinant les habitants qu’ils croisent, choisissant parfois un quartier particulier qu’on leur a sans doute indiqué comme hostile aux terroristes. Comment se fait-il que les réseaux de renseignement ne les voient pas venir ? De telles concentrations ne peuvent passer inaperçu.

De nombreux films américains nous montrent les capacités des satellites à repérer des convois, voir à assassiner à distance des terroristes. Or ils sont au centre du réseau d’informations anti-terroristes au Sahel. Et les français ? N’ont-ils pas eux aussi leurs propres moyens, leurs satellites ?

Le ministre de la défense Chériff Sy, ancien leader de la société civile a profité d’un séjour en Afrique du Sud en juin 2019 pour s’interroger publiquement !

Après avoir dénoncé la complicité des généraux algériens dans le trafic de drogue dans le désert, et l’inefficacité du G5 Sahel qui n’a jamais reçu l’armement promis il conclut une interview ainsi à propos de la présence française : « Ils ont peut-être 4 000 hommes dans la région, ils ont toutes les ressources militaires et technologiques, alors je suis surpris qu’ils n’aient pas été en mesure d’éradiquer ce groupe de terroristes. Nous nous posons beaucoup de questions : s’ils le voulaient vraiment, ils auraient pu les battre, alors ont-ils un autre agenda ? " (voir ici). Depuis le rencontré à Pau, dont l’annonce avait fait polémique, du fait de ce qui ressemblait à une convocation, les Français semblent vouloir augmenter leur présence, mais aussi le soutien aux armées locales. Les livraisons d’armes promises au G suivront-elles enfin ? Inoussa me laissait entendre que les Burkinabè devaient recevoir l’aval des Français pour acheter les armes récentes de peur qu’elles tombent aux mains des djihadistes. Quant au gouvernement lui-même, ses hésitations seraient dues en partie à la crainte d’un coup d’Etat.

Un contentieux ancien sur la politique française au Burkina

Il n’y a rien d’étonnant à cette hostilité à la politique française. Le contentieux est ancien. Le peuple Burkinabè s’est libéré magistralement de son dictateur Blaise Compaoré après une insurrection massive tout en restant pacifique. La France l’avait pourtant toujours soutenu, y compris dans ses interventions lors des guerres effroyables fomentées sur le continent (Libéria, Mozambique, Côte d’Ivoire), mais aussi au Mali pour avoir abriter le MNLA, allié de la France. Les différents gouvernements faisant mine de voir en Blaise Compaoré, un démocrate. Et ce n’est que quelques jours avant l’insurrection qu’elle a tenté de lui faire comprendre que son temps était compté. Non sans s’être assuré le soutien futur de ceux qui avaient des chances de prendre le pouvoir, les dirigeants du MPP, démissionnaires du CDP ou de l’UPC, en la personne de Zéphirin Diabré.

Et les Burkinabè ont aussi de la mémoire. Ils n’ont pas oublié la déstabilisation de la Libye, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, celui-ci étant depuis accusé d’avoir profité d’argent de Kadhafi pour une campagne électorale, n’hésitant pas à participer à son assassinat. On se rappelle que sous couvert d’une action humanitaire pour éviter le bombardement des populations de Bengazhi, les troupes françaises alliées à une vingtaine de pays se sont lancé dans une guerre ouverte contre le régime de Kadhafi.

Résultat la Lybie est de nouveau en guerre. Les milices se sont installées et des centaines si ce n’est des milliers de combattants de la légion islamique, avec leurs armes, essentiellement composée de touaregs et d’autres africains sont retournés dans le Sahel. S’en est suivi la déstabilisation au Mali, puis dans toute la région qui comptait déjà quelques groupes de djihadistes en général en provenance de l’Algérie. On connait la suite. La France est donc largement jugée responsable de la guerre qui s’étant dans la région.

Plus grave, l’exfiltration de Blaise Compaoré, par les troupes d’élite du COS (commandement des opérations spéciales) aux lendemains de l’insurrection en 2014 restent dans les mémoires. La France a donc soustrait Blaise Compaoré à la justice de son pays. N’a-elle pas démontré ainsi que ces soldats stationnés dans la banlieue de Ouagadougou ne sont pas là uniquement pour lutter contre le terrorisme ? Il en est de même au Tchad en aout 2019 pour stopper une colonne rebelle. Deux évènements qui mettent en doute les annonces de Macron quant à sa volonté de rupture avec le passé.

Macron avait tenté une opération de séduction au Burkina Faso, pour faire oublier le passé français dans le pays, promettant notamment l’ouverture des archives sur l’assassinat de Thomas Sankara, et une attention particulière au dossier concernant l’extradition de François Compaoré. Deux dossiers que nous évoquons régulièrement ici, mais qui n’ont toujours pas abouti à ce jour.

Mais l’échec de l’intervention française désormais souligné par de nombreux observateurs se retourne contre Macron, vilipendé finalement comme le continuateur des politiques passées. Plus grave on soupçonne la France de complicité avec les terroristes, ce qui donne lieu à toute une série de fakenews. Reste que les Français ont cru bon de s’allier au MNLA en grande partie à l’origine de la déstabilisation de la région.

La France est aussi accusée de défendre ses intérêts dans la région ce qui a entrainé des réactions outrées dans certains organes de presse. On se reportera à ce propos ici, un article qui amène un certain nombre d’informations à ce propos. Cette revue n’est pas renommée pour diffuser des fakenews. L’article souligne la présence de nombreuses richesses dans le sous sol de la région, la volonté d’assurer « un accès sécurisé aux ressources énergétiques et minières », et détaille le tissu des entreprises françaises présentes dans la région, et la « vitrine pour les matériels et méthodes de l’armée française ».

La question est ancienne. On se rappellera à ce propos la création par la France de l’OCRS (Organisation commune des régions sahariennes) dont l’objectif était de créer une entité autonome, contrôlée par la France, pour lui permettre l’accès aux richesses que ces territoires étaient supposés renfermés. Les indépendances des pays de la région mettront fin à ce projet (voir à ce propos https://www.cairn.info/revue-autrepart-2002-3-page-135.htm#).

Le Burkina va mal et s’enfonce dans un gouffre dont on ne voit pas la fin. La violence et l’horreur s’installent petit à petit. On annonce un recensement, des élections pour novembre. Les partis s’y préparent, chacun pensant augmenter ses élus, mais le sentiment largement partagé met en doute leur opportunité. Du côté des partisans de Blaise Compaoré, on se croit autoriser à demander à accélérer la réconciliation et le retour de l’ex-président, qui serait le seul capable de défendre le pays.

On sent pourtant une volonté de s’engager de trouver des solutions. Mais le gouvernement reste impopulaire et ne parvient pas à rassurer ni à retrouver la confiance.

Ce peuple nous a montré par le passé renfermer de nombreuses ressources internes. Mais cette fois, le pays subit une guerre qui lui est imposée de l’extérieur. Ceux qui s’étonnent d’une opposition grandissante à la politique française feraient mieux de reconnaitre les responsabilités de France, plutôt que de faire mine de s’offusquer. Le Burkina n’était pas préparé à un tel conflit. La réorganisation de son armée, plutôt tournée vers la répression d’éventuels mouvements sociaux que pour faire face à un conflit armé, est impérative. La crise est là. Les Burkinabè manifestent une grande solidarité interne, mais il semble bien que les déplacés commencent à submerger les localités. Ce pays a de nouveau besoin de notre solidarité.

Bruno Jaffré

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Afrique

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...