Édition du 17 décembre 2024

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Boom minier au Québec : « Évitons l’erreur minérale » – coalition Québec meilleure mine !

Québec, le jeudi 24 novembre 2011. Au moment où le Québec vit le plus grand boom minier de son histoire, la coalition Québec meilleure mine ! revient à la charge pour éviter « l’erreur minérale » et exiger des conditions beaucoup plus strictes au niveau de la protection de l’environnement et de la qualité de vie des communautés affectées par cette industrie.

« L’appât des gains économiques à court terme ne doit pas nous faire perdre de vue la nécessité de faire le ménage dans les vieilles pratiques qui persistent encore aujourd’hui, tout en dotant le Québec de tous les moyens nécessaires afin d’éviter aux générations actuelles et futures d’avoir à nettoyer les pots cassés d’un boom minier mal géré », insiste Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition Québec meilleure mine !

Absence d’un règlement environnemental

« Contrairement à l’agriculture, la forêt, les pâtes et papiers et les hydrocarbures, l’industrie minière est encore l’une des rares grandes industries à ne pas être encadrée par un règlement environnemental spécifique à son secteur. Un tel règlement est pourtant nécessaire pour que tous les projets miniers répondent à de meilleurs standards et normes en matière de protection de l’environnement, d’efficience écologique des procédés industriels utilisés (eau, énergie, gestion intégrée des résidus miniers, etc.), ainsi que de la réduction globale du bruit, des poussières et de l’empreinte des projets miniers dans leurs milieux », affirme Christian Simard de Nature Québec.

« La Directive 019 sur l’environnement ainsi que le Guide de restauration des sites miniers devraient avoir force de loi pour ne pas être appliqués au « cas par cas » lors des émissions de permis. Ils devraient également être révisés régulièrement en fonction des nouvelles pratiques et technologies disponibles, le tout en concertation avec l’ensemble des intervenants concernés, le milieu environnemental, les experts indépendants, et pas seulement avec des représentants de l’industrie comme c’est le cas présentement », insiste Christian Simard.

Manque criant de ressources dans les ministères

Québec meilleure mine ! déplore également le manque criant de ressources dans les principaux ministères concernés (Environnement et Ressources naturelles). « Les travaux miniers ont plus que triplé depuis 2005 au Québec. Or, les ministères sont débordés. Leurs ressources humaines et financières stagnent ou diminuent. Des représentants des ministères nous confirment qu’ils ne sont pas capables de suivre la cadence des nombreux projets miniers en cours. Nous constatons des accidents environnementaux qui auraient pu être évités. Même des compagnies minières se plaignent du manque criant de ressources dans les ministères ! », affirme Ugo Lapointe.

« La logique de se départir de l’expertise et de réduire constamment la taille de l’État a ses limites. On l’a vu dans les secteurs de la forêt et de la construction, on le voit maintenant dans le secteur minier. Il faut corriger la situation avant que ça ne dérape davantage », insiste Henri Jacob de l’Action boréale.

Exploration minière hors contrôle

Le gouvernement du Québec n’a toujours pas de registre lui permettant de savoir précisément où sont situés les quelques 400 ou 500 projets d’exploration en cours, chaque année, sur le territoire québécois. Sans un tel registre, il est impossible de mener les suivis et les contrôles nécessaires pour s’assurer du respect de la réglementation. Québec meilleure mine ! propose la mise sur pied d’un registre public qui permettrait à la fois à l’État et au public de suivre, en temps réel, les travaux en cours ou à venir sur le territoire.

Québec meilleure mine ! propose également que Québec s’inspire d’autres modèles d’encadrement des travaux d’exploration au pays. L’Ontario propose, par exemple, de catégoriser les travaux d’exploration en trois niveaux selon leur degré d’impacts potentiels sur le territoire et les communautés. Les niveaux intermédiaires et avancés nécessiteront des autorisations environnementales et parfois même une forme d’évaluation environnementale. « Les Territoires-du-Nord-Ouest et le Nunavut disposent également de mesures qui permettent d’exiger des évaluations environnementales et des consultations publiques dès l’étape de l’exploration, ce qui n’est pas possible au Québec », déplore Ugo Lapointe.

Un lourd passif qui persiste

La réforme du régime minier actuel ne prévoit toujours pas d’obligation pour les entreprises minières de financer un fonds de restauration des sites miniers abandonnés, dont la facture officielle frôle maintenant les 900 millions $ (en hausse de 230 % depuis 2008). « L’industrie doit faire sa part pour nettoyer les grands sites miniers abandonnés un peu partout sur le territoire québécois. Québec meilleure mine ! propose depuis 2 ans l’application d’une redevance spéciale d’environ 1 % pour financer un tel fonds de restauration », affirme Henri Jacob.

Faire des choix stratégiques pour le Québec

Québec meilleure mine ! propose également que Québec s’appuie sur des critères beaucoup mieux définis aux plans écologique, économique et démocratique afin d’orienter un développement minier qui privilégie davantage les types d’exploitation à moindres impacts et à moindres risques pour l’environnement et les populations. « Ici, nous déplorons l’entêtement du gouvernement à ne pas vouloir décréter un moratoire sur la filière de l’uranium, hautement risquée à long terme de part ses résidus miniers radioactifs qu’elle laisse sur le territoire. Nous déplorons également que le gouvernement n’entende pas le souhait d’une majorité de Québécois de se départir de la production d’amiante, qui crée des ravages en santé publique partout sur la planète, y compris au Québec. Voilà deux exemples de filières minières hautement contestées et pour lesquelles il existe pourtant des alternatives à moindres risques et à moindres impacts », affirme Christian Simard.

Voir l’ensemble des changements que propose Québec meilleure mine ! au plan environnemental ici (chapitres 2 et suivants), ici (chapitres 3 et suivants) et ici (tableau synthèse pp.5-6). Voir également la présentation faite plus tôt cette semaine par Ugo Lapointe lors du colloque sur les mines au HEC, mardi le 22 novembre 2011.


La coalition Pour que le Québec ait meilleure mine ! (www.quebecmeilleuremine.org) a vu le jour au printemps 2008 et est aujourd’hui constituée d’une vingtaine d’organismes représentant collectivement plus de 225 000 membres partout au Québec. La coalition s’est donnée pour mission de revoir la façon dont on encadre et développe le secteur minier au Québec, notamment dans le but de promouvoir de meilleures pratiques aux plans social et environnemental.

Les membres actuels de la coalition : Action boréale Abitibi-Témiscamingue (ABAT) ? Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) ? Association de protection de l’environnement des Hautes-Laurentides (APEHL) ? Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) ? Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ? Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l’environnement (Chaire ERE-UQAM) ? Coalition de l’ouest du Québec contre l’exploitation de l’uranium (COQEU) ? Coalition Stop Uranium de Baie-des-chaleurs ? Conseil central de la CSN de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’Ungava ? Comité de vigilance de Malartic ? Écojustice ? Forum de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM ? Les AmiEs de la Terre du Québec ? MiningWatch Canada ? Mouvement Vert Mauricie ? Nature Québec ? Professionnels de la santé pour la survie mondiale ? Regroupement pour la surveillance du nucléaire ? Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) ? Sept-Îles sans uranium ? Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) ? Société pour la nature et les parcs (SNAP-Québec). Tous nouveaux membres bienvenus.

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