Édition du 22 octobre 2024

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Le mouvement des femmes dans le monde

Bandung du Nord : les femmes racisées doivent se réapproprier le discours, récrire l’histoire

What do we, as weak, have ? Qu’avons-nous, en tant que faibles ? – Yasmin Jiwani. Les femmes racisées doivent se réapproprier le discours, récrire l’histoire. C’est ainsi que les cinq panélistes de l’atelier ont exprimé d’une voix commune leur démarche sur le féminisme civilisationnel à la conférence Bandung du Nord. Le panel a réuni Yasmin Jiwani, Magalie Lefebvre, Nahla Abdo, Fabienne Présentey et Françoise Vergès. Celui-ci a eu lieu le 28 septembre à l’UQAM, à Montréal.

Tiré de : Journal des Alternatives

Par Amélie Kermel -11 octobre 2024

Photo :"Women’s March 1743." Edward Kimmel, Takoma Park, MD. Janvier 2017. CC BY-SA 2.0

La réduction au silence et la marginalisation

La marginalisation se produit lorsque nous réduisons au silence ce qui est différent. Yasmin Jiwani souligne que la suprématie blanche est une structure de pouvoir. Celle-ci définit comment nous voyons le monde et notre langage. Nous refusons de voir l’humanité chez l’autre. Nous ne reconnaissons pas leurs expériences. Françoise Vergès insiste sur le fait que le féminisme blanc est aveugle et/ou ignore la question du racisme et coloniale.

Pour la théoricienne féministe bell hooks, les femmes racisées font partie de deux groupes opprimés : la race et le genre. Elles ont leur propre vision de l’oppression. Les femmes blanches, bien qu’opprimées, peuvent devenir l’oppresseur des femmes racisées.

L’intersectionnalité dans le mouvement féministe nous permettrait de décoder les différences entre les femmes. Il faut briser cette vision binaire. « On parle pour nous » affirme Magalie Lefebvre, qui combat le féminisme hégémonique à l’échelle micro.

Femmes racisées et féminisme blanc

Les femmes racisées sont forcées d’adhérer à la vision blanche du féminisme. En tant que personne biraciale, Magalie Lefebvre dénonce la nécessité de rentrer dans une case pour se faire écouter. S’il y a de l’émotion dans le discours, elles perdent de la crédibilité.

Ce sont les femmes blanches qui, dans les années 90, apportent au-devant de leur mouvement la question de l’Islam. Elles s’approprient la religion et la juge conservatrice, hostile aux droits des femmes. L’opposition des pays arabes au progrès et à la laïcité ont attiré l’attention des institutions internationales et a mené à la reconnaissance d’Israël comme seule démocratie du Moyen-Orient bien qu’elle soit coloniale et basée sur le nettoyage ethnique.

A Gaza, la souffrance des femmes est mise en compétition

On instrumentalise la souffrance des femmes israéliennes pour justifier la barbarie à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. «  Elles sont des agentes de la compassion  » pour Fabienne Présentey. Les femmes palestiniennes sont déshumanisées. Tandis que les femmes juives sont incitées à continuer la perpétuation des violences envers les palestiniens.nes en s’appropriant le discours de victimisation. Elles permettent de gagner le soutien du public malgré qu’elles subissent elles-mêmes des discriminations raciales genrées et institutionnelles.

Nahla Abdo vient ajouter que le féminisme anticolonial permet de résister face au colonialisme de peuplement. Elle utilise une approche féministe, anticolonialiste et anti-impérialiste pour souligner la nature genrée du colonialisme.

Il faut créer au sein du mouvement féministe, des coalitions dans lesquelles les femmes peuvent se revendiquer antiraciste, anticapitaliste, anti-impérialiste. À l’intérieur de ces coalitions, les femmes vont pouvoir respecter les différences qui les séparent et accepter le vécu des femmes racisées. Le mouvement féministe doit se séparer de cette vision monolithique de la femme et s’élargir.

Atelier Genres et suprématie blanche ; comment combattre le féminisme civilisationnel ?
À la conférence Bandung du Nord à l’UQAM, samedi 28 septembre
Ont pris la parole :

Yasmin Jiwani, professeure à l’Université de Concordia en communication et activiste féministe, Yasmin Jiwani s’intéresse à l’influence croisées de la race et du genre dans le contexte des représentations médiatiques de groupes racialisés et de la violence envers les femmes marginalisées.
Magalie Lefebvre, professeure au Cégep en région et chercheuse.
Nahla Abdo est professeure à Carleton University dans le départment de sociologie et anthropologie, elle utilise une approche féministe anticolonialiste et anti-impérialiste pour souligner la nature genrée du colonialisme.
Fabienne Présentey, sociologue et militante juive antisioniste et féministe.
Françoise Vergès est une politologue et militante féministe décoloniale française.

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