« Les femmes sont les premières visées par ces compressions puisqu’elles occupent la grande majorité des emplois salariés dans le réseau de la santé et des services sociaux et qu’elles subissent aussi les baisses de services comme citoyennes », avance Francine Ranger, présidente du Conseil central de Lanaudière - CSN. La présidente ajoute que Lanaudière faisait déjà partie des trois régions où il manque le plus de ressources en santé et services sociaux au Québec. Si l’on se compare à la dépense de référence, on constate en effet un retard de 4,7 % en dépenses dans les programmes de santé et services sociaux en 2014-2015. Alors qu’il faudrait un rattrapage, le gouvernement compresse encore.
« Les impacts de coupes budgétaires dans les services de santé et d’éducation peuvent toucher davantage les femmes que les hommes lorsque des services publics ne sont plus offerts. Les rôles sociaux sont encore largement découpés selon les sexes et les femmes sont en effet plus souvent responsables des tâches entourant les soins aux autres dans la sphère privée », fait valoir Flavie Trudel, militante de la CSN dans Lanaudière et enseignante au cégep régional. Cette dernière a recensé plusieurs coupes récentes du gouvernement Couillard qui touchent particulièrement les femmes : abolition de la CRÉ (19 des 22 employés étaient des femmes), hausse des tarifs des CPE qui peut se traduire par la décision de plusieurs femmes (plus bas salaire du couple ou rôle plus rattaché aux enfants) de quitter leur emploi, réduction des effectifs au niveau du Conseil du statut de la femme, coupe dans les commissions scolaires, dans l’aide aux devoirs et dans les programmes des groupes communautaires (dont ceux qui s’occupent des victimes de violence conjugale), etc.
Coup dur pour la prévention en santé
Les femmes et toute la population seront également affectées par le démantèlement aveugle de l’instance chargée de la santé et services sociaux. L’abolition de l’Agence régionale de la santé de Lanaudière, combinée à une coupe de 30 % du budget consacré à la santé publique cette année, ne feront rien pour améliorer les mesures de prévention en santé. Or, la prévention est le moyen le moins coûteux de désengorger les urgences et la première ligne de soins.
« La fin des agences donne lieu à des aberrations dans Lanaudière. Par exemple, on replace une sociologue de formation spécialisée depuis plusieurs années dans la planification régionale des services en santé mentale comme intervenante auprès de jeunes ayant fait des tentatives de suicide. La réforme Barrette vise plus à créer d’immenses structures centralisées qu’à aider les usagers », indique Louise Lemire, présidente de la section locale du Syndicat des technicien-nes et des professionnel-les de la santé et des services sociaux du Québec (STEPSQ-FP-CSN), affilié à la Fédération des professionnèles (FP-CSN). Le STEPSQ tient d’ailleurs son conseil syndical provincial à Joliette aujourd’hui et demain.