« Lors de la dernière campagne électorale, François Legault avait indiqué son intention de faire du règlement du conflit à l’aluminerie de Bécancour une priorité. Force est de constater qu’il n’a pas encore joué le rôle de leadership qu’il disait attendre d’un gouvernement alors qu’il était en campagne électorale », déplore le président de la section locale 9700 des Métallos, Clément Masse.
En septembre dernier, François Legault avait déclaré « Huit mois, c’est mauvais pour les 1000 familles et c’est mauvais pour les commerçants du coin. Il est vraiment temps qu’il y ait du leadership de la part du gouvernement ». « Après plus de 13 mois, c’est d’un vrai leadership gouvernemental dont on a besoin pour rétablir l’équilibre, Alcoa se moque de ses travailleurs, se moque du gouvernement, se moque de la société qui lui permet de prospérer avec ses trois alumineries », ajoute Clément Masse.
La compagnie a non seulement rejeté hier catégoriquement la demande d’arbitrage, elle a aussi jeté un discrédit sur l’hypothèse de règlement envisagée par le ministre en soutenant que « les processus alternatifs ne sont pas les solutions appropriées pour résoudre le conflit ». « Si l’arbitrage n’est pas une option, si les processus « alternatifs » ne sont pas une solution, il reste quoi ? L’imposition unilatérale de la position patronale.Ce n’est pas là le principe même d’une négociation. C’est contraire au Code du travail qui exige la bonne foi dans les négociations. Des citoyens québécois sont pris en otage par une multinationale de mauvaise foi, engraissée par nos tarifs d’électricité, dans un lockout financé par nos impôts. Le gouvernement doit intervenir. François Legault doit intervenir », lance l’adjoint au directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux.
Lors de l’assemblée, les membres ont donné un mandat unanime aux membres à l’effet de demander un arbitrage accéléré, au cours duquel un arbitre pourrait rédiger lui-même un contrat de travail. Certes un tel processus requiert normalement l’assentiment des deux parties. L’assemblée nationale peut toutefois l’imposer par le biais d’une loi spéciale.
La multinationale américaine Alcoa opère trois alumineries au Québec, à Bécancour (en partenariat avec Rio Tinto qui possède 25,1 % des parts), Deschambeault et Baie-Comeau. Elle bénéficie pour ce faire d’avantageux contrats d’hydroélectricité avec Hydro-Québec et le gouvernement du Québec.
Or, le contrat qui lie l’aluminerie de Bécancour et Hydro-Québec prévoit qu’un lockout puisse être considéré comme un cas de force majeure, ce qui dispense la compagnie de payer pour le bloc d’énergie qui lui est réservé. À ce jour, le lockout représente un manque à gagner de 246 millions dans les coffres de la société d’État.
« En plus du manque à gagner pour Hydro-Québec, les pertes économiques sont énormes pour les familles des lockoutés, pour l’économie de la région et même du Québec. Le principe des tarifs avantageux aux aluminerie, c’est de favoriser l’emploi et les retombées économiques qui s’ensuivent. Alcoa brise le pacte qui l’unit à la société québécoise et au gouvernement. Le premier ministre doit agir et s’intéresser personnellement au dossier. C’est un enjeu économique important qui dépasse les seules frontières des relations de travail », poursuit Clément Masse.
Les 1030 travailleurs et travailleuses d’ABI sont en lockout depuis le 11 janvier 2018, jetés à la rue par Alcoa et Rio Tinto. Les négociations achoppaient sur le financement du régime de retraite et le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’œuvre.
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