« C’est bien beau abaisser à 20 % la limite dans une même usine, encore faut-il qu’elle s’applique. Avec la procédure de traitement simplifié, les employeurs contournent complètement cette limite et peuvent même recruter sans afficher au préalable des postes sur le marché du travail québécois. Le détournement du programme doit cesser. Près des deux tiers des travailleurs étrangers temporaires arrivés en 2023 au Québec ont été admis en vertu du traitement simplifié. Les règles du PTET doivent s’appliquer à tous les employeurs », explique le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux.
Ottawa a annoncé hier qu’il réduisait de 30 % à 20 % le pourcentage de la main-d’œuvre pouvant provenir du Programme des travailleurs étrangers temporaires dans un même milieu de travail. Le hic, c’est que cette limite ne s’appliquait déjà pas pour les deux tiers des travailleur.euse.s étranger.ère.s temporaires recruté.e.s au Québec en 2023 puisqu’ils étaient admis en vertu du traitement simplifié, selon les données dévoilées récemment dans Le Devoir. Cette procédure permet aux employeurs d’être dispensés de la limite de 20 à 30 % (dorénavant 20%) par milieu de travail et de se soustraire à l’exigence de démontrer leurs efforts de recrutement sur le marché du travail local avant de recourir au PTET.
Immigration permanente
Ce dernier se réjouit par ailleurs d’entendre le ministre fédéral affirmer qu’une discussion « cartes sur tables » s’impose au sujet de l’accès à l’immigration permanente des travailleurs étrangers temporaires.
« Au-delà des employeurs qui exagèrent et essaient d’embaucher des temporaires plutôt que de hausser les salaires, on sait que dans plusieurs régions on a vraiment besoin de ces travailleurs pour faire fonctionner des entreprises. Mais ils occupent des emplois permanents, alors il faut leur donner un statut permanent. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires, comme il est actuellement, c’est un encouragement au cheap labour, c’est installer un système avec deux classes de travailleurs dont l’une est à statut précaire. Si on a besoin de ces travailleurs dans nos milieux de travail, il faut s’organiser pour qu’ils puissent immigrer pour vrai, avec leurs familles, et que nos enfants aillent ensemble à la même école », plaide Dominic Lemieux.
La proportion de travailleur.euse.s étranger.ère.s temporaires admise au Québec en vertu de la procédure de traitement simplifié qui fait l’objet d’une entente entre les deux paliers de gouvernements est passée de 35 % en 2021 à 63 %, en excluant le volet agricole. Pendant la même période, le nombre total de titulaires d’un permis valide de PTET passait de 23 630 personnes en 2021 à 59 820 en 2023.
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