Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Négociations du secteur public

Acceptable l’hypothèse de règlement soumise aux membres de la FAE et de la FSE ?

L’hypothèse de règlement soumise aux membres de la FAE et de la FSE comporte des avancées sur le plan monétaire, une amorce d’assouplissement du temps de présence de 32 heures par semaine exigé depuis 20 ans et une absence de réponse adéquate aux problématiques soulevées par la composition de la classe. Est-ce que la survie de l’école publique s’en trouve confortée ? Voyons cela de plus près.

Échelles salariales bonifiées de 17,4%
Mesures complémentaires :
La FSE reçoit un ajout de 74 M$ soit 62% de cette enveloppe alors qu’il est de 45,1 M$ pour la FAE.

Après 11 ou 22 jours de grèves, il est justifié de s’attendre à une amélioration significative des difficultés rencontrées par les enseignant.es dans la composition de la classe.

Depuis plus de 20 ans, la classe est le lieu d’intégration de tous les jeunes dans les écoles publiques. Pour pallier la disparition des classes d’enseignement spécialisé, des ressources non récurrentes ont été ajoutées en appui au travail enseignant. Cette approche a permis aux gouvernements successifs de faire de grandes économies et l’alourdissement de la composition de la classe en découlant n’a pu être freiné adéquatement lors des rondes de négociation de 2000, 2004, 2010, 2015 et 2020.

Le ras-le-bol exprimé cet automne sur toutes les tribunes, sur les lignes de piquetage et dans la rue indiquait qu’il fallait qu’un sérieux coup de barre soit donné pour que l’école publique, en péril, se redresse. Tous les jeunes ont droit à un enseignement de qualité et à des ressources qui répondent à leurs besoins. Et les enseignant·es ont le droit de pouvoir exercer pleinement leur tâche, qui est d’enseigner.

Force est de constater que ce n’est pas le cas. Les élèves qui éprouvent de grandes difficultés n’ont pas de garantie que leur sort sera amélioré. Les parents n’ont pas l’assurance que les besoins de leur enfant recevront une réponse adaptée. Les enseignant·es ne voient aucune mesure pouvant les rassurer quant à leur capacité à accomplir les tâches auxquelles elles se sont engagées, en particulier celle de scolariser les élèves de leur classe. Où sont les travailleuses en éducation spécialisée, les travailleuses sociales, infirmières, psychologues, orthopédagogues et orthophonistes dont les élèves ont besoin ? Ces équipes multidisciplinaires ont pourtant déjà existé dans les écoles publiques.

Tel que l’indiquait Dominique Scali dans le Journal de Montréal le 22 janvier dernier, les bonifications apportées à la composition de la classe sont limitées à 4000 aides à la classe pour 20 000 écoles, des seuils de 60% d’élèves en difficulté devant être identifiés avec des plans d’intervention au primaire et de 50% au secondaire avant d’entrevoir une possibilité d’ouverture d’une classe spéciale ou l’ajout d’un supplément financier d’un maximum de 8000$. Cette approche comptable ne tient pas la route si on souhaite ainsi répondre aux besoins des élèves en difficulté et faire que la classe dite « régulière » en arrive à scolariser les jeunes qui y sont regroupés.

Le gouvernement a utilisé cette ronde de négociations pour asseoir ses principes de gestion managériale : maintenir un service public au statu quo en accomplissant les tâches des personnels des services de garde par le biais des aides à la classe. L’ajout de 5400 enseignant·es annoncé ne se réalisera que si ce milieu de travail devient attractif. Le salaire semble faire foi de tout pour le gouvernement. L’école à trois vitesses est confortée par cette approche, les écoles privées et les projets particuliers au secteur public n’ont rien à craindre.

Cette proposition d’entente doit être acceptée, disent maints commentateurs ainsi que d’anciens dirigeants syndicaux, rien ne justifiant de retourner en grève. Mais si on regardait ce résultat comme étant une étape franchie mais insuffisante qui requiert l’envoi d’un message clair au gouvernement ?

Les syndicats locaux réunis en instance sectorielle ont décidé de transmettre l’hypothèse de règlement sur la table à la veille de la nouvelle année. Les équipes de négociation qui ont peiné tout au long de l’automne n’ont pu aller plus loin, le gouvernement étant mauvais joueur à trouver des solutions innovantes aux problèmes concrets qui se vivent au quotidien dans les classes du secteur public.

Il est nécessaire que des engagements fermes du gouvernement garantissent que les élèves recevront les services auxquels ils ont droit, que les enseignant·es soient rassurés et sentent qu’ils ont intérêt à demeurer en poste et que les stagiaires et jeunes intéressés par l’enseignement s’y engagent.

Quel que soit le résultat final des votes en cours, que vous soyez de la FAE ou de la FSE, sachez que la lutte que vous avez menée n’a pas de commune mesure avec celles qui ont été faites dans le passé. Vous avez été au front tout l’automne, vous avez reçu un appui indéfectible des parents, vous méritez notre reconnaissance.

L’école publique ne peut reposer sur les seules épaules de celles et ceux qui y travaillent. Le gouvernement doit être imputable de la situation actuelle et trouver des solutions adaptées en sus de salaires proposés.

Enseigner, c’est faire reculer l’ignorance et ouvrir un espace à la citoyenneté et au développement de l’esprit critique par la transmission de savoirs, de connaissances.

Ces enjeux nous interpellent et la défense de l’école publique doit se poursuivre dans tous les quartiers où nous vivons. Vivement la tenue d’une Commission Parent 2.0 dans un avenir prochain.

Ghislaine Raymond
Enseignante en adaptation scolaire retraitée

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