Enrichir les plus riches, c’est appauvrir la majorité populaire
Le PQ a publié son cahier de réflexion sur la création de richesse. Ce cahier sera débattu par les membres du Parti québécois lors d’un colloque intitulé « Gouvernement souverainiste et création de la richesse ». Ce colloque se tiendra les 13 et 14 mars prochains à Lévis.
Ceux et celles qui refusaient encore de reconnaître que le discours néolibéral était largement dominant au PQ devront se rendre à l’évidence. La direction péquiste met les points sur les i et ne laisse aucun doute sur le fait qu’elle s’est rangée complètement derrière l’orientation des lucides affairistes.
Entrepreneurs, enrichissez-vous Syndicats, modérez vos revendications !
Le document du Parti québécois ne parle pas de capitalisme. Mais toute sa démarche vise à suggérer qu’il est nécessaire de créer les conditions essentielles qui permettront l’accumulation du capital dans les mains des plus riches.
Les propositions sont encore formulées sous la forme de questions, mais elles n’en forment pas moins un système :
La richesse n’est pas le produit du travail humain de la majorité des travailleurs et des travailleuses de notre société, mais de celle des entrepreneurs.
Ces entrepreneurs doivent voir leur impôt diminué pour protéger leur volonté d’innover, d’investir et de créer des emplois. Les taxes à la consommation seraient plus efficaces pour créer de la richesse. Il s’agit de faire de la fiscalité l’instrument pour maximiser l’accumulation de richesse par une minorité.
La réglementation financière ou environnementale tue l’initiative. Il faut donc se payer une bonne dose de déréglementation pour libérer l’énergie innovante des plus riches…
En bref, il s’agit pour le document péquiste d’éliminer tous les obstacles qui peuvent entraver le libre investissement du capital. Enrichissement individuel -de certains – dans la misère publique du plus grand nombre- voilà le nouvel idéal péquiste !
Le document du PQ a la mémoire bien courte. Rien dans ce document ne vise à rappeler sur les résultats désastreux de la déréglementation financière qui a conduit à la spéculation, à des pertes considérables pour la population du Québec (pensons aux pertes de la Caisse de dépôt et de placement). Des maraudeurs de la richesse collective ont exigé des gouvernements de socialiser leurs pertes et tentent aujourd’hui de refiler à la population l’endettement public créé pour leur venir en aide.
Et tout cela est servi dans une purée de poix nationaliste
« Ce n’est pas l’État qui doit être au centre de notre enrichissement national. Ce sont les Québécois et les Québécoises. » Voilà une formule bien alambiquée pour dire que c’est le développement des capitaux privés qui doit être d’abord et avant tout favorisé.
La création de richesses sous l’emprise d’intérêts privés, ce n’est pas la condition de notre richesse collective. La concentration de la richesse dans les sommets de la société ne signifie en rien l’enrichissement national. C’est plus simplement l’enrichissement du capital. La nation et sa majorité laborieuse, elle, est appauvrie par les conditions d’investissement et de croissance exigées par le capital pour concurrencer et vaincre les autres nations, objectif que donne le document à la croissance du Québec !
La majorité populaire voit sa situation se détériorer et vivre dans l’impuissance de décisions prises par les plus riches dans les intérêts de cette minorité possédante.
Il ne s’agit pas d’abord dans la situation de crise économique et écologique dramatique dans laquelle nous vivons de créer les conditions d’une meilleure accumulation privée. Il s’agit d’abord de questionner la nature de la richesse à créer qui satisfera aux besoins du plus grand nombre dans le respect de notre environnement. Un monde déréglementé où ce n’est pas la discussion politique démocratique qui est le garant des richesses à créer et à partager ne peut que reproduire la crise complexe qui se développe actuellement. Aujourd’hui à l’heure de la crise écologique, il s’agit moins que jamais de laisser les décisions de développement des infrastructures nécessaires pour satisfaire les besoins sociaux dans les mains des intérêts d’entrepreneurs individuels qui cherchent d’abord à s’enrichir.
C’est cette logique désastreuse qui fait que l’exploitation du pétrole et du gaz naturel dans l’estuaire du St-Laurent nous est présentée dans le document comme une perspective souhaitable et faste pour le développement du capital québécois. Un gouvernement véritablement indépendantiste ferait de la souveraineté populaire et de la démocratie politique dans les choix économiques et écologiques qui sont devant nous le centre de ses priorités. Le PQ, lui, néolibéralisé jusqu’à la corde veut faire du gouvernement québécois l’instrument des entrepreneurs.
Ce document manipulateur est la signature d’une évolution droitière du PQ qui n’en finit plus de s’approfondir. Aucun secteur des classes populaires ne devrait rester dans cette galère.