Il s’agit de la première réédition de cette oeuvre déterminante dans la modernisation de la psychiatrie au Québec publiée en 1961. Le texte original de Jean-Charles Pagé est précédé d’une préface d’Anaïs Dupin et Jérémie Dhavernas et accompagné d’un appareil de notes critiques qui nous permettent de contextualiser son propos. Le collectif pour la défense des droits en santé mentale de Montréal, Action Autonomie, signe une nouvelle postface, en plus de celle du Dr Camille Laurin qui s’y trouvait déjà.
À propos du livre :
Admis officiellement à l’« asile des fous » en raison de son alcoolisme, Jean-Charles Pagé, un vendeur d’assurance de 28 ans, passera plusieurs mois à Saint-Jean-de-Dieu (aujourd’hui l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal). Durant son séjour, il expérimente la difficile condition de « malade mental » : camisole de force, interdiction de sorties, forte médication, horaires stricts, travail forcé... Révolté par le traitement réservé à ses pairs et l’univers concentrationnaire qu’il découvre, il refuse de se taire et, à sa sortie de l’hôpital, il décide de devenir le porte-parole des « hommes sans voix » en publiant Les fous crient au secours ! aux Éditions du Jour, en 1961.
Le témoignage de Jean-Charles Pagé et la postface du docteur Camille Laurin qui l’accompagne auront un grand retentissement dans le Québec du début de la Révolution tranquille. Le Dr Laurin y fait un vibrant plaidoyer pour une modernisation de la psychiatrie et du traitement des malades mentaux, ainsi que pour la laïcisation des hôpitaux psychiatriques (administrés à l’époque par les communautés religieuses). L’année suivante, une commission d’enquête menée par les psychiatres Dominique Bédard, Denis Lazure et Charles A. Roberts met en lumière les conditions de vie des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et dénonce les limites du modèle asilaire. Leur rapport pavera la voie à ce qu’on a appelé la « désinstitutionnalisation », c’est-à-dire à une réorganisation du système de soins privilégiant le retour des personnes hospitalisées dans la communauté et la non-hospitalisation des personnes diagnostiquées.
Près de soixante ans après l’expérience traumatisante de Jean-Charles Pagé, le traitement réservé aux malades mentaux s’est-il vraiment amélioré ? La désinstitutionnalisation a-t-elle tenu ses promesses ? Notre approche de la folie et la régulation sociale qui en découle ont-elles évolué dans un sens plus humain
À propos des porteurs du projet de réédition :
Jérémie Dhavernas et Anaïs Dupin ont tous les deux étudié en histoire et travaillent dans le milieu communautaire en défense des droits, respectivement dans la lutte contre la pauvreté et en santé mentale.
Éditions Écosociété
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