Édition du 3 décembre 2024

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Négociations du secteur public

5e jour de la grève générale illimitée de la FAE - Demandes patronales liées à l'organisation du travail : une attaque aux conditions de travail

QUÉBEC, le 29 nov. 2023 - Des centaines d’enseignantes et enseignants étaient présents devant l’édifice Marie-Guyart, à Québec, où se trouve le bureau du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, pour lui rappeler que les changements aux processus d’affectation ne répondraient en rien aux besoins criants qu’elles et ils expriment depuis des années. En effet, les demandes patronales liées à l’organisation du travail, présentées comme une solution pour assurer une plus grande stabilité du personnel dans le réseau scolaire, ne feraient qu’accentuer la pénurie d’enseignantes et enseignants, prévient la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), puisqu’il s’agit d’une attaque à leurs conditions de travail et d’un recul important.

« Quand une organisation veut stabiliser ses équipes, elle prend soin de ses employés. Or, avec ce que demande le gouvernement, c’est exactement le contraire qui se produirait. La population doit comprendre que ce désir de flexibilité ne servira ni les élèves ni le personnel enseignant et pourrait retarder indûment la conclusion d’une entente », a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

Une fausse solution

Plusieurs raisons expliquent pourquoi modifier les ententes locales, tel que présenté dans le dépôt patronal du 29 octobre dernier, constitue une fausse solution. D’abord, la proposition du gouvernement n’ajouterait aucune nouvelle enseignante ou aucun nouvel enseignant et ne réduirait pas la pénurie de personnel, l’enjeu majeur du réseau actuellement. Ce qui fera la différence dans cette négociation, et pour les années à venir, c’est de leur offrir de meilleures conditions de travail.

Ensuite, la proposition du gouvernement dénote une méconnaissance, voire une incompréhension, des processus d’affectation dans le réseau scolaire. Considérant que ces mécanismes sont négociés dans les ententes locales au niveau des 72 centres de services scolaires, il faudrait colliger et comparer 72 façons de faire différentes, tout en impliquant les syndicats locaux, pour trouver des solutions porteuses. Ce travail ne semble pas réaliste si on souhaite conclure une entente d’ici les Fêtes.

Par ailleurs, il faut savoir que ne conserver qu’une période d’affectation au 30 juin ne permettrait pas, dans une majorité de centres de services scolaires, d’éviter une séance d’octroi de contrats au mois d’août, en raison des nombreux mouvements des élèves ou du personnel qui surviennent pour de multiples raisons durant l’été : déménagements, grossesses, retraites, arrivée d’élèves issus de l’immigration, invalidités, élèves promus à la suite des cours d’été et des examens de reprise, etc. C’est d’autant plus vrai dans les milieux urbains, où le quart des affectations sont imprévisibles. Pour contourner ce problème, le gouvernement propose ni plus ni moins que de retirer cette deuxième séance pour accorder un droit de gérance complet à l’employeur, sans aucune contrepartie valable pour les enseignantes et enseignants.

Des reculs pour le personnel enseignant

La proposition patronale vise à restreindre les mouvements de personnel au nom de la stabilité dans l’école. Or, les profs profitent souvent des séances d’affectation pour améliorer leur sort et trouver un poste correspondant davantage à leurs besoins : changement de niveau scolaire, rapprochement du lieu de résidence, etc.

De plus, la partie patronale souhaite radier des listes de priorité des profs qui auraient refusé un contrat qui ne leur conviendrait pas, ce qui ne sera pas sans conséquence pour les nouvelles enseignantes et les nouveaux enseignants qui aspirent à faire des choix en fonction de leurs préférences ou de leurs disponibilités.

« Le gouvernement tente de contraindre les enseignantes et enseignants à des contrats et des postes, alors qu’il faut leur donner de bonnes conditions pour les attirer et les retenir. Ce manque de respect ne valorise pas la profession », précise madame Hubert.

Par ailleurs, la position de la partie patronale devrait inquiéter la population, puisque la flexibilité sert parfois de prétexte au réseau scolaire pour ne pas fournir des services aux élèves. Par exemple, la FAE demande, dans le cadre de cette négociation, d’établir un délai maximal pour l’évaluation des élèves à risque. Or, la partie patronale refuse, évoquant un besoin de souplesse.

« Ce dont le réseau a besoin, c’est de rigueur, d’obligations et de fixation de délais afin d’offrir de meilleurs services aux élèves. Pas d’un énième changement de structure négocié rapidement lors d’une négociation nationale qui n’est pas le bon lieu pour le faire », a conclu Madame Hubert.

Demandes de la FAE

Une composition de la classe plus équilibrée

La classe ordinaire a franchi un seuil de difficulté tel qu’elle constitue une contrainte à l’enseignement et aux apprentissages. Contrairement à ce que déclare madame LeBel, ce ne sont pas que les jeunes profs qui ont des classes difficiles dans les écoles publiques du Québec, mais une grande majorité d’enseignantes et enseignants.

La FAE défendra toujours l’idée que l’école doit accueillir TOUS les élèves, nonobstant leur origine, classe sociale ou difficulté. Cependant, le choix de la classe spécialisée, avec ses plus petits groupes et son personnel enseignant formé en adaptation scolaire, s’impose et représente pour plusieurs élèves ce qui leur conviendrait le mieux. Il en va de même pour les jeunes issus de l’immigration : miser sur l’immersion en classe ordinaire ne remplacera jamais la classe d’accueil et son programme adapté, confiés aux soins d’une enseignante ou d’un enseignant dûment formé pour cette réalité. Ce n’est pas seulement à la classe ordinaire, mais bien à l’école tout entière qu’incombe la responsabilité d’accueillir les élèves.

Une meilleure conciliation famille-travail-vie personnelle

La nature du travail des enseignantes et enseignants rend plus difficile l’application de certaines solutions pouvant favoriser la conciliation famille-travail-vie personnelle. En effet, les enseignantes et enseignants travaillent en fonction d’un calendrier scolaire et d’un horaire quotidien établis. Or, les changements de la société québécoise amènent de nouvelles réalités familiales, comme prendre soin de parents vieillissants, et il est important que le personnel enseignant puisse aussi bénéficier de différents congés. La FAE demande aussi que le temps de travail personnel (TP), qui permet aux enseignantes et enseignants de, par exemple, planifier leur enseignement, puisse être entièrement fait au moment et au lieu de leur choix.

Un salaire pour protéger le pouvoir d’achat des profs

Malgré un certain rattrapage lors de la dernière négociation, les enseignantes et enseignants du Québec gagnent encore un salaire en deçà de la moyenne canadienne et il leur faut trois années de plus que leurs collègues des autres provinces pour atteindre le maximum de l’échelle salariale (13 ans plutôt que 10). La FAE demande l’atteinte de la moyenne canadienne et une structure salariale attractive pour toutes les enseignantes et tous les enseignants, mais aussi une hausse de 4 % par année pour la durée de l’entente. Par ailleurs, si l’indice des prix à la consommation (IPC) au cours de l’année civile précédant l’augmentation salariale est supérieur à 4 %, la FAE demande que la hausse soit ajustée selon l’IPC.

Pour prendre connaissance de toutes les demandes formulées par les enseignantes et enseignants dans le cadre de la négociation visant à renouveler leur contrat de travail : https://www.lafae.qc.ca/negociation-nationale

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