Édition du 17 décembre 2024

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Salaire minimum

216 groupes réclament un salaire minimum d'au moins 15$ de l'heure

MONTRÉAL, le 16 déc. 2020 - Depuis deux ans déjà, les 216 groupes communautaires, étudiants, politiques et organisations syndicales signataires de la Déclaration commune pour le salaire minimum à 15$ l’heure réclament l’augmentation du salaire minimum à un niveau décent.

Le 4 décembre dernier, le ministre des Finances, Éric Girard, a annoncé que le gouvernement avait choisi de laisser le salaire minimum bien en dessous d’un niveau décent en envisageant de le faire passer de 13,10 $/h à 13,50 $/h, au 1er mai prochain.

Alors que les travailleuses et travailleurs payés en dessous des 15 $ de l’heure sont les travailleuses et travailleurs reconnus essentiels lors du premier confinement, le gouvernement Legault a l’indécence de les maintenir dans une situation de dépendance vis-à-vis des aides gouvernementales et des banques alimentaires. Lorsqu’on a constaté que, même en travaillant 37,5 heures par semaine, nombre de travailleuses et travailleurs essentiels allaient gagner l’équivalent de ce que les personnes qui avaient perdu leur emploi allaient pouvoir recevoir avec la Prestation canadienne d’urgence de 2 000 $ par mois.

Avec les mesures fédérales lors du 1er confinement, ce sont 2 500 $ par mois qui sont devenus le minimum décent quand on travaille à temps plein. Cela représente près de 16 $/h pour 37,5 heures par semaine. C’est pourquoi reconnaître le rôle essentiel de ces travailleuses et travailleurs demande à rémunérer au moins 15$ de l’heure.

Discriminations systémiques et sous-statuts

Ces métiers qui se déclinent souvent au féminin sont aussi des métiers où la proportion de personnes racisées excède leur proportion sur le marché du travail. Dans l’agriculture, les travailleuses et travailleurs sont majoritairement des étrangers temporaires, au statut précaire. Ils sont souvent exploités de façon éhontée, sans des équipements de protection appropriés, étant logés sans pouvoir respecter la distanciation sociale. Faute de posséder un permis de travail ouvert, ils hésitent ou renoncent bien souvent à protester auprès de la CNESST dans la craindre d’être immédiatement licenciés et renvoyés dans leur pays. Les travailleuses et travailleurs étrangers temporaires partagent la même expérience que de nombreux autres travailleurs essentiels employés via des entreprises sous-traitantes ou des agences de placement temporaires, et dont les sous-statuts les contraignent à accepter de bas salaires.

L’équipe d’animation de la Déclaration commune a organisé depuis mai dernier une série de webinaires qui donnent la parole à ces travailleuses et travailleurs essentiels.

« Durant la période de confinement, j’ai été obligée d’accepter des emplois que personne ne veut, mais la contribution des travailleuses et travailleurs comme moi n’apparaît pas suffisamment reconnue. Étant payée même en dessous du salaire minimum, c’est difficile de convenir aux besoins de base. Sans avoir un permis de travail valide, je n’avais pas d’autre moyen d’obtenir un revenu que de continuer le travail mal payé » (Nadia, travailleuse migrante et membre du comité des femmes de l’Association des travailleurs et travailleuses temporaires des agences de placement).

« Tous ces témoignages nous montrent l’importance de leur assurer non seulement un salaire décent, mais aussi l’accès à des normes de travail et à une protection en termes de santé et sécurité, équivalent à celui que la loi est censée assurer à toutes et tous. Reconnaître l’apport des travailleuses et travailleurs essentiels exige aussi de régulariser toutes celles et tous ceux qui n’en ont pas moins mis leur vie à risque pour assurer pleinement leurs responsabilités citoyennes face à l’épreuve de la pandémie » (Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN).

Le salaire décent, levier d’une relance juste

« Il apparaît primordial de marteler le fait que peu importe leur statut, les travailleuses et travailleurs sont en droit de vivre dignement et avec sérénité du salaire pour lequel, ils ou elles ont travaillé honnêtement souvent dans des conditions loin d’être idéales et ce, particulièrement en période de pandémie. Dignité, sérénité et respect, c’est ce qui est attendu de l’ensemble de la classe ouvrière » (Marc-Édouard Joubert, président du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain).

Cette reconnaissance doit se traduire par l’accès à un statut et à une rémunération décente, soit d’au moins 15$ de l’heure ; c’est le meilleur levier d’une relance socialement juste. En effet, les revenus des personnes au bas de l’échelle sont immédiatement recyclés dans les échanges économiques.

Pour des programmes sociaux et des services publics de qualité et accessibles à toutes et à tous

La reconnaissance doit s’accompagner d’un réinvestissement massif dans les services publics, qui sont l’armature d’une société puisqu’ils donnent donnant la priorité à la qualité de vie humaine sur les profits. Des réformes de l’assurance-emploi et de l’aide sociale, pour rehausser le filet social, apparaissent aujourd’hui comme des corollaires légitimes pour satisfaire la demande d’une vie décente.

Au moins, si ce n’est plus de, 15$ de l’heure sont nécessaires.

« Avec tous les groupes signataires de la Déclaration commune pour le salaire minimum à 15$ l’heure, nous allons avoir des discussions au cours des prochains mois pour déterminer conjointement à quel niveau il serait juste et décent de porter le salaire minimum et organiser des actions en force unie » (Cheolki Yoon, organisateur bénévole du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants).

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