Sous prétexte d’inciter les prestataires à accéder au marché du travail, la ministre Maltais a annoncé jeudi dernier des coupes de l’ordre de 20 millions $ à l’aide sociale. Depuis, elle défend bec et ongles ces coupes. « En affamant les personnes les plus mal prises de la société, celles les plus éloignées du marché du travail, la ministre espère les inciter à se (re)trouver un emploi. Or, un tel raisonnement ne tient pas la route » de s’insurger Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.
Il n’est pas inutile de rappeler ici l’exemple des familles sorties de l’aide sociale, qui montre que l’augmentation - et non la diminution - des revenus constitue le préalable nécessaire à un retour au travail ou aux études. « En fin de semaine, la ministre a prétendu tout connaître sur la pauvreté. Le Collectif s’attend donc de sa part qu’elle propose des politiques qui visent à combattre la pauvreté, et non à l’aggraver. Il s’attend de la ministre qu’elle fasse preuve d’audace, et non qu’elle renforce les préjugés ! », de poursuivre M. Petitclerc.
La ministre a beau prétendre ne pas couper dans l’aide sociale, c’est bien de cela dont il s’agit. « Réduire l’admissibilité à l’allocation pour contraintes temporaires à l’emploi, c’est ni plus ni moins sabrer les revenus des gens. À l’instar de nombreuses organisations sociales et syndicales, le Collectif réclame l’abandon de ce projet de règlement qui priverait, dès le 1er juin, des personnes et des familles de 129 $ ou 221 $ par mois », de conclure M. Petitclerc.
À l’occasion du dixième anniversaire d’entrée en vigueur de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le Collectif partage son bilan de l’application de cette loi. La conclusion de ce bilan (disponible au www.pauvrete.qc.ca) est claire : l’absence d’une réelle volonté politique s’est soldée par une application très décevante de la Loi. En effet, non seulement l’action gouvernementale n’a pas été assez soutenue, mais les mesures mises en place depuis dix ans, à l’exception de quelques-unes, plus structurantes, n’ont respecté que très partiellement l’objet, les buts et les orientations de la Loi.