Première partie de la traduction du texte de Sam Gindin : The End of Retirement ?
En 1980, environ 40 % des travailleurs et travailleuses du secteur privé américain et 35 % au Canada avaient des plans de retraite. Aujourd’hui ce nombre est d’environ 20 % aux États-Unis et de près de 25 % au Canada.
Durant cette même période, les pensions ayant des niveaux de prestations déterminés et garantis) ont progressivement été remplacées par des régimes à cotisations définies (essentiellement des plans d’épargne qui offrent des prestations non garanties pour une période indéterminée, déplaçant le risque vers les travailleurs). Ce qui est nouveau, c’est l’agressivité des élites économiques qui cherchent à accélérer ces reculs. La crise financière —renforcée par la faiblesse désespérante de la riposte du mouvement syndical - a ouvert la porte à des attaques plus dures des entreprises contre les pensions de leurs employé-e-s.
S’adressant à une récente rencontre de l’élite des entreprises américaines qui doivent faire face à des changements importants à un moment critique dans l’histoire de notre nation » , moments critiques qui définiront l’avenir de l’Amérique " (les dirigeants de la Chambre de commerce du Canada et du Conseil canadien des chefs d’entreprise étaient présents) un éminent dirigeant américain a offert un conseil direct et clair : « il faut éliminer cette croyance en des droits acquis qui est tellement omniprésente dans la culture américaine d’aujourd’hui. »(Ward’s Automotive 22 juin 2009 ; voir aussi le Sommet national).
Au même moment, mais en limitant son attention aux régimes de pension, The Economist, un des magazines les plus importants et les plus influents du monde capitaliste, de façon provocatrice, donnait comme titre à un éditorial : « La fin de la retraite. » Se référant à Bismarck, le chancelier allemand auquel on attribue l’introduction du premier système de retraite en 1889, les éditeurs de la revue londonienne déclare : « Que l’on aime cela ou pas, nous allons revenir à un monde pre bismarckien ou le travail n’aura plus de point d’arrêt formellement établi. » (The Économist, édition du 25 juin 2009)
Pour Bismarck, comme pour le président américain Franklin D. Roosevelt pendant la Grande dépression, les pensions avaient été une concession aux travailleurs, faite à contrecoeur sous des pressions d’en bas qui ont été perçues comme menaçant la légitimité du capitalisme (au Canada le régime des pensions a été instauré plus tard, après la Deuxième Guerre mondiale). Les pensions promises permettaient aux travailleurs que durant les dernières années de leur vie, ils puissent recevoir un revenu pour vivre avec une certaine dignité. Ils étaient ainsi indemnisés pour la dignité qui leur était refusée au cours de leurs années de travail. Ce n’est là, apparemment qu’une autre promesse que le capitalisme ne peut plus se permettre de tenir.