Le panel riche de diversité était composé de trois conférenciers. Edgar Morin, grand philosophe et sociologue français, ancien membre du parti communiste, il est exclu en 1951 pour ses positions anti-stalinienne, il est aussi l’auteur de “L’an zéro de l’Allemagne” après la Seconde guerre mondiale.
La seconde conférencière, Maria Graciel Cuervo remplaçait Sergio Haddad. Diplômée en droit, elle détient aussi une maîtrise en mondialisation et en droit du travail. Originaire de la République Dominicaine, elle est aussi impliqué dans multiples organisations internationales telles que le Le Conseil International pour l’Éducation Adulte.
Le troisième conférencier, Mamadou Ndoye possède lui un parcours plus syndicaliste. Très impliqué dans la lutte syndicale pour l’éducation au Sénégal dans les annés 1970-80, il fut aussi Ministre de l’Alphabétisation et des Langues Nationales, puis Ministre de l’Education de Base et de la Promotion des Langues Nationales. Son combat pour l’éducation continue aujourd’hui à travers son implication en temps que vice-président de la Fondation Paul Gérin-Lajoie.
Le premier intervenant de la conférence, Edgar Morin, offrit au public une critique du cycle de métro-boulot-dodo. Il fit appel à la conscience humaine afin de faire reculer l’hégémonie du calcul, du profit et de l’anonymat en développant nos communautés concrètes et élargies jusqu’à la communauté humaine de la “terre patrie”. Il est spécialement critique de l’individualisme et l’égoïsme né de la mondialisation. Le moment le plus marquant de son intervention reste peut-être sa métaphore sur les activistes, “des petits ruisseaux qui n’arrivent pas à se joindre pour faire un fleuve historique, où rien ne pousse les initiatives à travers le monde à se réunir, pour changer de voie à la mondialisation actuelle et chercher un autre monde où il est nécessaire de mieux se connaître et de mieux échanger nos expériences afin de parvenir à un monde solidaire.”
Maria Graciela Cuervo fut, quant à elle, la seconde à intervenir dans la discussion. Appelant d’abord à questionner dans nos pays, notre vision de l’éducation, spécifiquement en matière de politique publique internationale, elle mentionne aussi l’importance du combat contre la pauvreté extrême ainsi que l’importance de créer d’autre biais d’accès à l’éducation que l’école. Il faut impérativement que nous maximisons les capacités humaines et que nous nous développons avec la Terre, pas contre elle. L’éducation affecte tous les aspects de la politique sociale/vie de tous les jours. Elle n’est pas séparable de nos droits en tant que citoyens.
Mamadou NDoye a offert au public un discours chargé d’émotions, rythmé par les applaudissements de la salle. Il explique d’abord que l’on apprend pas pour apprendre, mais on apprend pour résoudre les problèmes de la vie, pour comprendre la diversité du monde, pour mieux accepter l’autre. L’éducation prend ainsi un sens, on lui donne une utilité et une utilisation pour ce qui est le plus important, la vie humaine. Son combat principal est celui de l’équité. On ne peut pas dire à ceux qui sont exclus “attendez les ressources”, c’est aujourd’hui qu’ils y ont droit. Il explique aussi qu’il est nécessaire de réformer le système d’éducation, et la manière dont nous abordons celle-ci. Ainsi, la formation des professeurs aussi doit être modifiée.
Effectivement, les enseignants ayant eux-mêmes été sujets à ce système de hiérarchisation où la réussite de certains est mise de l’avant, alors que les autres sont négligés, nous devons réformer le système pour pouvoir le transformer. Les systèmes doivent prendre en compte la diversité des besoins en apprentissage. L’égalité des chances, ce n’est pas donner le même à tous mais c’est plutôt de donner à chacun(e) les opportunités d’apprentissage qui lui permettent de réussir.
Il faut arrêter d’ajouter de nouvelles matières, mais plutôt ajouter ces nouveaux sujets aux matières existantes. Au lieu de faire de “L’éducation à l’environnement” un nouveau cours, ajoutons ces disciplines dans les mathématiques, la littérature ou les sciences. Il faut expliquer aux élèves que leur savoir peut être canalisé dans la réalisation d’un monde meilleur, que les mathématiques peuvent être, au delà d’une discipline, un outil d’activisme, pour que les élèves sachent que ce qu’ils apprennent sert à comprendre l’autre et l’accepter, sauvegarder l’environnement, mettre en oeuvre la paix.
La pensée de Mamadou Ndoye se traduit par les trois dimensions de l’éducation de qualité qu’il a mis de l’avant : la primordialité de la réussite de l’apprentissage pour tous, la pertinence de l’éducation où l’éducation doit permettre à chacun(e) de relever les défis de son milieu et le droit à l’éducation où l’éducation ouvre la porte à l’exercice des autres droits humains.
Pour conclure, l’école n’a pas le monopole de savoir. Le savoir se développe partout dans la société : famille, loisirs, communauté : là où l’être humain se confronte à des défis crée des savoirs en se confrontant à la réalité de son environnement.