Édition du 17 décembre 2024

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Israël

Une brève et douloureuse histoire des massacres israéliens

On aimerait pouvoir se dire, se référant à la phrase prononcée naguère par un officier israélien, — “Cette fois-ci, nous sommes allés trop loin” — que la mort de 17 manifestants sans armes abattus à Gaza vendredi (30 mars) par des tireurs israéliens postés de l’autre côté d’une barrière de sécurité amènera enfin le monde à sanctionner Israël pour ses actes. Mais si vous examinez l’histoire d’Israël, vous constaterez que les massacres ont toujours été un outil à portée de la main dans la panoplie israélienne, et que les Israéliens n’ont subi aucune punition pour ceux qu’ils ont commis. Mieux encore, deux hommes qui en ont été responsables sont plus tard devenus Premier ministre !

Tiré de Agence médias Palestine.

En puisant essentiellement dans mes souvenirs, je peux vous proposer sans tarder une liste de massacres, sachant que le dictionnaire de la langue française Le Petit Robert définit ce mot comme l’« action de massacrer », verbe lui-même défini ainsi : “tuer avec sauvagerie et en masse des êtres qui ne peuvent pas se défendre” (comme vous le verrez, deux de ces massacres ont eu lieu avant la naissance de l’État).

1946. 1946. Des milices sionistes font exploser l’aile sud de l’hôtel King David, causant la mort de 91 personnes, des civils pour la plupart, et protestant ainsi contre la domination britannique en Palestine.
1947. 1948. Des milices sionistes tuent plus de 100 civils dans le village de Deir Yassin, sur la route de Jérusalem. Cette action contribue à ouvrir la voie en vue de l’avancée militaire vers Jérusalem et terrifie des milliers d’autres Palestiniens qui fuient leurs villages. Le nom de Deir Yassin deviendra un cri de ralliement pour les Palestiniens pendant les décennies à venir, même si personne n’est puni. Menahem Begin, alors officier, joue un rôle dans ce massacre ; il est devenu Premier ministre 29 ans après.

1948. 1948. Lors de l’expulsion des Palestiniens de la ville de Lydda, dans le centre d’Israël, plus de 100 hommes sont raflés, enfermés dans une mosquée puis massacrés (selon le nouveau livre de Reja-e Busailah, entre autres). Cet épisode sème la terreur chez des milliers d’autres Palestiniens qui se réfugient en Cisjordanie.
1949. Des centaines de civils palestiniens sont tués par des soldats israéliens dans le village d’Al Dawayima, à l’ouest de Hébron. De nombreux actes barbares sont commis lors de ce massacre, qui est passé sous silence pendant des décennies.

1950. 1953. Avec Ariel Sharon à leur tête, des troupes israéliennes effectuent un raid contre le village de Qibya, en Cisjordanie alors occupée par la Jordanie, et tuent 69 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, en représailles d’un raid transfrontalier qui a fait trois morts israéliens. (Ce massacre figure dans le roman récent de Nathan Englander comme le moment, dans la vie de Sharon, où cet officier acquiert la réputation de se venger sans tarder et sans pitié de quiconque fait du mal aux juifs, ce qui assure son ascension.)

1951. 1956. Des soldats israéliens abattent des paysans de Kafr Qasim qui rentrent des champs et ignorent que, le jour même, le gouvernement israélien a imposé à leur village un couvre-feu strict. Quarante-huit Palestiniens, citoyens d’Israël, sont tués ; nombre d’entre eux sont des femmes ou des enfants.

1952. 1956. Des soldats israéliens tuent 275 Palestiniens dans la bande de Gaza, en pleine crise de Suez. Ce massacre a fait l’objet d’une œuvre graphique de Joe Sacco, Gaza 1956, En marge de l’histoire.

1953. 1967. Des soldats israéliens auraient tué de très nombreux militaires égyptiens faits prisonniers dans le Sinaï au cours de la guerre de 1967. Leur nombre pourrait s’élever à plusieurs centaines.

1954. 1970. Israël tue 46 enfants égyptiens et en blesse 50 lors d’un raid aérien sur une école primaire du village de Bahr el-Baqar, en Égypte. Connue sous le nom de massacre de Bahr el-Baqar, cette attaque détruit l’école de fond en comble et fait partie des opérations Priha (Fleurs) dans le cadre de la guerre d’usure.
1955. 1982. Les massacres de Sabra et Chatila, subis par des Palestiniens dans les camps de réfugiés de Beyrouth, sont le fait de milices libanaises phalangistes. Mais les Forces de défense d’Israël contrôlent le secteur ; Ariel Sharon autorise les milices à pénétrer dans les camps. Le nombre de Palestiniens tués se situe entre plusieurs centaines et 3000. Sharon, mort en 2014, a échappé à toute punition pour ses crimes de guerre ; il est devenu Premier ministre d’Israël.

1956. 1996. Le premier massacre de Qana survient lorsque des missiles israéliens frappent un complexe des Nations unies au Sud-Liban dans lequel de nombreux civils sont venus chercher refuge au cours d’affrontements entre Israël et le Hezbollah. Plus de 100 civils sont tués. “Israël a fait l’objet d’une condamnation universelle, les États-Unis sont intervenus pour sortir leur allié de ce bourbier”, écrit Avi Shlaim dans The Iron Wall.
1957. 2006. Le deuxième massacre de Qana a lieu au cours de la guerre du Liban : des missiles israéliens frappent un bâtiment d’un village aux abords de Qana, tuant 36 civils, dont 16 enfants. Ce bombardement est présenté comme une riposte à des tirs de roquettes Katioucha lancés contre Israël depuis des secteurs civils.

2008-2009. Lors de l’opération Plomb durci, offensive israélienne contre Gaza à la suite d’échanges d’attaques de roquettes/missiles au cours des mois antérieurs, plus de 1400 Palestiniens, des civils pour la plupart, sont tués en 22 jours. Les circonstances sont souvent comparables à celles de Qana, ces civils fuyant leur domicile pour se réfugier dans des écoles ou des complexes de l’ONU où ils espèrent être en sécurité. Le massacre suscite des condamnations internationales, portées notamment par le rapport Goldstone au Conseil des Droits de l’homme des Nations unies, qui parle de crimes de guerre ; mais les États-Unis, dont le président est Barack Obama, font de leur mieux pour défendre Israël contre toutes les accusations, et personne n’a à répondre de ces actes.

2012. 2012. Au cours de l’opération Colonne de Nuée, qui dure huit jours, Israël tue 160 Palestiniens de Gaza, dont la plupart sont des civils. Cette offensive vaut à Netanyahu de meilleurs sondages et semble calculée pour torpiller les démarches historiques entreprises par la Palestine auprès de l’ONU pour acquérir le statut d’État.

2013. 2014. Une nouvelle attaque israélienne contre Gaza, qui dure 51 jours, cause la mort d’environ 2200 Palestiniens, des civils pour la plupart. Ce massacre s’est illustré par l’action des snipers qui ont tué des personnes désarmées et par la mise à mort de familles entières, 89 selon certaines sources, ces homicides étant généralement dus à des frappes de missiles sur des immeubles de logements. Dans un cas, 20 membres d’une même famille ont été tués. Là encore, la condamnation internationale n’a été assortie d’aucune sanction.

Source : Mondoweiss

Traduction : S.M. pour Agence Média Palestine

Philip Weiss

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