Ce n’est pas assez ! On ajoute l’insulte à l’injure. Un autre journal (2) nous apprend que le Ministre de l’Énergie et des Ressources Naturelles, M. Pierre Arcand, lance un grand chantier sur l’acceptabilité sociale. Celui-là même qui avait lancé en 2011 le BAPE sur les gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent afin de mieux comprendre cette industrie, qu’il avait pourtant déjà cautionnée en leur octroyant des claims à 0,10$ l’hectare, nous revient en nous annonçant qu’il veut « mieux prendre en compte les attentes et les intérêts des collectivités lors de la planification et la réalisation de projets ». (2)
À une semaine du dépôt des conclusions du deuxième BAPE « Les enjeux liés à l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste dans le shale d’Utica des basses-terres du Saint-Laurent », ces deux annonces semblent sortir tout droit d’un cauchemar.
D’un côté, on découvre tout l’aspect manichéen et pervers machiavélique des stratégies des compagnies pétrolières et gazières pour nous vendre leurs projets et de l’autre nous apprenons que tant nos investissements publics (CDP) que nos gouvernants vont dans la même direction en nous disant candidement que s’il n’y a pas d’acceptabilité sociale, il n’y aura pas de développement. Comment le citoyen peut-il s’y retrouver ?
Les citoyens ont démontré qu’ils ne veulent pas des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent en déposant quelques 60 000 signatures de propriétaires terriens au Parlement de Québec les 17 avril 2012 et 6 novembre 2014. Ils ont aussi tenu moult manifestations à Cacouna, Montréal, Québec, Sorel et j’en passe, afin de démontrer qu’ils sont conscients des dangers de pollution qui pourraient survenir avec la venue sur leur territoire des pipelines, trains et bateaux acheminant vers les marchés internationaux le pétrole lourd issu des sables bitumineux. Eh bien, voilà qu’on nous annonce presque subtilement qu’il est trop tard, que notre argent est placé en partie dans ce secteur et que nous allons bientôt savoir ce que veut dire acceptabilité sociale.
Que faudra-t-il pour faire comprendre à la population que la relation incestueuse entre pétrolières et gouvernement crève les yeux ?
Le Ministre va souper en compagnie des pétrolières : normal, c’est son job !
La caisse de dépôt et placement place notre argent chez les pétrolières : normal, c’est payant !
Maintenant, la population se retrouvera dans la rue à manifester : normal, c’est tout ce qu’il leur reste à faire !
Et bien, nous y serons dans la rue !
Ah oui, que pense notre Ministre de la lutte aux changements climatiques de tout ça ? En a-t-il seulement conscience ou joue-t-il simplement les parures au gouvernement ?
Jacques Tétreault, coordonnateur général et porte-parole
RVHQ