Le panel était constitué de deux personnalités, Marianne Corvellec et Richard Stallman. Marianne Corvellec est titulaire d’un doctorat en physique statistique de l’École Normale Supérieure de Lyon. Elle est scientifique de données au sein de l’équipe Technologies émergentes et Science des données du CRIM. Elle est spécialisée dans l’analyse de données et le développement logiciel. Richard Stallman est le président-fondateur de la Free Software Foundation. Il a aussi fondé le mouvement pour le logiciel libre en 1983 et a lancé le développement du système d’exploitation GNU en 1984. À ce système d’exploitation, fondé à la fin des années 1980 fut par la suite ajouté le noyau “Linux”.
Libre not Gratis
Dans un premier temps, les deux conférenciers ont expliqué l’importance de la liberté. Ils expliquent que leur combat est de pousser l’utilisation des systèmes d’exploitation libre, pas gratuits. Selon les mots de Stallman, “le prix est un détail secondaire qui n’est pas vraiment important, la liberté est importante. Il ne s’agit jamais du prix, le prix est une distraction”.
Mais qu’est que la liberté digitale ? Quand les utilisateurs contrôlent le programme c’est là la liberté, la liberté c’est avoir le contrôle de sa propre vie. Il existe 4 libertés :
Liberté 0 : Exploiter le programme
Liberté 1 : Étudier le code source et le changer pour qu’il exécute des activités que l’un souhaite.
Ces deux libertés fournissent le droit à chaque utilisateur de changer ses propres copies. Le problème est que beaucoup d’utilisateurs ne savent pas programmer, mais ils méritent le contrôle de leur informatique. Il faut que les utilisateurs aient le contrôle collectif du programme, la liberté de changer ce que fait le programme.
Liberté 2 : Faire des copies exactes pour les donner ou les vendre aux autres
Liberté 3 : Faire des copies de ses versions modifiées pour les donner aux autres ou les vendre
Pour ces deux dernières libertés, une condition s’ajoute : les prochains doivent avoir ces libertés aussi.
Si un programme porte les 4 libertés de manière adéquate : il est libre. Si une des libertés n’y est pas, c’est le programme ou le propriétaire qui a le contrôle sur l’utilisateur, c’est une injustice qui ne devrait pas exister, c’est un piège pour ceux qui l’utilisent, c’est un programme privateur qui prive la liberté de ceux qui l’utilisent. En résumé, un programme libre est un programme que l’utilisateur contrôle.
Le thème récurrent de la conférence était celui de la surveillance. Richard Stallman expliqua même “le téléphone portable est le rêve de Staline”. Sans jamais nommer de compagnies il laisse tout de même entendre les actions dangereuses des géants de l’informatique et du web, eux-mêmes ayant des accords avec des organismes gouvernementaux tels que la NSA aux États-Unis. Nous sommes traqués, surveillés, écoutés, à notre insu, mais aussi avec notre accord dans certains cas puisque ce phénomène est documenté dans les médias.
Marianne Corvellec elle aussi déplore l’ubiquité des produits de certaines compagnies, spécialement au sein des organismes d’éducation – universités – qui se doivent d’être des lieux de partage et de neutralité. L’enjeu des brevets est important aussi puisque, comme l’expliquait cette dernière, ceux-ci empêchent l’innovation au lieu de la promouvoir. Elle utilise l’image de la roue, lorsqu’on améliore une roue on ne la réinvente pas, c’est la même chose avec le code. En déposant des brevets sur certaines lignes de code, des programmes entiers ne peuvent être développés sans débourser des sommes astronomiques.
Alors que faire ? Et bien, Corvellec cita Edward Snowden en disant “Même la surveillance de masse a des limites”. En consommant local, en évitant l’industriel, nous pouvons conserver certaines de nos libertés. Il s’agit d’être un poisson plus petit que les mailles du filet. Quant au débat sur le terrorisme, lorsque la question fut posée aux deux panélistes, Richard Stallman s’écria “La tyrannie est plus dangereuse que le terrorisme ! !”
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