Édition du 17 décembre 2024

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Syndicalisme

Trois syndicats se dotent d'un mandat de grève : une mobilisation historique des professeur.e.s d'université

MONTRÉAL, le 17 févr. 2023 - Après le Syndicat des professeurs et des professeures de l’Université Laval (SPUL) et le Syndicat des professeurs et des professeures de l’Université du Québec à Rimouski (SPPUQAR), c’était hier au tour du Syndicat des professeures et professeurs de l’Université de Sherbrooke (SPPUS) de se donner un mandat de grève. Au moment où douze syndicats de professeur·e·s d’université sont en négociation, cette série de mandats de grève est une situation encore jamais vue dans l’histoire des universités québécoises, et cette mobilisation est d’autant plus significative que le pourcentage d’appuis aux mandats de grève a été remarquablement élevé, atteignant respectivement 96 %, 94 % et 95 %.

Cette convergence historique met en évidence l’existence de problèmes majeurs et structurels touchant l’ensemble des universités québécoises, problèmes qui affectent les conditions de travail des professeur·e·s et, ce faisant, nuisent aux conditions d’étude et à la diplomation, au développement de la recherche et de la création, ainsi qu’au rayonnement des universités. Ces problèmes sont connus, documentés et mis de l’avant depuis plusieurs années par la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université ainsi que par les associations et syndicats qui en sont membres.

Les effectifs étudiants aux cycles supérieurs ont augmenté de 93 % et de 109 % aux 2e et 3e cycles, et les diplômes émis ont doublé en vingt ans, alors que le nombre de professeur·e·s a connu une progression de seulement 19,5 %. Les professeur·e·s sont plus investi·e·s que jamais en recherche, publiant 2,5 fois plus d’articles scientifiques qu’il y a vingt ans, mais la compétition s’est elle aussi intensifiée, de sorte que la proportion de récipiendaires de subvention a chuté. Pendant ce temps, les redditions de compte sont devenues plus nombreuses et plus lourdes, alors que le financement des universités a été lourdement affecté par les compressions budgétaires, ne retrouvant jamais le niveau antérieur, pourtant estimé insuffisant. Tout ceci a engendré une pression croissante sur les professeur·e·s, qui vivent actuellement une situation de surcharge susceptible d’affecter la production scientifique, leur disponibilité pour encadrer des étudiant·e·s - de même que leur santé.

Le contexte de la pandémie a accentué ces problèmes : il a lourdement affecté les étudiant·e·s, poussant les professeur·e·s à alourdir leur charge mentale d’accompagnements psychologiques délicats, au moment même où il fallait transformer de fond en comble enseignement, recherche et services à la collectivité pour les adapter au travail à distance. L’inflation, quant à elle, a significativement diminué leur pouvoir d’achat. À cet égard, les données montrent que les salaires du secteur public, à travers le Canada, connaissent un recul plus marqué que ceux du secteur privé.

Ces problèmes communs expliquent que les principales revendications des professeur·e·s soient largement partagées par les syndicats présentement en négociation : augmentation du nombre de professeur·e·s, santé au travail, amélioration de la conciliation travail-famille, lutte contre l’inflation.

La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université réaffirme sa solidarité à l’égard des syndicats en négociation et invite les directions d’établissement à faire preuve d’ouverture à l’endroit de leurs demandes, dans l’objectif d’enlever les lacunes et entraves qui empêchent les professeur·e·s d’apporter leur pleine contribution au développement et à la transmission des savoirs. Enfin, la FQPPU invite le gouvernement québécois et, plus spécifiquement, la ministre de l’Enseignement supérieur, à soutenir financièrement les universités québécoises, afin que l’ensemble de leurs employé·e·s puissent trouver des conditions de travail permettant de réaliser pleinement la mission universitaire.

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