Ce texte, écrit par Tanya Barnaby, directrice exécutive du Secrétariat Mi’gmawei Mawiomi, a été lu par Valérie Ivy Hamelin, artiste Mi’gmaq, au nom de Manon Jeannotte, cheffe de la Nation Mi’gmaq de Gespeg, durant le spectacle Nipi. Il est ici présenté en intégralité.
Depuis la nuit des temps, les Mi’gmaq de Gesgapegiag, Gespeg et Listuguj vivent en harmonie avec les ressources et les animaux du Gespe’gewa’gi. Leur vision du monde enseigne que toute chose vivante est sacrée, de par la place et la responsabilité qu’elle y occupe.
Ces dernières années, les empiètements de l’industrie, conjugués avec la surconsommation des ressources que nous a léguées notre mère, la Nature, font peser une menace sur le mode de vie des Mi’gmaq. Les coupes à blanc des forêts ont profondément modifié le débit d’eau de nos précieux cours d’eau. La pollution et le changement climatique ont fragilisé un écosystème très varié au point qu’il nécessite désormais une constante surveillance.
Les Mi’gmaq sont déterminés à ce que l’eau conserve toute sa priorité à leurs yeux d’où l’expression « Iganig’tunej Samqwan » ou « l’eau d’abord ». Cette priorité accordée à l’eau est une responsabilité qui incombe à quiconque habite le Gespe’gewa’gi, mais plus spécialement aux Mi’gmaq, en leur qualité de gardiens de ce territoire.
Le gouvernement du Québec a entrouvert la porte aux projets d’hydrocarbure dans notre territoire, ce à quoi nous répondons « Iganig’tunej Samqwan ». Pensons à l’eau d’abord. Toute mise en valeur potentielle des ressources doit tenir compte des précieuses ressources qui assurent notre survie. Nulle mise en valeur des hydrocarbures ne se fera dans le Gespe’gewa’gi sans le consentement des Mi’gmaq.
Les dirigeants des trois communautés mi’gmaq relevant de l’accord politique ont constitué le Mi’gmawei Mawiomi, l’organe dirigeant qui a pour fonction de veiller au respect des droits et responsabilités des Mi’gmaq. Le SMM, secrétariat qui est la branche administrative de cet organe dirigeant, veille à ce que toute forme d’exploitation obéisse aux valeurs des Mi’gmaq sans mettre en danger leur mode de vie. Pas d’eau, pas de vie.
Dans cette optique, le comité dirigeant a interdit toute activité d’hydrofracturation potentielle dans le Gespe’gewa’gi. Qui plus est, il a appelé avec force à un moratoire sur toute activité de forage dans le golfe du Saint-Laurent. Le forage ne se fait pas sans danger ; donc, il ne devrait pas se faire.
Les Mi’gmaq collaborent avec les citoyens du Gespe’gewa’gi et avec le gouvernement du Québec pour protéger les droits et les valeurs des Mi’gmaq relativement à l’exploitation potentielle des hydrocarbures. Puisque l’eau est source de vie, donnons-lui priorité. L’eau d’abord… nous ferons tout ce qu’il faut pour la protéger.
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