La présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, réagit ainsi à un sondage commandé par la Centrale à la veille de la Journée internationale des infirmières.
Le sondage, dévoilé aujourd’hui, confirme que la population est d’avis que la charge de travail trop élevée des infirmières et infirmiers n’est pas sans conséquences.
En effet, 90 % des répondants considèrent que le personnel infirmier manque de temps pour effectuer un bon suivi et répondre aux questions des patients, et 80 % jugent qu’ils ont moins d’accès aux soins de santé.
Le temps supplémentaire obligatoire jugé inacceptable
Par ailleurs, la population appuie largement la revendication des infirmières et infirmiers de mettre fin au temps supplémentaire obligatoire, puisque 82 % sont en désaccord avec cette mesure imposée par les établissements. Il n’est donc pas surprenant de constater que 83 % des répondants craignent une baisse de la qualité des traitements qu’ils reçoivent, alors que 86 % s’inquiètent de possibles erreurs médicales.
« Malgré les conditions de travail difficiles, les infirmières sont toujours aussi passionnées par leur travail et les Québécoises et Québécois leur en sont reconnaissants », soutient Isabelle Dumaine, présidente du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL-CSQ). En effet, le sondage démontre que pour 92 % des répondants, elles font partie de l’équipe médicale et agissent en appui aux médecins. D’ailleurs, 65 % croient que les infirmières méritent une augmentation de salaire alors que 80 % jugent que le salaire des médecins ne doit pas augmenter, voire qu’il doit diminuer.
À cet égard, pour une deuxième année consécutive, la majorité des Québécoises et Québécois sont favorables à ce que le personnel en soins puisse donner davantage de conseils médicaux, et ce, de manière plus prononcée que l’an dernier, dans une proportion de 95 %, comparativement à 89 % en 2015.
On note également une augmentation - de 78 % en 2015 à 85 % cette année - des répondants en faveur de la fixation d’un nombre maximal de patients par infirmière.
Une violence inacceptable
D’autre part, on constate cette année que 76 % des Québécoises et Québécois considèrent également la violence en milieu de travail comme un enjeu important pour les infirmières. De la violence verbale à la violence physique, les infirmiers et infirmières sont susceptibles de se faire pincer, grafigner, repousser, cracher au visage, insulter ou menacer. Malheureusement, pour bon nombre d’entre eux, ces gestes sont devenus monnaie courante.
Au Québec, près de 43 % des arrêts de travail ayant pour cause la violence touchent le personnel soignant. Par contre, cette violence reste souvent silencieuse, car les infirmiers et infirmières ne souhaitent pas dénoncer le fait de personnes confuses ou affectées de troubles mentaux. « La violence envers le personnel soignant est un enjeu majeur de santé publique. Elle a non seulement des coûts monétaires, pensons à l’assurance-salaire, mais encore et surtout des coûts humains ! Le personnel de la santé est placé dans une situation de vulnérabilité, laquelle menace directement la qualité de nos services de santé. C’est une situation insoutenable qui doit être connue et dénoncée ! », souligne Claire Montour, présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ).
« Les résultats du sondage dévoilé aujourd’hui démontrent que la population partage les inquiétudes du personnel infirmier. Le ministre Gaétan Barrette promettait que sa réforme contribuerait à améliorer la qualité et la sécurité des soins tout en favorisant un meilleur accès aux services pour la population. Un an plus tard, nous constatons au contraire que la réorganisation en cours n’a pas empêché la détérioration des services et des conditions de travail du personnel. Le gouvernement doit corriger le tir », conclut la présidente de la CSQ.
Pour consulter le sondage en ligne :
http://www.lacsq.org/fileadmin/user_upload/csq/documents/documentation/notes_rapports_de_recherche/16-8873_rapport_foto-csq_avril2016.pdf