Montréal, le 6 septembre 2018 - Solidarité sans frontières diffuse aujourd’hui deux courtes Annonces d’intérêt public, visant à informer la population sans-papiers* de Montréal afin de rendre ses interactions avec la police de la ville (SPVM) plus sécuritaires.
Le profilage racial : https://youtu.be/xVQLy270EYY
Traverser la rue au feu rouge : https://youtu.be/ZxBchCX_1YU
« Malgré la déclaration de Montréal comme ville sanctuaire, les membres sans-papiers de nos communautés risquent toujours d’être remis entre les mains de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) s’ils entrent en contact avec le SPVM. Dans nos vidéos, nous nous appuyons sur de vraies expériences pour inviter d’autres membres de la communauté sans papiers à se préparer à des interactions inattendues avec la police », a déclaré David **. David a été remis à l’ASFC en 2017 après été victime de profilage racial par la police ("dans une voiture alors qu’il est Noir"). Il a ensuite été détenu au Centre de prévention de l’immigration de Laval jusqu’à ce que l’ONU intervienne pour suspendre son expulsion.
« Bien que nos vidéos aient toutes deux une fin heureuse, toutes les interactions avec le SPVM ne se terminent pas bien. Le SPVM vérifie régulièrement les mandats d’arrêt émis par l’ASFC et appelle de façon proactive l’Agence frontalière pour vérifier le statut d’immigration des personnes ; ils peuvent aussi insister pour voir une pièce d’identité, même s’ils n’ont aucune raison valable de le faire », a déclaré Solidarité sans frontières.
Malgré sa politique officielle contre le profilage racial, le SPVM a appelé l’Agence des services frontaliers pour vérifier le statut d’immigration d’une personne plus que tout autre service de police au Canada en 2017.
« Jusqu’à ce que Montréal devienne une véritable ville sanctuaire, toute interaction avec le SPVM demeurera risquée pour les Montréalais sans papiers. Il ressort clairement des documents obtenus dans le cadre de la Loi sur l’accès à l’information que le SPVM n’est pas engagé dans la déclaration de Montréal comme ville sanctuaire. Les commentaires de Caroline Cournoyer, personne-ressource au SPVM concernant la Ville sanctuaire, indiquent clairement que la police de Montréal n’a pas l’intention de mettre fin volontairement à ses appels aux services frontaliers pour vérifier le statut d’immigration des personnes de couleur », a déclaré le professeur David Moffette du Département de criminologie, Université d’Ottawa.
Un rapport de juin 2018 de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration, AQAADI, indique que la Ville de Montréal a le pouvoir légal d’ordonner au SPVM de cesser d’appeler les services frontaliers pour vérifier le statut d’immigration des personnes. Montréal pourrait également exiger du SPVM qu’il cesse de vérifier régulièrement les mandats d’arrêt alors qu’ils n’ont aucun lien avec les motifs d’une arrestation.
« Montréal envisage d’émettre une carte de résident de la ville. Cela pourra permettre aux gens d’aller dans les bibliothèques, mais cela ne contribuera pas à protéger nos voisins et amis du SPVM. Au contraire, à moins que l’administration montréalaise ne prenne des mesures sérieuses à cet égard, une personne sans statut qui remet une carte portant son vrai nom à un agent du SPVM risque d’être arrêtée, remise à l’ASFC, détenue au centre de prévention de l’immigration de Laval, puis déportée », a déclaré Solidarité sans frontières.
Le nombre de Montréalais sans papiers va augmenter à mesure que les demandeurs d’asile de l’administration Trump voient leurs dossiers de réfugiés refusés, se retrouvant à choisir entre l’expulsion vers leur pays de citoyenneté ou rester au Canada sans papiers.
Source :
Solidarité sans frontières
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