C’est la conclusion à laquelle arrive le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) du Québec dans son rapport publié lundi. Selon le BAPE, cette exploitation n’est pas envisageable dans « un milieu aussi peuplé et aussi sensible que les basses terres du Saint-Laurent » et également en raison « des incertitudes qui subsistent quant aux impacts potentiels sur la qualité de l’eau des aquifères et à la capacité de l’industrie de préserver l’intégrité des puits à très long terme […] ».
Le rapport du BAPE démontre toute l’importance d’évaluations scientifiques indépendantes des projets énergétiques, soit exactement le contraire de ce qu’on voit au fédéral avec le gouvernement Harper qui a charcuté les protections environnementales et muselé les scientifiques. Le BAPE démontre également qu’il faut tourner le dos aux formes d’énergies extrêmes, comme le gaz de schiste ou le pétrole des sables bitumineux dont les impacts sont encore plus importants que les hydrocarbures dits « conventionnels ».
Des fleurs pour les citoyens, l’AQLPA et pour les scientifiques
Greenpeace félicite toutes les citoyennes et citoyens, groupes environnementaux (félicitations en particulier à l’AQLPA qui a sonné l’alarme dès 2008 et est restée au front sur cette question) et scientifiques qui se sont mobilisés pour faire reculer les gazières débarquées au Québec en cowboys avec l’aval d’un gouvernement qui, à l’époque les laissait faire.
Le BAPE vient donc de fermer la porte à l’exploration et l’exploitation des gaz de schistes au Québec. Il est maintenant temps que le gouvernement ferme cette porte à double tour et jette la clé. Évidemment, l’industrie ruera dans les brancards et fera tout en son possible pour réouvrir le dossier de l’exploitation. Mais qu’elles se le tiennent pour dit, si les gazières tentent un retour, elles buteront contre le même mur d’opposition citoyenne qui à nouveau dira « Vous n’entrerez pas chez nous ». Déjà, près de 50 000 propriétaires ont envoyé ce message aux gazières.
Plus que temps de passer à autre chose
Le rapport du BAPE est on ne peut plus clair et ne laisse aucun doute sur la nécessité pour le Québec de rejeter la filière des gaz de schiste pour plutôt développer rapidement les alternatives vertes qui existent et sont déjà accessibles : biométhane, efficacité énergétique et économie d’énergie, géothermie, solaire passif, etc.
Le Québec importe du gaz naturel par gazoduc de l’Alberta, mais également des États-Unis où les impacts sont tout aussi préoccupants que si ce gaz était exploité ici. Par souci de cohérence, le Québec doit travailler à réduire rapidement sa dépendance à cette énergie.
D’autant plus qu’avec son projet Énergie Est, TransCanada souhaite convertir un gazoduc - transportant actuellement du gaz naturel conventionnel de l’Alberta jusqu’au Québec - en oléoduc pour transporter du pétrole des sables bitumineux. Ce qui aurait comme résultat de pousser le Québec à consommer davantage de gaz de schiste des États-Unis. Cette spirale de développement est sans fin.
Voilà donc une autre bonne raison d’investir sans tarder dans les solutions qui nous sortiront de cette dépendance à l’extraction polluantes des ressources d’énergies fossiles, que celles-ci se trouvent dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique des bâtiments et de nos déplacements, la recherche ou encore une consommation plus intelligente.
Un bien plus beau projet de société auquel le BAPE vient d’ouvrir la porte en fermant celle des gaz de schiste....
Si vous ne l’avez pas encore fait, il est encore temps de signer la pétition adressée à l’Office national de l’énergie pour demander que les impacts climatiques soient pris en compte dans l’évaluation du pipeline Énergie Est de TransCanada.