Édition du 19 novembre 2024

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Europe

France

Sarkozy : xénophobie, crise capitaliste et réponse de la gauche radicale

Rédaction de A l’encontre

Parce qu’il a échoué dans sa politique sécuritaire, parce qu’il enregistre des échecs électoraux, parce qu’il entend interdire toute enquête impartiale sur des faits mettant en cause le financement de sa campagne électorale, et parce qu’il aggrave l’insécurité sociale et économique de millions de Français tout en favorisant jusqu’à la caricature les plus nantis, le président de la République et son gouvernement ont manifestement décidé d’agiter les vieux refrains des années 1930, destinés à attiser la haine contre les étrangers.

En se livrant, à quelques jours d’intervalle, à un discours discriminatoire contre les Gens du voyage et les citoyens européens que sont les Roms, puis en recherchant chez les étrangers et les personnes d’origine étrangère les causes de l’insécurité, Nicolas Sarkozy est en train de menacer les fondements mêmes de la République. Ce ne sont pas les délinquants que

Nicolas Sarkozy poursuit, ce sont les Français d’origine étrangère et les étrangers, qu’il désigne comme les boucs émissaires de tous nos maux.
Ce qui est ici en cause, ce n’est plus le débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sûreté républicaine, c’est l’expression d’une xénophobie avérée. Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun responsable politique ne détient le mandat de fouler aux pieds les principes les plus élémentaires de la République, et de désigner à la vindicte des millions de personnes.

Le président de la République et son gouvernement mettent ainsi en œuvre une stratégie de la tension, espérant sans doute retrouver un électorat perdu, au risque de mettre en péril la paix civile. »

Interrogé lors du Journal d’information de 8 heures sur France culture sur le contenu de la « guerre nationale contre les voyous » déclarée par Nicolas Sarkozy – une guerre qui lie ouvertement insécurité et immigration, délinquance et étrangers ou sans-papiers, qui place les « amis » (ses « amis ») d’un côté, les « ennemis » de l’autre – Jean-Pierre Dubois, professeur de droit constitutionnel, explique : « Monsieur Sarkozy pointe du doigt un certain nombre de boucs émissaires ; cette fois ce sont les Français qui étaient étrangers et qui ont été naturalisés. Il s’agit d’une mesure générale qui vise tous les étrangers qui ont commis certaines infractions. C’est-à-dire que lorsque deux personnes auront commis la même infraction, l’un étant Français de naissance, l’autre Français par naturalisation, les deux personnes ne seront pas traitées à égalité. Monsieur Sarkozy avait dit qu’il combattait la double peine ; il avait même prétendu l’avoir supprimée. Or, c’est une super-double peine monstrueuse qu’il propose là. Et le retrait automatique de la nationalité à une catégorie de personnes, ça n’a pas de précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Je ne sais pas si Monsieur Sarkozy se rappelle que son père a été naturalisé. Je me demande s’il n’a pas complètement oublié ses propres origines. Cette idée de faire deux catégories de Français et de faire une inégalité dans la punition face à la même infraction est absolument insupportable. Si le Parlement fait cette loi, j’espère bien que le Conseil constitutionnel l’annulera ; mais c’est dramatique pour les institutions. »

Distraire l’opinion de la relation entre la contre-réforme des retraites et l’affaire Woerth-Bettencourt, regagner du terrain électoral sur la droite extrême – au moment où Marine Le Pen monte dans les sondages ! – font certainement partie de l’attirail politico-médiatique du gouvernement Sarkozy-Fillon et du « premier cercle » des possédants de la France.

Mais cela renvoie à des traits plus généraux de la situation socio-politique en Europe : la cascade de mesures d’austérité frappant le salaire socialisé (retraites, chômage, allocations diverses, services publics effectifs…) ; les brutales restructurations d’entreprises ; la gestion très brutale de la force de travail afin d’accroître l’extraction de plus-value absolue et relative, cela dans une période de semi-stagnation de la demande finale ; tout cela exige l’affirmation d’un pouvoir fort, autoritaire et répressif.

De là la nécessité d’une compréhension, pour la dite gauche radicale, de lier aussi bien dans la pratique, l’explication que dans la formulation interactive des revendications : 1° les exigences démocratiques qui renvoient, entre autres, aux espaces nécessaires et utiles aux mobilisations protéiformes des salarié·e·s et des opprimé·e·s ; 2° les éléments propres à l’expression et à la défense des besoins socio-économiques qui se heurtent, à la fois, aux orientations des oligarchies au pouvoir et à leur système de défense d’une propriété privée de plus en plus concentrée ; 3° à partir de là, la défense et illustration d’une perspective socialiste, cela dans un contexte de crise du capitalisme international. Une crise qui débouche sur des affrontements concurrentiels durs entre firmes transnationales et « blocs économiques », avec, physiologiquement, des tendances à des basculements des centres d’accumulation du capital à l’échelle mondiale.

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